Lupus chez la femme : symptômes et risques accrus de maladies

dossier Environ 9 diagnostics de lupus sur 10 concernent des femmes âgées de 15 à 44 ans. La maladie provoque des symptômes très variés de qui complique le diagnostic. Si vous souffrez de lupus, votre risque de développer d'autres problèmes de santé courants chez les femmes, comme les maladies cardiaques et l'ostéoporose, est plus élevé. 

Qu’est-ce que le lupus ?

Le lupus érythémateux systémique (LES) est une maladie auto-immune : cela signifie que le système immunitaire, censé protéger l’organisme contre les attaques extérieures, se retourne contre ses propres tissus. Dans le cas du LES, cette réaction inflammatoire peut toucher les articulations, la peau, les reins, le cœur, les poumons, les vaisseaux sanguins, le cerveau, etc.

Ses symptômes sont donc très variés. Ils évoluent généralement par poussées suivies de périodes de rémissions.

Voir aussi l'article : LES : Qu'est-ce que le lupus érythémateux systémique et à quoi le reconnaît-on ?

Les femmes principales victimes du lupus

© Getty Images

Environ 80 % des personnes atteintes de maladies auto-immunes sont des femmes. En ce qui concerne le lupus, les chiffres grimpent encore : jusqu’à 90 % des patientes sont des femmes en âge de procréer. 

Les femmes afro-américaines sont trois fois plus susceptibles de développer un lupus que les femmes blanches. Le lupus est également plus fréquent chez les femmes hispaniques, asiatiques et amérindiennes.

Les femmes afro-américaines et hispaniques développent généralement le lupus plus tôt et présentent des symptômes plus graves.

Voir aussi l'article : Tout ce qu’il faut savoir sur les maladies auto-immunes

Lupus chez la femme : quelles causes ?

Les causes précises du lupus ne sont pas encore entièrement élucidées, mais la génétique et des facteurs environnementaux (soleil, stress, infections virales, tabagisme, etc.) semblent jouer un rôle.

Selon des recherches récentes, la prédisposition du lupus chez la femme pourrait résulter d’une combinaison de facteurs génétiques (le fait d’avoir deux chromosomes X) ainsi que d’un processus cellulaire qui leur est propre : 

Les femmes ont deux chromosomes X, contre un seul chez les hommes. Or, le chromosome X contient de nombreux gènes liés à l’immunité. Pour éviter une double dose de ces gènes, un des deux chromosomes X est normalement désactivé dans chaque cellule du corps grâce à une molécule appelée Xist. Mais cette désactivation peut être imparfaite et dysfonctionner.

Résultat : certaines protéines issues de ce chromosome X mal désactivé sont perçues comme des « ennemies » par le système immunitaire, surtout si la cellule est abîmée par le stress, l’âge ou une infection.

Les hormones féminines peuvent également jouer un rôle dans la survenue des poussées de lupus. En effet, les oestrogènes stimulent le système immunitaire, ce qui aide à mieux combattre les infections, mais renforce également les réactions auto-immunes. Le cycle menstruel, la grossesse, la ménopause et les contraceptifs hormonaux contenant des oestrogènes peuvent avoir un impact sur l’apparition des poussées de lupus. 

Voir aussi l'article : Pourquoi les femmes ont-elles un meilleur système immunitaire ?

Premiers symptômes du lupus chez la femme

Le lupus se manifeste par des symptômes variés et très différents d'une personne à l'autre. Les premiers signes de la maladie chez la femme peuvent être : 

• Fatigue intense et persistante : une fatigue extrême est un signe précoce de lupus. Il ne s'agit pas seulement d'une fatigue régulière, mais d'un épuisement constant qui persiste malgré un sommeil suffisant. L’épuisement peut perturber les activités du quotidien. Il se manifeste chez 90 % des patients.
• Articulations gonflées et douloureuses : les douleurs articulaires sans cause sont souvent un signe précurseur du lupus. Elles touchent souvent les petites articulations (doigts, poignets, genoux et peuvent s’accompagner de gonflements et de raideurs. Elles peuvent être confondues avec de l’arthrite.
• Éruptions cutanées : chez la femme, un symptôme courant du lupus chez la femme est une éruption cutanée sur le visage en forme de masque de loup (le nez et les joues). Mais elles peuvent aussi survenir sur d’autres parties du corps. Des plaques rouges peuvent notamment apparaître dans les zones exposées au soleil.
• Fièvre inexpliquée : fièvre légère à modérée, sans cause identifiable.
• Perte de cheveux (alopécie) : il ne s'agit pas d'une chute de cheveux habituelle. Les cheveux peuvent tomber par plaques, devenir clairsemés sur toute la tête. Dans certains cas, les cheveux deviennent cassants.
• Aphtes : l'apparition soudaine de plaies ou d'ulcères dans la bouche ou le nez, peuvent être un signe de lupus.
• Photophobie : l’exposition au soleil ou à la lumière peut provoquer des éruptions cutanées, de la fièvre, de la fatigue ou des douleurs articulaires chez certaines personnes atteintes de lupus.
  
  

© Getty Images - Douleurs thoraciques, essoufflement

Mais le lupus peut également se manifester par d’autres symptômes selon les organes touchés.

