Allergie au latex : symptômes, groupes à risque, alimentation, prévention
- Qu’est-ce que le latex ?
- Allergie au latex vs allergie au caoutchouc
- Symptômes de la véritable allergie au latex
- Groupes à risque d’allergie au latex
- Syndrome latex-fruit : allergies alimentaires associées
- Diagnostiquer une allergie au latex
- Prévention de l’allergie au latex
- Incapacité de travail et allergie au latex
- Conclusion
dossier
L’allergie au latex est un problème de santé croissant, touchant particulièrement certaines populations à risque. Il est essentiel de la connaître, de savoir la prévenir et de prendre les mesures nécessaires pour éviter les réactions graves.
Qu’est-ce que le latex ?

© Getty Images
Le latex est le suc laiteux extrait de l’hévéa, l’arbre à caoutchouc, et constitue la matière première du caoutchouc naturel. Il est utilisé pour fabriquer de nombreux produits, domestiques et médicaux, tels que les gants, les préservatifs, les ballons ou encore certaines pièces d’équipement médical.
Le latex contient des particules de caoutchouc mais aussi des protéines allergènes, comme l’hévéine. Pour améliorer ses propriétés, on ajoute également des produits chimiques (thiurames, mercaptans, p-phénylènediamine…) afin de le rendre plus souple, résistant et durable. Ces produits chimiques peuvent, eux aussi, provoquer des réactions allergiques.
Même certains caoutchoucs synthétiques (PVC, polybutadiène, copolymères) contiennent du latex ou ses protéines, ce qui peut présenter un risque pour les personnes sensibilisées.
Allergie au latex vs allergie au caoutchouc
En résumé, le latex déclenche des réactions rapides et parfois graves, tandis que le caoutchouc provoque des irritations cutanées retardées. |
Symptômes de la véritable allergie au latex
Eczéma d’irritation. Porter des gants en latex peut causer un eczéma d’irritation dû à la transpiration, au frottement et/ou à l’utilisation de talc. Cet eczéma provoque des rougeurs et des démangeaisons mais n’est pas allergique.
Eczéma de contact allergique. L’allergie causée par les produits chimiques du latex (c’est-à-dire, l’allergie au caoutchouc) provoque de l’eczéma plusieurs jours après l’exposition. Il peut évoluer vers un eczéma chronique accompagné de fissures.
La véritable allergie au latex. Il s'agit d'une allergie de type 1 avec formation d’anticorps IgE contre le latex. Elle est plus rare mais plus grave. Elle provoque une réaction immédiate aux protéines du latex. Les symptômes apparaissent en quelques minutes et peuvent inclure :
- Démangeaisons, rougeur, urticaire généralisé
- Rhinite, éternuements, yeux larmoyants
- Asthme, difficultés respiratoires
- Réactions graves : chute de tension, douleurs abdominales, vomissements, choc anaphylactique.
Voir aussi l'article : Choc anaphylactique : réaction allergique grave et urgence médicale
Groupes à risque d’allergie au latex
Certaines personnes sont plus exposées à l’allergie au latex :
- Généralement, les personnes à la peau atopique (personnes avec une prédisposition génétique aux allergies IgE-médiées) constituent un groupe à risque.
- Professionnels de santé : médecins, infirmiers, dentistes, surtout le personnel opératoire. Les gants poudrés sont la principale source. Prévalence estimée : 5 à 17 %.
- Patients opérés : ceux subissant plusieurs interventions sous anesthésie générale ou cathétérismes fréquents (ex : enfants atteints de spina bifida, malformations urogénitales). Jusqu’à 50-73 % peuvent être sensibilisés.
- Autres groupes : travailleurs portant souvent des gants (laboratoires, cuisine), enfants utilisant tétines ou en contact fréquent avec des ballons de baudruche.
Syndrome latex-fruit : allergies alimentaires associées

Environ 30 à 50 % des personnes allergiques au latex présentent également une allergie à certains aliments d’origine végétale. On parle de syndrome latex-fruit.
Les réactions possibles vont des démangeaisons dans les lèvres, la bouche ou la gorge, à un gonflement local, une gêne respiratoire ou des manifestations digestives (douleurs abdominales, vomissements, diarrhée). Dans certains cas, une urticaire généralisée ou une réaction sévère (anaphylaxie) peut survenir.
Les aliments les plus souvent concernés sont : banane, kiwi, avocat et châtaigne. D’autres fruits et légumes peuvent aussi provoquer des réactions chez certaines personnes, comme le melon, l’ananas, la mangue, la papaye, le fruit de la passion, la tomate, la pomme de terre, la pêche, la figue ou certaines noix (noix, noisette, noix de cajou).
