Accident de la route : ne restez pas seul face au choc émotionnel
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Accident de la route : ne restez pas seul face au choc émotionnel
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Au-delà des blessures physiques, un accident de la route peut provoquer un vrai choc psychologique. Victimes, témoins ou proches, chacun peut être impacté. En Wallonie, le service d’Accompagnement des Victimes de la Route (AVR) de l’Agence wallonne pour la Sécurité routière (AWSR) offre un soutien gratuit à ceux qui traversent cette épreuve.
Entretien avec Laura Collart, psychologue au sein du service.
Laura Collart, psychologue au sein du service d’Accompagnement des Victimes de la Route (AVR)
Notre service accompagne toutes les personnes touchées, directement ou indirectement, par un accident de la route ayant entrainé des dommages corporels et/ou un décès : victimes, familles, responsables, témoins. Nous offrons aussi bien un soutien psychologique pour affronter l’impact émotionnel de l’accident qu’un accompagnement juridique pour faciliter les démarches juridiques et d’assurance.
Après un accident, on peut avoir l’impression de ne plus se reconnaître
« Il est normal de ressentir de nombreuses émotions après un accident », commence Laura Collart. « L’accident est un choc violent qu’il faut digérer. Certains sont notamment confrontés à la peur d’avoir frôlé la mort. »
« Chacun réagit différemment, mais on retrouve des réactions communes chez de nombreuses personnes : flash-back, cauchemars, ruminations, perte de concentration et de mémoire, irritabilité, culpabilité, pleurs. Certaines personnes développent aussi des comportements d’évitement, en refusant de conduire ou même de quitter leur domicile. Toutes ces réactions peuvent donner l’impression à la personne de perdre pied, de ne plus se reconnaitre et de basculer dans la folie.»
« Ce sont des réactions normales face à un événement anormal », précise la psychologue. « Ces symptômes sont généralement temporaires. Cependant, s’ils persistent au-delà de 6 à 8 semaines et vous empêchent de fonctionner au quotidien, ils peuvent indiquer un stress post-traumatique et justifier une aide psychothérapeutique. »
Victime, témoin ou responsable : tout le monde peut être touché
L’onde de choc d’un accident ne se limite pas aux victimes. Les témoins, les proches et les personnes ayant causé l’accident peuvent aussi être confrontés à un potentiel traumatisme. Et contrairement aux idées reçues, l’impact psychologique n’est pas proportionnel à la gravité de l’accident : « même un accident mineur peut provoquer un choc émotionnel important si la personne a eu peur pour sa vie ou celle d’un proche », explique Laura Collart.
« À l’AWSR, nous accompagnons non seulement les victimes, leurs proches et les témoins, mais aussi les personnes qui ont causé l’accident. Certaines personnes souffrent d’avoir facilité l’accident par leur comportement, d’avoir causé du tort à autrui et subissent elles-mêmes les conséquences de ce dernier. »
Un enfant impliqué dans un accident de la route, quel que soit son âge, peut également vivre des répercussions psychologiques. « Lorsqu’un enfant adopte des comportements qu’il n’avait pas avant l’accident, que vous le trouvez différent, replié sur lui-même, plus émotif, ce sont des signes que cet événement l’a grandement bouleversé. Les changements de comportement sont des indices que votre enfant a besoin d’un coup de pouce pour exprimer ce qu’il garde sur le cœur et à l’esprit. » explique Laura Collart.
Qu’est-ce qui peut aider après un accident ?
Le fait d’être écouté, compris, bien informé, bien accompagné, selon les cas, autant au niveau psychologique que dans les démarches juridiques aide à éviter que le traumatisme ne s’installe.
« Pouvoir mettre des mots sur ce qu'on traverse est essentiel », continue Laura Collart. « Parler de ce qu’on a vécu à son entourage est une chose et c’est déjà bénéfique. Toutefois, parler rapidement à un professionnel tel qu’un psychologue après un accident permet de déposer ce que l’on vit dans un espace sécurisé et neutre, avant que les réactions de stress ou de choc ne s’installent ».
Il est également important de se reconnecter à soi et à ses émotions. « Après un accident, on fonctionne souvent en pilote automatique parce qu’il faut remplir des papiers, être auditionné par la police, contacter l’assurance… On peut être amené à se détacher de soi-même et de ce que l’on ressent. Difficile alors de traiter le choc... Il faut pouvoir sortir de ce mode de pilote automatique et conscientiser : de quoi ai-je besoin là tout de suite ? De parler à quelqu’un, de m’asseoir pour boire un café, de faire du sport ou simplement de pleurer si le besoin s’en fait sentir ?
Qu’est-ce qui n’aide pas après un accident ?
Certaines réactions ou situations peuvent accentuer la détresse après un accident. La psychologue évoque le risque de victimisation secondaire, qui survient lorsque la personne se sent une « deuxième fois victime » : d’abord de l’accident lui-même, puis des circonstances de l’après, souvent involontaires. Cela peut se produire par exemple lorsqu’une victime de la route reçoit une convocation à la police pour son audition « en qualité de suspect » : « Le choc pour la personne, surtout pour la victime, c’est de se dire : je me pensais victime et là je me retrouve face à quelqu’un qui me dit que je pourrais avoir joué un rôle actif dans cet accident ».
La victimisation secondaire peut également se produire dans les interactions avec l’entourage. Lorsqu’une personne souhaite parler de ce qu’elle ressent et que son entourage répond par des phrases comme « ça fait six mois, maintenant il faut que tu passes à autre chose », cela peut renforcer le sentiment d’incompréhension et d’isolement.
« Être reconnu dans ce que l’on vit, c’est une première base de sécurité quand tout devient incertain », conclut la psychologue. Il est donc important que les proches restent à l’écoute, sans juger.
Quand demander de l’aide après un accident ?
« Chaque personne réagit à son rythme, mais on considère qu’il faut consulter un psychothérapeute quand les réactions – cauchemars, anxiété, irritabilité, évitement de la route… – se prolongent au-delà de 6 à 8 semaines ou quand la personne ne se reconnaît plus », réitère Laura Collart. Mais il n’y a pas de délai strict : « Dès que vous en ressentez le besoin, qu’importe le temps écoulé depuis l’accident, il est important de demander de l’aide. »
L’entourage peut aussi jouer un rôle clé. Mais il est important d’ouvrir le dialogue avec bienveillance : « Je suis inquiète pour toi parce que je vois que c’est compliqué. Veux-tu qu’on t’aide à trouver quelqu’un à qui en parler ? ». Ces observations permettent de signaler à la personne que quelque chose a changé dans son quotidien et qu’un accompagnement pourrait être utile.
Quelles approches thérapeutiques ?
Plusieurs méthodes ont fait leurs preuves pour accompagner les personnes traumatisées par un accident. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et la désensibilisation et reprogrammation par les mouvements oculaires (EMDR) sont particulièrement efficaces. D’autres techniques, comme l’intégration des cycles de vie (ICV) ou l’hypnose, peuvent également être utiles selon les besoins et les préférences de chacun.
« Le plus important, c’est de se sentir en sécurité avec son thérapeute, qu’elle que soit son approche, et de pouvoir faire ce travail en confiance », souligne Laura Collart. L’accès à un professionnel proche géographiquement ou joignable par visioconférence peut faciliter l’accompagnement, surtout lorsque l’accident a entraîné des difficultés à se déplacer.
Accompagnement par le service AVR : un appel suffit pour être écouté
« Notre service est là pour vous écouter, vous soutenir et vous orienter vers les ressources les plus adaptées, quelle que soit l’étape du parcours dans laquelle vous vous trouvez. »
Lorsqu’une personne contacte l’AWSR, une psychologue ou une juriste prend le temps d’écouter la demande et d’évaluer ses besoins. « Les entretiens se font par téléphone pour que chacun puisse parler dans un cadre sécurisant, sans devoir se déplacer », détaille Laura Collart. « Du côté psychologique, nous commençons par entendre la personne, par l’aider à mettre des mots sur ce qu’elle ressent et lui expliquer que ses réactions sont normales. Ensuite, selon ses besoins, nous proposons un ou plusieurs entretiens ou bien nous l’orientons vers un thérapeute spécialisé. »
« Notre service offre à la fois un soutien psychologique et un accompagnement juridique. Mes collègues juristes informent les personnes dans le cadre des procédures d’indemnisation, juridiques ou avec les assurances. En cas de besoin, elles peuvent également effectuer certaines démarches et prendre contact avec des intervenants professionnels. »
En parler, c’est déjà se réparer
Un accident de la route bouleverse une vie en un instant. Mais il est possible d’en sortir, à condition de ne pas rester seul. L’aide existe, et elle commence souvent par un simple appel. « Chez AVR, nous ne fermons jamais un dossier. Si une personne nous recontacte des mois ou des années plus tard, on est là », conclut la psychologue Laura Collart.
Vous avez besoin d’aide après un accident de la route ?
Si vous avez été blessé ou avez perdu un proche, les juristes et psychologues de l’AWSR vous accompagnent gratuitement dans vos démarches.
081/821 321
avr@awsr.be
www.awsr.be/avr
Source: Interview de Laura Collart, psychologue au sein du service d’Accompagnement des Victimes de la Route (AVR)
Dernière mise à jour: novembre 2025
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