Syndrome REDs : signes d’un déséquilibre énergétique chez les sportifs
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De plus en plus de Belges se mettent à la course à pied. Ils enchaînent marathons, trails et triathlons. Si ces pratiques sont en principe bonnes pour la santé, elles cachent parfois un risque méconnu : le syndrome REDs (Relative Energy Deficiency in Sport ou déficit énergétique relatif dans le sport). Contrairement à ce que l’on croit, il ne touche pas seulement les athlètes de haut niveau, les amateurs assidus peuvent aussi en souffrir.
Qu’est-ce que le syndrome REDs ?

© Getty Images - Syndrome REDs
Le syndrome REDs signifie déficit énergétique relatif dans le sport. Cet état survient lorsqu'un athlète dépense plus d’énergie (entraînements, vie quotidienne, croissance, fonctionnement du corps) qu’il n’en emmagasine (alimentation, sommeil, récupération). Et ce, de manière répétée et prolongée.
Le corps doit alors s’adapter et passe en mode « économie d’énergie » : il ralentit les fonctions qui ne sont pas essentielles et lui coûtent trop d’énergie. Résultat : non seulement la performance sportive diminue, mais la santé globale est menacée. Le corps subit des changements hormonaux, l’immunité baisse, les problèmes digestifs et cardiovasculaires peuvent survenir. La santé mentale peut aussi être impactée.
En 2014, le Comité International Olympique a officialisé ce syndrome, qui va bien au-delà de l’ancienne notion de « triade de l’athlète féminine » (troubles alimentaires, absence de règles, fragilité osseuse).
REDs et syndrome de surentraînement
Le REDs et le syndrome de surentraînement présentent de nombreux symptômes communs. Mais leur cause est différente.
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Qui peut être touché par le syndrome REDs ?
Le REDs concerne :
- Hommes et femmes (les femmes restent environ 4 fois plus à risque, mais les hommes ne sont pas épargnés).
- Jeunes et adultes : les adolescents sont particulièrement vulnérables car leur corps est encore en croissance et a des besoins énergétiques plus importants.
- Sportifs amateurs comme professionnels : des études montrent que jusqu’à 60 % des athlètes présentent au moins un signe de REDs.
Certains sports augmentent le risque :
- Les sports d’endurance qui ont des besoins énergétiques très importants : course à pied, cyclisme, triathlon, ski de fond…
- Les sports qui ont des exigences esthétiques physiques importantes (minceur) : gymnastique, danse, patinage artistique…
- Les sports qui imposent des catégories de poids : aviron, judo, boxe, haltérophilie…
- Les sports gravitationnels : escalade, équitation, saut à ski…
Les sports qui accordent beaucoup d’importance au poids, à la minceur ou à la performance sont les plus en cause. Les athlètes s’imposent souvent des régimes restrictifs pour répondre aux exigences requises. Résultat, ils sont sous-alimentés et peuvent développer des troubles alimentaires.
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Les symptômes du syndrome REDs

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Le REDs touche de nombreux systèmes du corps. Les symptômes d’alerte les plus fréquents sont :
- Hormones : cycles menstruels absents, irréguliers ou retardés chez les femmes ; baisse de libido chez les hommes.
- Fatigue inhabituelle et baisse des performances sportives (force, endurance, etc.).
- Blessures à répétition : fractures de fatigue, entorses, infections plus fréquentes.
- Problèmes de croissance et retard pubertaire chez les jeunes.
- Perte de poids inexpliquée.
- Troubles psychologiques : irritabilité, baisse de motivation, déprime, manque de concentration.
- Autres signes possibles : perte de cheveux, troubles digestifs, sensation de froid, rythme cardiaque ralenti.
Ces symptômes ne sont pas toujours spectaculaires, mais leur accumulation doit pousser à consulter.
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Quels sont les dangers du syndrome REDs ?
Un REDs non traité peut impacter le corps à de nombreux niveaux :
- La santé des os est fragilisée : risque de fractures de fatigue ou d’ostéoporose précoce.
- Le système cardiovasculaire est en danger : rythme cardiaque ralenti, pression artérielle basse…
- Le fonctionnement de la thyroïde se dérègle.
- Le système immunitaire s’affaiblit : maladies et infections à répétition.
- La santé mentale se détériore : anxiété, dépression, perte de plaisir sportif.
Que faire en cas de syndrome REDs ?
Si vous vous reconnaissez dans certains de ces symptômes, le premier réflexe est d’en parler à un médecin généraliste ou un médecin du sport.
La prise en charge est souvent interdisciplinaire : médecin, kiné, diététicien, psychologue du sport, coach. L’objectif est double :
- Rééquilibrer la balance énergétique (adapter l’alimentation, revoir les plans d’entraînement).
- Préserver la santé mentale en évitant la pression ou la culpabilité liées à l’alimentation et à la performance.
Dans certains cas, un arrêt ou une réduction temporaire de l’entraînement est nécessaire pour permettre au corps de récupérer.
Peut-on prévenir le syndrome REDs ?
Oui, et cela commence par l’éducation des sportifs et des entraîneurs. Quelques conseils pratiques :
- Adaptez vos apports alimentaires à votre volume d’entraînement.
- Ne négligez pas les glucides et les graisses, essentiels à l’énergie et aux hormones.
- Intégrez des phases de récupération suffisantes entre les entraînements.
- Évitez les régimes restrictifs ou les exclusions alimentaires injustifiées.
- Écoutez votre corps et apprenez à repérer les signaux qu’il vous envoie : fatigue inhabituelle, baisse de motivation, blessures répétées.
Sources :
https://www.medicalnewstoday.com
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov