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Beaucoup, peu ou pas de gluten : quel effet sur le cerveau ?
news Même sans souffrir d’intolérance, une proportion importante de la population limite ou évite la consommation de gluten. L’une des raisons invoquées porte sur une amélioration du bien-être mental et des performances cérébrales (cognitives). Cela a-t-il du sens ?
Le gluten est extrêmement présent dans notre alimentation. Cette substance composée de protéines se retrouve dans toute une série de céréales - blé, avoine, seigle, orge… -, et dans les produits dérivés. Certaines personnes présentent une intolérance au gluten, appelée la maladie coeliaque (ou coeliaquie). En raison d’un trouble auto-immun, une partie des protéines du gluten (les prolamines) provoquent une atrophie des villosités de l’intestin grêle, ce qui entraîne une destruction partielle de la paroi, avec alors une malabsorption de nutriments importants (sels minéraux, vitamines…) et un risque de carences graves.
En meilleure forme mentale ?
Les symptômes de la maladie coeliaque sont de type gastro-intestinaux (douleurs abdominales, selles molles, diarrhée, reflux, vomissements…), mais ils peuvent concerner d’autres sphères (problèmes articulaires, troubles neurologiques, cutanés ou bucco-dentaires, fatigue, anémie…). Dans ce cas, la seule option consiste en l’évitement strict du gluten. On estime que la maladie coeliaque affecte environ 1% de la population, mais il est possible que sa prévalence soit sous-évaluée.
En tout cas, bien plus de consommateurs, qui ne souffrent pas d’intolérance, réduisent ou évitent le gluten dans le but d’améliorer leur digestion, de perdre du poids, ou de se sentir « plus en forme », physique ou mentale. C’est sur ce dernier point que s’est penchée une équipe américaine (université Harvard) : la quantité de gluten exerce-t-elle une influence sur les facultés cognitives, à savoir le fonctionnement « intellectuel » du cerveau ?
Les chercheurs ont analysé des données concernant quelque 14.000 femmes suivies pendant deux décennies. A l’entame, elles étaient âgées de 25 à 42 ans, et aucune ne souffrait d’intolérance au gluten. Leur comportement alimentaire a été relevé à intervalles périodiques (avec évidemment une attention particulière accordée à la quantité de gluten consommée en moyenne chaque jour), et elles ont passé des tests cognitifs tous les deux ans. Ceux-ci ont porté sur la vitesse de réaction, l’attention, la mémoire et l’apprentissage, ce qui a aussi dégagé un score cognitif global.
La quantité ne fait aucune différence
Le résultat est net : on ne relève aucune différence, en termes de performances cognitives (scores particuliers et score global), en fonction de la quantité de gluten ingérée. Ce constat se maintient après prise en compte de l’âge, de l’indice de masse corporelle (IMC), du degré d’activité physique, de la qualité de l’alimentation, du statut tabagique ou encore des paramètres lipidiques (cholestérol). Les sources de gluten n’ont pas d’influence non plus : grains entiers ou transformés, types d’aliments…
Le Dr Pierre Margent (Journal international de médecine) commente : « Ce travail ne retrouve aucune association significative entre la consommation de gluten à court et à long terme, avec la fonction cognitive. La restriction des prises alimentaires de gluten afin de maintenir ou d’améliorer ses fonctions cognitives ne semble donc pas utile dans la population générale. Des études portant sur divers sous-groupes restent à venir pour confirmer ces résultats ».
Voir aussi l'article : Une alimentation sans gluten pour perdre du poids ?