15 questions sur la maladie cœliaque (intolérance au gluten)

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La maladie cœliaque, souvent appelée intolérance au gluten, est une maladie auto-immune de l’intestin déclenchée par une hypersensibilité au gluten. 

Le gluten est présent dans les protéines issues de nombreuses céréales. Parmi elles, le blé, le seigle, l’orge, l’épeautre ou encore l’avoine. Des aliments consommés au quotidien comme le pain, les gâteaux et les pâtes contiennent donc du gluten. Chez les personnes atteintes de la maladie cœliaque, la paroi interne de l'intestin grêle se détériore au contact du gluten. L’affection provoque différents symptômes digestifs et des maux de ventre. À la longue, la paroi intestinale peut subir de graves dommages, ce qui entrave l’assimilation des nutriments.

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La maladie cœliaque a été découverte au milieu du vingtième siècle par le pédiatre néerlandais W.K. Dicke. Pendant l’« hiver de la faim » de 1944, il a constaté que l’état d’un groupe d’enfants atteints de retard de croissance et de diarrhée chronique s’était amélioré alors qu’ils consommaient simplement de la soupe de carottes et des betteraves fourragères. Leur condition s’était à nouveau aggravée après qu’ils aient mangé du pain blanc suédois largué par avion. Il a ainsi compris qu’un composant du pain était à l’origine des problèmes de santé de ces enfants.   


15 questions pour comprendre la maladie cœliaque

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1. La maladie cœliaque est-elle fréquente ?

Selon les estimations, une personne sur 100 ou 200 souffrirait de la maladie cœliaque. En Belgique, cela représente 55.000 personnes. Sur ces 55.000 potentiels malades, 50.000 ignorent leur condition. Les symptômes étant souvent vagues, l'intolérance au gluten n'est pas facilement identifiée.

2. Quels sont les symptômes d’une intolérance au gluten ou maladie cœliaque ?

Les symptômes surviennent après l’ingestion d’aliments contenant du gluten mais ils varient selon les personnes. Certains enfants ne présentent d’ailleurs parfois que peu ou pas de symptômes durant une longue période. C’est une des raisons pour lesquelles la maladie cœliaque est difficilement détectée ou diagnostiquée tardivement.

Les symptômes possibles sont les suivants : diarrhée, vomissements, maux de ventre, ballonnements, constipation, perte de poids, retard de croissance.

On associe aussi la maladie coeliaque à l’anémie, à l’ostéoporose, à la fatigue chronique, à des carences en vitamines, à des troubles hépatiques, à un retard de puberté ainsi qu’à certaines formes d’épilepsie, aux aphtes, aux malformations des dents et aux affections cutanées chroniques accompagnées de démangeaisons (dermatite herpétiforme).

La maladie cœliaque s’accompagne parfois d’autres maladies du système immunitaire, comme les problèmes de thyroïde et le diabète de type 1.

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3. Quelles sont les conséquences de la maladie cœliaque ?

Les villosités intestinales sont des replis de la muqueuse qui assurent l’assimilation des nutriments par l’intestin. Lorsque la maladie coeliaque les détériore, leur disparition engendre des carences. Les glucides et les lipides n’étant pas bien assimilés, le patient manque d’énergie. S'ensuit un éventuel retard de croissance ainsi que des carences en fer, calcium et vitamines. Ces carences provoquent de l’anémie et de l’ostéoporose. Les dégâts s’étendent parfois à d’autres organes, comme le cœur, le cerveau ou la peau. À long terme, d’autres problèmes peuvent se présenter : fatigue chronique, infertilité, problèmes de grossesse et, dans de très rares cas, un cancer de l’intestin grêle. 

4. À quel âge surviennent les premiers symptômes de la maladie ?  

L’âge auquel les premiers symptômes se manifestent est très variable. La maladie cœliaque peut survenir à tout âge mais elle débute généralement dès la première année de vie, lors de l'introduction du gluten dans l'alimentation. Chez les bébés, l’intolérance au gluten se manifeste par des ballonnements, un manque d’appétit, de la diarrhée et des vomissements. Ils accusent un retard de croissance et de poids, ont des fesses minces et plates, un ventre rond et des bras et des jambes fins. Ils pleurent beaucoup. Leurs selles sont souvent malodorantes, grasses et mousseuses.

Chez de nombreuses personnes, la maladie n’est diagnostiquée qu’à un âge plus avancé, par exemple suite à une infection, à un changement d’habitudes alimentaires ou après une grossesse.

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5. Comment la maladie cœliaque se développe-t-elle ? 

La cause exacte de la maladie cœliaque est encore inconnue, mais on sait qu’il existe une prédisposition génétique. Presque tous les patients (90%) présentent une anomalie spécifique du chromosome 6 (HLA-type DQ2) et les autres ont presque toujours une anomalie de type DQ8. Toutefois, ce défaut ne suffit pas à lui seul pour déclencher la maladie car ces variants génétiques apparaissent auprès de 30 à 40% de la population et tous les porteurs de cette anomalie ne souffrent pas de cœliaquie. Il faut donc qu’il y ait un autre facteur déclenchant.

