Le chou peut-il aider à faire baisser sa tension artérielle ?

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Pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires, il faut manger plus de légumes. C’est un conseil scientifiquement étayé. Mais ce sont surtout les légumes crucifères qui ont un effet hypotenseur, mais ils sont encore trop peu présents dans nos assiettes…

Que sont les légumes crucifères ?

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© Getty Images

Les légumes crucifères, communément appelés choux, comprennent la roquette, le brocoli, les choux de Bruxelles, le chou blanc, le chou-fleur, le chou frisé, le raifort, les radis, les navets, le cresson et le bok choy. « Bien que ces légumes soient largement consommés dans le monde entier, les crucifères ne représentent généralement qu'une petite partie de l'apport total en légumes (5 à 24 %) dans l'alimentation occidentale. C'est vraiment dommage. Des recherches antérieures ont déjà démontré leurs propriétés anticancéreuses, mais aussi leurs bienfaits exceptionnels pour la santé cardiovasculaire », explique le Dr Eric De Maerteleire, auteur notamment de plusieurs livres sur la nutrition.

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Plus on consomme de chou, moins on risque de maladies cardiovasculaires ?

Dr. Ir. De Maerteleire : « Une méta-analyse dose-réponse d’études de cohortes prospectives a montré que la consommation de légumes crucifères était inversement proportionnelle au risque de maladies cardiovasculaires. Ce lien a été clairement observé en mesurant des produits de dégradation très spécifiques du chou (notamment les thiocyanates) dans l’urine. Plus la concentration de ces produits est élevée, plus le risque de maladies cardiovasculaires est faible. » 

Dr Ir. De Maerteleire : « Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le mécanisme exact, mais l’hypertension est le principal facteur de risque des maladies cardiovasculaires, dont la prévalence augmente avec l’âge. Il a été démontré que les glucosinolates abaissent la pression artérielle chez les animaux, et on les trouve presque exclusivement dans les légumes crucifères. Ces composés auraient des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire, tels qu’une réduction de l’indice glycémique, une amélioration de la fonction endothéliale (endothélium = paroi interne des vaisseaux sanguins) et une diminution de la formation et de la progression des plaques d’athérosclérose (obstruction des artères). De plus, les légumes crucifères contiennent également plusieurs autres composants qui influencent la pression artérielle, comme les nitrates et la vitamine K. »

Existe-t-il des études sur l’homme qui confirment l’effet des choux ?

Dr Ir. De Maerteleire : « Peu d’études d’intervention ont été menées chez l’humain pour étudier les effets des légumes crucifères sur les facteurs de risque cardiovasculaires, comme l’hypertension artérielle. Des chercheurs australiens ont souhaité explorer cette question et ont lancé une étude, l’étude « VEgetableS for vascular hEaLth (VESSEL) », afin de déterminer si la consommation quotidienne de légumes crucifères entraînait une baisse de la pression artérielle systolique brachiale sur 24 heures chez des adultes d’âge moyen et des personnes âgées présentant une légère hypertension. » 

On a servi aux participants une soupe à base de chou, ainsi qu'une soupe témoin à base de pommes de terre, de carottes et de potiron. L'apport calorique était exactement le même dans les deux cas. 

Les participants ont suivi deux interventions diététiques de deux semaines dans un ordre aléatoire, réparties comme suit : 

  1. Intervention active : quatre portions (~300 g/jour) de légumes crucifères (brocoli, chou frisé, chou-fleur et chou blanc) sous forme de deux soupes : une au déjeuner et une au dîner (~600 ml de soupe/jour, ~600 kJ/jour).
  2. Intervention de contrôle (témoin) : quatre portions (~300 g/jour) de légumes racines et de citrouille (pomme de terre, patate douce, carotte et citrouille) sous forme de deux soupes : une au déjeuner et une au dîner (~600 ml de soupe/jour, ~600 kJ/jour).

Les chercheurs ont constaté que la consommation quotidienne de soupe à base de légumes crucifères entraînait une réduction de la pression artérielle systolique de 2,5 mmHg par rapport à la consommation de carottes et de citrouilles. 

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Est-ce un résultat significatif ?

Dr. Ir. De Maerteleire : « Absolument. Une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés portant sur des interventions pharmacologiques a démontré qu’une réduction de 5 mmHg de la pression artérielle systolique diminue le risque d’événements cardiovasculaires majeurs d’environ 10 %. Par conséquent, une réduction de 2,5 mmHg résultant d’une consommation accrue de légumes crucifères pourrait entraîner une diminution de 5 % du risque d’événements cardiovasculaires majeurs. »

C’est une nouvelle intéressante, mais il faut aussi rappeler qu’une consommation accrue de légumes variés présente de nombreux bienfaits pour la santé grâce à leur richesse en vitamines, minéraux et autres composés bioactifs. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si des recommandations ciblées visant à augmenter la consommation de légumes crucifères dans le cadre d’une alimentation saine peuvent contribuer à réduire davantage le risque de maladies cardiovasculaires.

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Faut-il alors manger davantage de choux ?

Dr. Ir. De Maerteleire : « Le chou mérite assurément une place de choix dans notre alimentation quotidienne. Essayez d’en consommer au moins 300 grammes par semaine, et en automne et en hiver, préparez une soupe consistante au brocoli ou au chou-fleur. »

Sources :
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Eric De Maerteleire – Veroudering afremmen via voeding – Lang jong en gezond blijven. Manteau, augustus 2024
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auteur : Sofie Van Rossom - journaliste santé

Dernière mise à jour: novembre 2025

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