Somnolence diurne : pourquoi j'ai envie de dormir tout le temps

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La somnolence diurne correspond à un besoin irrépressible de dormir dans la journée. Elle ne doit pas être confondue avec la simple fatigue : une personne fatiguée manque d’énergie mais ne s’endort pas forcément, tandis qu’une personne somnolente lutte activement pour rester éveillée, même après une nuit apparemment suffisante.

La somnolence excessive en journée n’est pas anodine : elle peut entraîner des accidents de la route, des erreurs au travail, une baisse des performances cognitives ou être le symptôme d'une maladie sous-jacente. Il est donc important de consulter.

Envie de dormir tout le temps : un manque de sommeil

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La première cause de somnolence diurne – et la plus fréquente – est tout simplement le manque de sommeil. Alors qu’il est recommandé de dormir entre 7 et 8 heures par nuit, une personne sur trois dort moins de 6 heures (chiffres avancés par le baromètre de Santé Publique France).

Les contraintes professionnelles, le stress, mais aussi l’usage tardif des écrans (smartphone, jeux vidéo, séries…) retardent l’heure du coucher sans décaler celle du réveil. La lumière bleue des écrans inhibe également la production de mélatonine, hormone du sommeil, ce qui perturbe l’endormissement.

Résultat : une dette de sommeil s’installe, entraînant fatigue et baisse de vigilance.

Voir aussi l'article : 11 symptômes du manque de sommeil (chronique)

Voir aussi l'article : De combien d'heures de sommeil un adulte a-t-il besoin ?

Envie de dormir tout le temps : autres causes possibles

Si vous dormez correctement mais restez fatigué malgré tout, consultez un médecin. La somnolence diurne peut en effet être liée à différentes pathologies.

1. Troubles du sommeil

Certains troubles du sommeil peuvent passer inaperçus mais se manifester par une envie de dormir en journée.

  • Apnées du sommeil. Le syndrome d’apnées du sommeil correspond à des pauses respiratoires répétées durant la nuit. Elles sont provoquées par un relâchement des muscles de la gorge qui bloque temporairement le passage de l’air dans les voies respiratoires. Chaque apnée entraîne une chute du taux d’oxygène dans le sang, forçant le cerveau à déclencher un micro-réveil afin de relancer la respiration. Les apnées fragmentent le sommeil en permanence et empêchent le patient d’atteindre les phases profondes réparatrices du sommeil. Résultat : vous avez envie de dormir durant la journée. À long terme, ce trouble augmente le risque de développer des maladies cardiovasculaires, comme l’hypertension ou l’infarctus.
  • Syndrome des jambes sans repos. Le syndrome des jambes sans repos touche environ 10 % de la population, surtout les femmes. Il se caractérise par des fourmillements ou des sensations désagréables dans les membres inférieurs durant la nuit. Les jambes font même des mouvements brusques pendant le sommeil. Cela affecte la qualité du repos, avec à la clef de la fatigue en cours de journée.
  • Hypersomnie idiopathique. Les personnes concernées dorment longtemps, mais leur sommeil n’est pas réparateur. Les siestes ne reposent pas et le réveil s’accompagne souvent d’une impression d’« ivresse du sommeil ».
  • Parasomnies. Il s’agit de comportements anormaux qui surviennent pendant le sommeil, comme le somnambulisme, les cauchemars intenses ou les terreurs nocturnes. Ils sont plus fréquents chez les enfants, mais peuvent persister à l'âge adulte sous l'effet du stress ou de certaines pathologies. Même si la personne n’en garde pas toujours le souvenir, ces épisodes fragmentent le repos et réduisent sa qualité. Toutefois, leur impact sur la somnolence diurne varie d'un individu à l'autre.
  • Bruxisme nocturne. Le bruxisme est le fait de grincer des dents pendant la nuit. Cette habitude peut paraître anodine, mais ces micro-réveils répétés empêchent un sommeil profond et entraînent fatigue, maux de tête ou douleurs à la mâchoire au réveil.

Voir aussi l'article : Pourquoi je me réveille toutes les nuits à 3 ou 4 heures du matin ?

Narcolepsie : besoin irrépressible de dormir


La narcolepsie, également appelée maladie de Gélineau, est un trouble du sommeil chronique qui se caractérise par une somnolence excessive en journée et un besoin irrépressible de dormir. Les symptômes de la narcolepsie apparaissent généralement chez les adolescents ou les jeunes adultes.

Dans le cas d’une narcolepsie de type 1 (70% des cas), la crise s’accompagne d’une cataplexie : une perte de tonus musculaire soudaine et passagère généralement provoquée par des émotions agréables. La maladie est incurable mais une médication et un changement de style de vie peut permettre d’en contrôler les symptômes.

L’hypersomnie idiopathique est souvent confondue avec la narcolepsie, mais elle ne s’accompagne ni de cataplexie, ni d’anomalie de la régulation du sommeil paradoxal.

