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Mon expérience avec un bypass gastrique : Anouk, 7 mois après l’opération
temoignage
Confrontée depuis toujours à un problème d’obésité, Anouk a bénéficié d’une chirurgie bariatrique de dernier recours : la pose d’un bypass gastrique. Il y a quelques mois, elle témoignait de son parcours pré-opératoire et nous confiait ses premières sensations après l’intervention. Aujourd’hui, 7 mois plus tard, elle revient sur son expérience et les leçons qu’elle en a tirées.
Il y a sept mois, on vous a posé un bypass gastrique, comment allez-vous aujourd’hui ?
Physiquement, je me porte très bien. Je ne suis plus épuisée quand j’enfile mes chaussettes et mes chaussures, je monte facilement les escaliers et je pars plus souvent en excursion avec mes enfants. Sur le plan mental, je continue à tâtonner. J’ai encore l’impression que les vêtements seront trop petits pour moi. En fait, je me vois toujours comme une personne obèse.
Combien de kilos avez-vous perdu depuis l’opération ?
42 kilos en l’espace de sept mois. Jamais je n’aurais osé l’imaginer. J’aimerais maigrir de cinq kilos de plus pour avoir un IMC sain et ne plus être considérée comme obèse.
Avez-vous souffert de complications ?
Pas jusqu’à présent et j’espère que ça durera. Je redoute d’éventuelles complications. J’essaie donc de bien suivre tous les conseils prodigués par les médecins et l’équipe multidisciplinaire.
Toutefois, beaucoup de choses ont changé : le restaurant, un BBQ avec des amis ou encore les vacances. A l’hôtel, je ne peux pas profiter pleinement de tous les repas et je ne parviens même pas à tout goûter. Lors d’un barbecue, je dois souvent choisir : soit je prends des amuse-gueules et je limite le repas, soit je fais l’inverse. Quand nous allons au restaurant, mon conjoint finit la moitié de mon assiette. Aller manger avec mes enfants n’est pas plus simple. Ces moments se déroulent rarement de manière sereine. Je m’énerve facilement : un verre renversé, une dispute... Dans ces moments-là, j’éprouve plus de difficultés à m’alimenter. J’ai souvent l’impression que la nourriture reste bloquée dans mon tube digestif. C’est un phénomène extrêmement douloureux.
Il y a aussi les fameux « dumpings ». Ils se produisent quand je mange un aliment que je ne supporte pas. Je suis alors en proie à des nausées et je me fatigue très vite. Heureusement, la menthe est très efficace contre ce problème. Un thé à la menthe ou quelques feuilles suffisent généralement à apaiser les symptômes. Certaines personnes souffrent beaucoup plus et doivent s’allonger une heure quand elles souffrent de dumping. Heureusement, mes symptômes sont modérés.
L’opération a-t-elle répondu à vos attentes ?
Jusqu’à présent, oui : en mangeant de plus petites portions, on maigrit et on retrouve un poids sain. Je fais beaucoup de sport depuis l’opération. Je parviens à courir cinq kilomètres, je prends plus souvent le vélo pour me déplacer et je recherche des défis sportifs, seule ou avec d’autres. J’en retire du plaisir et je me sens bien dans ma peau. L’année prochaine, j’aimerais participer aux 10 Miles. Je me suis déjà inscrite à une course de dix kilomètres cet automne, dans ma province.
Avez-vous le sentiment d’avoir été suffisamment préparée à l’opération ?
La manière dont on s’y prépare est très personnelle. Je suis d’un naturel curieux et craintif à la fois : j’ai donc interrogé de nombreuses personnes, effectué des recherches, tenu des discussions en ligne… Je voulais être au courant de tous les scénarios possibles, pour éviter toute surprise. Je ne puis que conseiller aux autres de s’informer car l’opération s’accompagne de beaucoup plus de conséquences qu’on ne le pense. Par exemple, je perds mes cheveux depuis quatre mois. C’est un effet secondaire normal mais je suis heureuse de l’avoir su à l’avance. Après l’intervention, j’ai également pu poser toutes les questions qui me venaient en tête à une équipe multidisciplinaire (psychologue, diététicienne, infirmier…)
Comment avez-vous vécu l’opération et ses suites, sur le plan émotionnel ?
Avant l’intervention, j’ai consulté un psychologue deux fois par mois, tant j’étais angoissée. Ces séances m’ont fait le plus grand bien. Je continue à raison d’une séance toutes les six semaines. Je peux exposer mes problèmes personnels et mes angoisses au psychologue. J’ai très peur de rechuter, de redevenir comme avant. Car c’est fréquent, quelques années après cette opération. Et je n’en veux absolument pas. Je me sens trop bien dans ma peau maintenant. Mon psychologue m’aide aussi à redécouvrir le plaisir de manger. C’est chouette.
Je dois aussi me retrouver. Qui suis-je, quelle est mon apparence ?... Ce n’est pas toujours évident mais j’y parviens. Certaines journées sont chargées en émotions mais je suppose que c’est le cas de tout le monde. Je suis très reconnaissante à mon entourage du soutien qu’il m’apporte.
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Avez-vous le sentiment que la chirurgie de l'obésité est encore un sujet tabou ?
Oui, en effet. Dès que les gens remarquent que j’ai perdu beaucoup de poids, ils me demandent comment j’ai fait et si je parle de l’opération, ils répondent souvent : « Ça, j’en suis capable aussi ». Ils ne le disent pas franchement mais ils le sous-entendent, alors que je n’ai pas vécu l’opération comme une solution de facilité.
J’ai dû surmonter ma peur, je dois gérer les complications et je m’adonne souvent au sport cinq à six fois par semaine. J’évite au maximum les aliments malsains et je surveille au quotidien ce que je mange. Ce n’est vraiment pas la voie la plus facile.
Si c’était à refaire, vous y prendriez-vous autrement ?
J’ai entamé ce parcours il y a exactement un an et je suis incroyablement heureuse de son déroulement. J’aurais sans doute pu me résoudre plus rapidement à l’opération, au lieu de traîner mon mal-être.
Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui envisagent un bypass gastrique ?
Considérez-le vraiment comme la toute dernière chance, votre ultime recours. Ne pensez pas qu'il s'agit d'un régime que vous allez simplement essayer. Pour moi, les médecins peuvent être plus stricts. J’ai lutté contre l’obésité toute ma vie, j’ai essayé plus de 50 régimes avant de subir cette intervention chirurgicale.
Documentez-vous, mais surtout, demandez conseil à votre médecin traitant. Il est le mieux placé pour envisager toutes les options, choisir un chirurgien… Un bon médecin généraliste vaut de l’or !
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