La dépression post-partum : un trouble qui peut apparaître tardivement

dossier Fatigue intense, profonde tristesse, perte d’intérêt pour le quotidien, voire pour son bébé... Près de 10% des mamans souffrent d'une véritable dépression après leur accouchement. Les symptômes de cette dépression post-partum peuvent apparaître de manière tardive, parfois 6 mois ou même 1 an après l'accouchement. Cette pathologie qui s'inscrit dans la durée nécessite un suivi médical adapté. Que faire ?

Baby blues, dépression post-partum : quelle différence ?

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Baby blues et dépression post-partum sont deux affections différentes. 

Baby blues

Le baby blues ou la dépression transitoire du post-partum est un état passager causé principalement par les changements hormonaux consécutifs à l'accouchement. Il se manifeste généralement au 3e jour après la naissance (parfois une semaine plus tard). Crises de larmes inexpliquées, irritabilité, fatigue, anxiété, les symptômes disparaissent d’eux-mêmes après 2 à 14 jours. 

Dépression post-partum

La dépression post-partum ou dépression postnatale (DPN) est une maladie plus grave qui nécessite un accompagnement médical. L'état dépressif s'installe généralement dans l'année qui suit l'accouchement, le plus souvent entre le 2ème et le 6ème mois de vie du bébé. Mais il peut aussi surgir plus tard, parfois jusqu'à 1 an après la naissance. On parle alors de dépression post-partum tardive. Elle peut correspondre à l'arrêt de l'allaitement ou à la reprise du travail. 

Voir aussi l'article : Après l'accouchement, la dépression menace aussi le père

Symptômes de la dépression post-partum

Les symptômes de la dépression post-partum sont très similaires à ceux d'autres formes de dépression. Les symptômes les plus courants sont :

  • idées noires
  • désintérêt pour les activités du quotidien et manque d'initiative
  • peu de plaisir à s'occuper de son bébé
  • sentiment de manque de légitimité dans son rôle de mère 
  • fatigue extrême et léthargie
  • profonde tristesse et crise de larmes inexpliquées
  • irritabilité et accès d'agressivité
  • difficultés de concentration, confusion, oublis
  • insomnie ou, au contraire, hypersomnie
  • perte ou prise de poids
  • manque d'appétit ou appétit excessif
  • sentiment d'être mort ou vide à l'intérieur
  • sentiment d'impuissance, de désespoir
  • des symptômes plus généraux tels que des maux de tête, des vertiges et des nausées.

N’importe quelle jeune maman peut être touchée par l’un ou l’autre de ces symptômes de manière isolée et temporaire. Dans le cas d’une dépression post-partum, ces symptômes s’installent de manière durable et extrême.

Voir aussi l'article : Dépression post partum : quelle durée et qui est plus à risque ?

Psychose post-partum

Dans sa forme la plus sévère et la plus rare (1/1000 femmes), la dépression post-partum peut se transformer en psychose post-partum (ou psychose puerpérale). Il s'agit d'un trouble psychiatrique grave lors duquel la jeune maman délire et perd contact avec la réalité. Elle est victime de confusion et d'hallucinations. Elle peut, par exemple, penser que son bébé a été échangé et n'est pas le sien, le laisser volontairement dans une situation dangereuse ou avoir des idées suicidaires.
La psychose du post-partum nécessite une prise en charge d'urgence voire une hospitalisation lorsque la sécurité de la mère ou de l'enfant est compromise. 

Voir aussi l'article : Phobie d'impulsion : 'J’ai peur de faire du mal à mon bébé'

Les facteurs de risque de la dépression post-partum

La dépression post-partum est causée par une combinaison de facteurs biologiques, sociaux et psychologiques. Certaines femmes sont donc plus susceptibles de souffrir de DPN que d’autres. 

  • les femmes qui ont déjà souffert d’une dépression avant ou pendant la grossesse ;
  • les femmes dont les membres de la famille ont souffert de dépression ;
  • les femmes qui souffrent d’épuisement, de déséquilibre hormonal, d’altération de la fonction thyroïdienne ou de déséquilibres nutritionnels (carences en vitamines B6, B12, zinc, fer) ;
  • les femmes qui, en plus de l’accouchement, ont récemment vécu des événements stressants (déménagement, décès d’un proche, problèmes financiers) ;
  • Les femmes qui sont peu soutenue socialement ou dont le partenaire apporte peu de soutien avant, pendant et après la grossesse ;
  • les femmes qui ont une faible estime d’elle-même et qui ne parviennent pas à exprimer leur ressenti ;
  • les femmes qui ont une vision de la maternité idéalisée et qui sont tout à coup confrontées à la réalité ;
  • Les femmes qui ont subi un accouchement difficile, dont le bébé est hospitalisé.

Que faire si vous souffrez de dépression post-partum ?