En cas de prédisposition génétique, le corps se met à produire des anticorps contre le gluten qu’il considère comme une menace. Ces anticorps s’attaquent également à l’organisme, plus précisément à une enzyme présente dans les cellules de la muqueuse intestinale. La réaction inflammatoire qui s'ensuit entraîne la mort accélérée des cellules de la muqueuse. Le corps n’étant pas en mesure de produire de nouvelles cellules suffisamment vite, les villosités disparaissent (atrophie villositaire). En général, l’atrophie ne touche pas la totalité de l’intestin grêle mais sa première partie est systématiquement affectée.

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  • 6. Qui présente un risque accru de maladie cœliaque ? 

    Les membres de la famille d’une personne atteinte de coeliaquie sont plus exposés que la moyenne. Parmi les proches qui ne déclarent pas de symptômes, un grand nombre d’entre eux est considéré comme ayant une prédisposition à la maladie.
  • L’intolérance au gluten est deux à trois fois plus fréquente chez les femmes.
  • La maladie cœliaque est plus fréquente chez les personnes souffrant d’autres pathologies auto-immunes comme le diabète de type 1 et certaines maladies thyroïdiennes. Les patients atteints du syndrome de Down, du syndrome de Turner et du syndrome de Williams sont également plus exposés.

7. Est-il utile de dépister les proches parents des patients cœliaques ?  

La maladie cœliaque est plus fréquente chez les proches de personnes atteintes. Dans la mesure où cette maladie peut entraîner de graves complications (ostéoporose, anémie, troubles de la croissance), il est judicieux de soumettre les membres de la famille au premier degré (parents, enfants, frères et sœurs) à un test sanguin, même s’ils ne présentent pas encore de symptômes. S’ils présentent une prédisposition génétique mais n’ont pas d’anticorps, il n’est pas nécessaire d’intervenir mais il est conseillé de répéter l’examen après quelques années.

En cas de symptômes, un test sanguin doit impérativement être effectué. De cette manière, un régime sans gluten peut être mis en place de manière précoce afin d’éviter toute complication. On conseille souvent un dépistage de la maladie cœliaque chez les enfants atteints des syndromes de Down ou de Turner, dès leur première année de vie.

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8. Diagnostic : comment dépister la maladie cœliaque ?  

  • L’analyse sanguine constitue la première étape du dépistage de la cœliaquie : elle révèle la présence d’anticorps spécifiques ainsi que les variants génétiques héréditaires. Il semble que la présence de gènes HLA-DQ2 et/ou DQ8 puisse favoriser le développement de la maladie cœliaque. Il faut continuer à consommer du pain et d’autres aliments contenant du gluten durant les mois précédant la prise de sang, afin de déterminer s’il s’agit bien de cœliaquie.
  • Examen de la muqueuse intestinale : on procède à un prélèvement de tissus de la muqueuse à l’aide d’un endoscope, un tube fin et flexible. Si l’analyse des tissus révèle la disparition ou la détérioration des villosités intestinales, la maladie cœliaque est confirmée. On n’effectue plus cet examen sur les enfants présentant des facteurs héréditaires ainsi que des symptômes caractéristiques de la maladie et des examens sanguins répétés affichant des taux suffisamment élevés d’anticorps.
  • Les symptômes liés à la maladie cœliaque, tels que l'anémie, la densité osseuse, les carences en vitamines, etc. sont également examinés. Chez les enfants, par exemple, la courbe de croissance (taille et poids) doit être analysée.

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En Belgique, une biopsie de l'intestin grêle reste nécessaire pour obtenir le remboursement des aliments propres à un régime sans gluten. La mutuelle intervient à concurrence de 38 euros par mois (en 2023). Les patients souffrant de maladie cœliaque comme de dermatite herpétiforme y ont droit, après avoir transmis deux documents : un formulaire de demande et un certificat médical reprenant les résultats de l’analyse sanguine et de la biopsie.

9. Un auto-test ou une consultation médicale ?  

On peut trouver en pharmacie et sur internet une série d'auto-tests pour dépister la maladie cœliaque. Il suffit de piquer le bout d’un doigt pour récolter une goutte de sang puis de contrôler la présence des anticorps tTG grâce au test. Si votre auto-test est positif, il est préférable de vous soumettre à un examen intestinal. Le résultat du test ne révèle pas la gravité de la maladie. N’entamez surtout pas de régime sans gluten en l’absence de résultat clair. Il existe également des auto-tests en ligne, sous forme de questionnaires.