Voir aussi l'article : Fatigue intense : quelles sont les caractéristiques d’une crise de narcolepsie

2. Somnolence diurne excessive : d'autres maladies en cause

Outre les troubles du sommeil ou le manque de repos, certaines maladies peuvent également entraîner une somnolence diurne excessive. Ce symptôme peut apparaître dans le cadre de :

  • pathologies psychiatriques, comme les troubles bipolaires ou les troubles anxieux sévères, où l’on parle parfois d’hypersomnies psychogènes.
  • atteintes neurologiques : séquelles d’AVC, traumatisme crânien, tumeurs cérébrales, maladie de Parkinson, sclérose en plaques ou maladie d’Alzheimer peuvent aussi perturber la régulation du sommeil et provoquer une somnolence importante en journée.
  • système métabolique ou endocrinien : certaines affections chroniques comme le diabète, l’hypothyroïdie, la cirrhose hépatique ou une maladie rénale chronique peuvent altérer la qualité du sommeil et causer une fatigue persistante.
  • anémie : les globules rouges contiennent de l’hémoglobine, qui assure le transport de l’oxygène dans le corps. Si on produit trop peu de globules rouges ou qu’ils ne fonctionnent pas bien, le corps est mal oxygéné. On parle d’anémie.
  • infections : la mononucléose ou l’hépatite peuvent également s’accompagner d’un besoin accru de sommeil.
  • la fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique sont souvent associés à un épuisement généralisé et une somnolence non soulagée par le repos.

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Les médicaments qui donnent envie de dormir

Si vous avez envie de dormir tout le temps durant la journée, peut-être vos médicaments sont-ils en cause.  Certains médicaments peuvent provoquer une somnolence diurne importante, allant parfois jusqu’à des endormissements involontaires.

Parmi les classes de médicaments les plus souvent impliquées, on retrouve :

  1. Sédatifs et hypnotiques : Les benzodiazépines (comme le diazépam, le lorazépam et le témazépam) et les hypnotiques non benzodiazépiniques (tels que le zolpidem) sont largement utilisés pour traiter l'insomnie. Cependant, leur effet sédatif peut persister le lendemain, entraînant une somnolence diurne, une altération des fonctions cognitives et un risque accru d'accidents. Le témazépam, par exemple, peut induire une somnolence persistante et des troubles de la mémoire .
  2. Antidépresseurs : Certains antidépresseurs, notamment les tricycliques (comme la doxépine) et certains inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) tels que la paroxétine, possèdent des propriétés sédatives. Ces médicaments peuvent induire une somnolence diurne excessive, en particulier chez les personnes âgées, et sont parfois associés à des effets indésirables tels que la prise de poids et des troubles cognitifs .
  3. Anxiolytiques : les benzodiazépines sont également utilisés pour traiter l'anxiété. Comme mentionné plus haut, ils peuvent entraîner une somnolence importante, une faiblesse musculaire et des troubles de la mémoire. Chez certaines personnes, elles peuvent également provoquer des réactions paradoxales telles que l'agitation ou l'irritabilité .
  4. Antihistaminiques : Les antihistaminiques de première génération, tels que la diphénhydramine et la doxylamine, sont souvent utilisés comme somnifères en vente libre. Cependant, ils peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique et induire une somnolence diurne, des troubles de la mémoire et de la concentration, en particulier chez les personnes âgées . Les anti-histaminiques de 2e génération, bien que moins sédatifs, peuvent parfois provoquer une somnolence chez certaines personnes.
  5. Antipsychotiques et antiépileptiques : Certains antipsychotiques (comme la clozapine) et antiépileptiques (tels que la clorazépate) ont des effets sédatifs et peuvent provoquer une somnolence diurne excessive, des vertiges et des troubles cognitifs.
  6. Agonistes dopaminergiques : utilisés dans le traitement de la maladie de Parkinson.
  7. Antihypertenseurs : certains bêtabloquants peuvent induire fatigue et somnolence.
  8. Opiacés et analgésiques puissants : Les opiacés, tels que la morphine, la codéine et le tramadol, sont utilisés pour soulager la douleur, mais peuvent induire une somnolence importante, une baisse de la vigilance et des troubles de la mémoire .

Si vous prenez l'un de ces médicaments et souffrez de somnolence diurne excessive, il est essentiel d'en parler à votre médecin ou pharmacien. N'interrompez pas votre traitement sans avis médical, car certains médicaments ne doivent pas être arrêtés brusquement.

Voir aussi l'article : Somnifères avec ou sans prescription médicale : quels sont leurs effets ?

Que faire si vous avez tout le temps envie de dormir ?

La somnolence diurne n’est pas seulement une gêne : elle peut avoir des conséquences graves (accidents de la route, erreurs au travail, baisse de performance cognitive). Si vous vous sentez fatigué en journée malgré un sommeil suffisant, n’attendez pas pour en parler à votre médecin.

Le médecin commencera par un entretien clinique pour distinguer somnolence et fatigue, puis évaluera les habitudes de sommeil. Des examens spécialisés comme la polysomnographie (enregistrement du sommeil en laboratoire) ou le test de latence d’endormissement permettent de mesurer objectivement la somnolence.

Sources :
https://www.gezondheidsnet.nl
https://www.webmd.com
https://www.ameli.fr
https://www.healthline.com
https://www.sleepfoundation.org/how-sleep-works/does-daytime-tiredness-mean-you-need-more-sleep
https://www.sleepfoundation.org/physical-health/medical-and-brain-conditions-cause-excessive-sleepiness



Dernière mise à jour: août 2025

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