• Reins : présence de protéine et/ou de sang dans les urines, par de la rétention d’eau ou par de l’hypertension artérielle.
• Cerveau : maux de tête, étourdissements, perte de mémoire, changements d’humeur, anxiété, dépression.
• Coeur et poumons : douleurs thoraciques, essoufflement, ainsi qu’un risque accru de thromboses, d’hypertension artérielle et de maladies cardiaques.
• Digestion : perte d’appétit, nausées, douleurs abdominales.

Voir aussi l'article : Quels sont les signes avant-coureurs d’une crise cardiaque ?

Lupus chez la femme : un risque accru de développer d’autres maladies

Chez la femme, le lupus peut favoriser l'apparition précoce d’autres problèmes de santé : 

• Maladies cardiaques : en plus de l’inflammation du muscle cardiaque ou des artères causée par le dysfonctionnement immunitaire, les femmes atteintes de lupus présentent davantage de facteurs de risques de maladies cardiaques (hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète de type 2, manque d’activités physiques). Une étude a révélé que les femmes atteintes de lupus étaient 50 fois plus susceptibles de souffrir de douleurs thoraciques ou d'une crise cardiaque que les autres femmes du même âge.
  
  
• Ostéoporose : les femmes atteintes de lupus ont un risque accru d'ostéoporose. Les médicaments contre le lupus, notamment les corticostéroïdes, peuvent aggraver la perte de densité osseuse. Cette perte peut conduire à l'ostéoporose, une maladie qui touche davantage les femmes que les hommes.
   
• Maladie rénale : la néphrite lupique est une complication fréquente et grave du lupus. Le système immunitaire s’attaque aux reins et provoque une inflammation qui peut mener à une insuffisance rénale. Cette complication représente 50 % des cas de lupus et touche aussi bien les femmes que les hommes. 

Les Afro-Américaines atteintes de lupus sont également plus sujettes aux crises d'épilepsie , aux accidents vasculaires cérébraux et à un gonflement cardiaque dangereux.

Voir aussi l'article : Insuffisance rénale chronique : quels sont les symptômes des lésions aux reins ?

Lupus chez la femme enceinte

Le lupus n’est pas incompatible avec une grossesse, à condition que la maladie soit bien contrôlée depuis plusieurs mois. 

Chez la femme atteinte de lupus, la grossesse favorise la survenue de nouvelles poussées de la maladie. Elle peut également augmenter le risque de complications, telles que l'hypertension artérielle, la prééclampsie, l'accouchement prématuré, la fausse couche, la césarienne d'urgence, les hémorragies après l'accouchement ou la formation de thrombose veineuse sont également des complications possibles. 

Si vous souffrez de lupus et envisagez de tomber enceinte, consultez votre médecin. Votre grossesse sera étroitement surveillée pour éviter la survenue de complications.

Voir aussi l'article : Lupus et grossesse : quelles précautions ?

Lupus et contraception hormonale de la femme

Parlez toujours de votre lupus au gynécologue avant de vous faire prescrire un contraceptif. Les contraceptifs qui contiennent des oestrogènes peuvent aggraver la maladie et augmenter les risques cardiovasculaires et de thromboses veineuses. Les progestatifs sont plus adaptés aux femmes atteintes de lupus. 

Traitement du lupus

Si le lupus ne se guérit pas encore, des traitements comme l’hydroxychloroquine, les corticoïdes ou d’autres immunosuppresseurs permettent aujourd’hui de réduire les poussées et d’améliorer la qualité de vie des patients. 

Chez certains patients dont le lupus reste actif malgré ces traitements, de nouvelles biothérapies ciblées peuvent être utilisées, comme le belimumab ou l’anifrolumab, qui agissent plus spécifiquement sur les cellules du système immunitaire impliquées dans la maladie. 

D’autres approches innovantes sont encore à l’étude, notamment les thérapies cellulaires visant à rééduquer le système immunitaire.

Voir aussi l'article : Mon histoire : vivre avec le lupus

Gérer le lupus : soigner son hygiène de vie

Pour mieux gérer le lupus, une bonne hygiène de vie est essentielle : 

• Protégez-vous contre le soleil : l'exposition aux UV (directe ou indirecte) peut causer des éruptions cutanées du lupus et déclencher une poussée. Mettez de la crème SPF 50, un chapeau, des lunettes de soleil.
• Arrêtez de fumer : le tabac aggrave l’évolution du lupus et peut diminuer l’efficacité du traitement.
• Mangez équilibré en limitant les sucres, le sel, les graisses saturées et tous les aliments transformés. La luzerne et l’ail peuvent provoquer des poussées.
• Surveillez votre poids : maintenir un poids santé permet de limiter les risques de complications liées au lupus, comme l'hypertension et le diabète. 
• Restez active : pour prévenir la perte osseuse et les complications du lupus, pratiquez une activité physique (marche, vélo, natation) lors des phases de rémission. Demandez conseil à votre médecin.
• Dormez suffisamment : le manque de sommeil peut exacerber les symptômes du lupus. 
• Évitez le stress : pratiquer la relaxation, le yoga, la méditation peut vous y aider.
  
  

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Sources :