10. La maladie cœliaque est-elle une allergie ?

Non, la cœliaquie n’est pas une allergie. En principe, on peut développer une allergie à toutes les protéines mais la cœliaquie ne concerne que le gluten. Autre différence considérable, une allergie alimentaire peut disparaître au fil des années (comme l’allergie au lait de vache, qui survient généralement durant les premiers mois après la naissance et s’estompe avant l’âge de 4 ans) alors que la maladie cœliaque persiste à vie. On utilise donc à tort le terme d’allergie au gluten. On peut être allergique au blé mais c’est très rare. Toutefois, certaines personnes peuvent ne pas être diagnostiquées comme souffrant de la maladie cœliaque, mais bien réagir à un régime sans gluten. Dans ce cas, on parle de sensibilité au gluten non coeliaque. Pour que cette sensibilité soit détectée, le patient doit suivre un régime strict sans gluten pendant 6 semaines avant de le réintroduire dans son alimentation. On observe alors les symptômes au cours des deux périodes. Il se peut qu'il ne s'agisse pas d'une sensibilité au gluten, mais à une autre protéine ou substance présente dans le blé ou les céréales.

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11. Peut-on prévenir l’intolérance au gluten ?

On a longtemps conseillé aux parents de donner de petites quantités de gluten aux bébés de 4 à 6 mois. En effet, on pensait que l'administration de petites quantités de gluten à un âge précoce pouvait prévenir la maladie cœliaque, surtout si elle avait lieu pendant la période d'allaitement. Le système immunitaire allait ainsi s’habituer au gluten et ne déclencherait plus de réaction néfaste par la suite. Cependant, une vaste étude européenne menée par le centre médical de l'université de Leiden (LUMC) montre que cette approche ne fonctionne pas. D’autre part, exposer les bébés au gluten durant leurs trois premiers mois de vie n’accroît pas leur risque de développer une intolérance au gluten. En revanche, cela permet d’accélérer le diagnostic de maladie chez les enfants qui y sont génétiquement prédisposés.

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12. L’allaitement protège-t-il contre la maladie cœliaque ?  

La maladie cœliaque est moins fréquente chez les enfants nourris au sein que chez ceux nourris au biberon. L’étude européenne PREVENTCD montre que l'allaitement ne protège pas contre l'apparition de la maladie cœliaque mais il retarde simplement l’apparition des symptômes. Il n’empêche que l’allaitement est fortement recommandé aux familles qui comptent des patients cœliaques. 

Voir aussi l'article : Intolérance au gluten : quels sont les facteurs de risque ?

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13. Quel traitement contre la maladie coeliaque ?

Tous les effets de la maladie cœliaque peuvent être résolus par l'adoption d'un régime sans gluten. Ce régime débarrasse les patients de leurs symptômes et permet à l’intestin grêle de se rétablir. On trouve le gluten dans les produits fabriqués à partir de certaines céréales (blé, orge, épeautre, seigle, avoine) ainsi que dans le pain classique, les biscottes, les pâtisseries, les céréales du petit-déjeuner, les pâtes… La farine, la semoule, la chapelure et les produits liants sont souvent fabriqués avec des céréales contenant du gluten. Beaucoup de potages, de sauces, de viandes et d’autres produits en contiennent donc. On en trouve également dans certains médicaments et compléments vitaminés. Une faible quantité de gluten peut suffire à déclencher des symptômes, ne fût-ce qu’une mie de pain. Les personnes sujettes à cette intolérance doivent non seulement renoncer à ingurgiter des produits à base de gluten mais aussi éviter que les produits qui en contiennent n’entrent en contact avec leur alimentation. Un repas sans gluten peut être contaminé par une poêle, des couverts, de l’huile de friture ou une planche à découper.

Les produits sur l’emballage desquels figure la mention « sans gluten » conviennent à un régime sans gluten. En général, cette mention s’accompagne d’un symbole représentant un épi barré. Afin de consommer suffisamment de nutriments, il est important de faire appel à un nutritionniste. On déconseille de s’aventurer seul dans ce type de régime, précisément pour éviter l’apparition de carences alimentaires.

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14. Existe-t-il un traitement médicamenteux contre la maladie coeliaque ?

Il n’existe aucun médicament pour lutter contre la maladie cœliaque. Si vous souffrez d’anémie ou d’une carence en vitamines, on vous prescrira des compléments de vitamines et d’électrolytes, comme l’acide folique, la vitamine b12 et le fer.

15. Peut-on guérir de la maladie cœliaque ?

La maladie coeliaque est incurable. Une fois le diagnostic posé, vous devrez suivre un régime sans gluten à vie. On entend parfois dire qu'une personne a souffert de la maladie cœliaque dans son enfance et qu'elle en a été guérie.... Cela signifie que cette personne n'était pas atteinte de la maladie cœliaque, mais que l'hypersensibilité temporaire était due à une autre raison, par exemple à la suite d'une infection intestinale grave le rotavirus.

Voir aussi l'article : Vitamine B12 : comment et quand prendre un supplément ?

Sources :
https://coeliakie.be
https://www.thuisarts.nl
http://www.voedingscentrum.nl



Dernière mise à jour: avril 2023

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