Il faut également se méfier des sources cachées : jus de fruits, pâtisseries, glaces, milkshakes, confiseries, liqueurs, sauces à base d’avocat (guacamole), purées ou desserts contenant de la châtaigne, etc.
Diagnostiquer une allergie au latex
Le diagnostic nécessite des tests spécialisés.
- Test sanguin RAST-CAP : recherche des IgE spécifiques contre le latex. Fiable et sûr, mais la sensibilité du test est relativement faible (75 %). Un résultat négatif n’exclut donc pas l’allergie.
- Tests cutanés (prick test) : une goutte d’extrait de latex est posée sur la peau après l’avoir légèrement piquée. Une papule prurigineuse apparaît en 20 minutes chez les personnes sensibles.
- Test d’usage : si le test cutané est négatif et qu'une forte suspicion d'allergie au latex persiste, un test d’usage est réalisé. Le patient enfile des gants en latex et immerge ses mains dans l’eau chaude.
Ces tests doivent être réalisés par un allergologue en milieu hospitalier en raison du risque de réaction systémique.
Voir aussi l'article : Prick test, intradermoréaction, patch test : comment ça fonctionne ?
Prévention de l’allergie au latex
L’allergie au latex est incurable. Il n'existe pas de traitement de désensibilisation. La prévention par l'éviction est donc primordiale.
Au quotidien
- Évitez tout contact avec les produits contenant du latex :
- Gants de ménage en caoutchouc : ils doivent être remplacés par des gants en vinyle réutilisables ou des gants en nitrile à usage unique. Les gants hypoallergéniques en latex ou les préservatifs ne peuvent pas remplacer les produits entièrement sans latex, surtout en cas de risque de réaction généralisée grave (anaphylaxie).
- Préservatifs et pessaires : Il existe sur le marché des préservatifs en polyuréthane ou en polyisoprène, adaptés aux personnes allergiques au latex.
- Objets du quotidien : jouets, ballons, tétines, biberons, chaussures, élastiques, certains équipements de sport (lunettes de natation, bonnet piscine, etc.)
- Étant donné la réactivité croisée avec le ficus, cette plante d'intérieur devrait être interdite.
En milieu médical
- Le patient doit être systématiquement interrogé et informé sur une éventuelle allergie au latex.
- Éviter tout contact avec gants chirurgicaux ou d’examen en latex.
- L’anesthésiste doit retirer tout objet contenant du latex (masques, poches de ventilation, tubes…).
- Utiliser du matériel médical sans latex pour perfusions, drains, cathéters urinaires, électrodes, bandages, etc.
- Aucun produit en latex ne doit se trouver dans la salle d’opération, la salle de réveil ou la chambre du patient.
- Les dentistes doivent porter des gants sans latex et ne pas utiliser de digues ou élastiques en caoutchouc.
Alimentation
Chez les personnes allergiques au latex, il est important d’être attentif à l’alimentation en raison du syndrome latex-fruit. Certains aliments comme la banane, le kiwi, l’avocat, la châtaigne et d’autres fruits tropicaux ou noix peuvent déclencher des réactions croisées. Pour limiter les risques, il est conseillé de :
- éviter les aliments déjà identifiés comme déclencheurs,
- lire attentivement les étiquettes pour repérer la présence cachée de ces ingrédients,
- informer son entourage et les professionnels de santé ou de restauration de son allergie.
Un suivi régulier chez l’allergologue permet d’adapter le régime alimentaire et d’évaluer les risques individuels.
En cas de doute sur une réaction alimentaire, il est recommandé de consulter un allergologue. Les tests cutanés ou sanguins sont les seuls moyens fiables pour confirmer une allergie.
Voir aussi l'article : Choc anaphylactique : combien de temps pour réagir ?
Incapacité de travail et allergie au latex
Les personnes atteintes d’une allergie au latex reconnue peuvent introduire une demande d’indemnisation auprès du Fonds des maladies professionnelles. Si leur allergie est confirmée, elles peuvent bénéficier d’une compensation financière, allant de 10 % d’incapacité permanente jusqu’à 30 % en cas de troubles respiratoires, ainsi que du remboursement de gants sans latex.
Il est par ailleurs recommandé que les personnes allergiques soient éloignées de tout environnement professionnel impliquant un contact avec le latex, afin de prévenir toute aggravation de leur état.
Conclusion
Bien que rare, l'allergie au latex peut provoquer des réactions graves, allant de l’urticaire à l’anaphylaxie. La prévention reste la meilleure stratégie : éviter le contact avec le latex, utiliser des alternatives sûres, informer les professionnels de santé et surveiller les éventuelles allergies croisées alimentaires. Une prise en charge adaptée et un suivi médical permettent de limiter les risques et d’assurer la sécurité au quotidien.
Sources :