Conseils aux femmes souffrant de dépression du post-partum

  • Prenez vos symptômes au sérieux.
  • Essayez d'accepter que vous ne vous sentez pas comme vous l'aviez imaginé et ne niez pas la situation.
  • Parlez à votre entourage de vos sentiments et de vos inquiétudes, même si c'est difficile.
  • Autorisez-vous des « erreurs » : être mère s'apprend à force de tâtonnements.
  • Laissez votre partenaire s'occuper également du bébé.
  • Prenez du temps pour vous et reposez-vous, avec ou sans le bébé.
  • Si les symptômes persistent ou sont trop sévères, demandez l'aide d'un spécialiste.


Conseil pour l'entourage

  • Discutez avec la jeune mère des sentiments et des pensées qui la traversent. Encouragez-la à parler de ses idées noires sans la culpabiliser.
  • N'essayez pas de lui faire oublier ses pensées dépressives ou de lui donner des conseils et des astuces. Ce qui compte le plus, c'est de faire preuve de compréhension, de sympathie et d'une écoute attentive.
  • Discutez avec votre partenaire, votre famille et vos amis des tâches ménagères que vous pouvez assumer, afin que la jeune mère ait du temps pour elle.
  • L'entourage d'une femme souffrant de dépression postnatale peut être la cible de ses humeurs agressives et de ses accès de colère. Rappelez-vous que cela fait partie de la dépression et que vous êtes « visé » parce que la mère ose s'exprimer et qu'elle se sent en sécurité avec vous.
  • Consultez votre médecin généraliste si vous vous inquiétez pour la jeune mère et qu'elle nie tout problème.
  • Renseignez-vous sur la dépression post-partum dans une bibliothèque, une librairie ou sur internet.
  • Cherchez vous-même de l'aide si cela devient trop difficile pour vous.

Voir aussi l'article : La dépression post-partum affecte aussi les papas

Traitement de la dépression post-partum

Lorsqu’elle n’est pas traitée, la dépression postnatale dure en moyenne de quatre à six mois mais elle peut aussi se prolonger sur plusieurs années.

Thérapie

Une thérapie brève pourra apporter l’aide nécessaire. Quelques séances (une dizaine) avec un thérapeute permettent généralement de casser la spirale négative qui s’est installée entre la mère et son enfant. Elle permettra d’améliorer cette relation. Cette thérapie peut être associée à un traitement médicamenteux léger (antidépresseur).

 Le contact avec des pairs - dans un groupe d'entraide ou via une plateforme en ligne - peut également apporter un soutien. Si les symptômes dépressifs ont une cause physique, la thérapie se concentrera sur le rétablissement de l'équilibre physique, grâce à un traitement à base d'hormones, de vitamines ou de minéraux.

Médicaments 

Les médicaments prescrits pour traiter la dépression post-partum sont généralement des antidépresseurs. Ces médicaments agissent sur les substances de l'organisme qui déterminent les sentiments et l'humeur. Chez plus de la moitié des patientes, les antidépresseurs entraînent une diminution de la dépression. Cet effet peut être ressenti quatre à six semaines après le début du traitement. L'entourage perçoit souvent les changements plus tôt. 

Pour obtenir de bons résultats, il est important de prendre les médicaments pendant une période suffisamment longue, au moins quatre à six mois. Les antidépresseurs ne créent pas de dépendance, mais ils ont des effets secondaires. Ceux-ci varient d'un utilisateur à l'autre et d'un produit à l'autre. Certains antidépresseurs peuvent être utilisés en toute sécurité pendant l'allaitement. Consultez toujours votre médecin avant de prendre, de changer ou d'arrêter un traitement par antidépresseurs. Parfois, le médecin généraliste ou le praticien prescrit des sédatifs temporaires ou des aides au sommeil. Ces médicaments agissent immédiatement et aident à lutter contre l'insomnie, l'anxiété, la tension et l'agitation. L'utilisation des somnifères est de préférence limitée à quelques semaines.

Récidive

Environ 60 % des femmes qui ont souffert d'une dépression postnatale en souffrent à nouveau lors d'une grossesse ultérieure. Certaines mesures peuvent contribuer à réduire cette probabilité. Si un trouble physique est à l'origine des symptômes dépressifs, ceux-ci peuvent être atténués, par exemple, par une alimentation saine et variée (avec beaucoup de calcium et de vitamine B6) ou par l'utilisation de préparations hormonales immédiatement après l'accouchement. Pendant la grossesse et après l'accouchement, il peut également être utile de se reposer suffisamment, de fixer des horaires précis pour les visites à la maternité et d'éviter les changements radicaux, comme entreprendre des travaux ou changer de carrière, pendant cette période.

Sources :
https://www.gezondheidenwetenschap.be
https://www.kindengezin.be
https://www.msdmanuals.com
https://www.ncbi.nlm.nih.gov
https://www.mayoclinic.org



Dernière mise à jour: mai 2025

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