Insuffisance veineuse chronique (IVC) : des symptômes à ne pas ignorer

dossier

L'insuffisance veineuse chronique (IVC) est une maladie caractérisée par le fait que les veines des jambes peinent à renvoyer le sang vers le cœur. Jambes lourdes, pieds gonflés, varices, puis ulcères… Les symptômes sont souvent ignorés par les patients. Or, 7 Belges sur 10 présentent des signes d’insuffisance veineuse chronique à des degrés divers. Plus tôt la maladie est traitée, plus le risque de symptômes graves est faible.

Qu’est-ce que l’insuffisance veineuse chronique ?

L’insuffisance veineuse chronique (IVC) survient lorsque les valves des veines des jambes ne fonctionnent plus correctement. Ces valvules veineuses sont chargées de faire remonter le sang vers le coeur. Lorsqu’elles ne font pas leur travail, le sang stagne dans les membres inférieurs, provoquant une pression excessive sur les veines superficielles. Cette stase veineuse entraîne progressivement une dilatation des veines, une inflammation locale et des dommages aux tissus, qui se manifestent notamment par des jambes lourdes, des varices, des œdèmes, des démangeaisons ou encore des ulcères.

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L’insuffisance veineuse évolue progressivement jusqu’à devenir une maladie chronique 

  • Les premiers signes sont souvent des jambes lourdes et douloureuses, en particulier en fin de journée ou après une station debout prolongée.
  • Le sang qui stagne peut s’infiltrer dans les tissus environnants, provoquant un gonflement des pieds et des jambes (œdème).
  • Des petits vaisseaux rouges ou bleus apparaissent sous la peau. Ces varicosités ou « télangiectasies » forment un réseau, comme une fine toile d’araignée. Les plus grosses veines deviennent quant à elles sinueuses et bleuâtres.
  • Finalement, un ulcère veineux (ulcus cruris) peut apparaître : une plaie ouverte chronique, située généralement sur la face interne de la cheville ou du bas de la jambe. Ces ulcères cicatrisent difficilement sans traitement approprié.

Il est important d’agir dès l’apparition des premiers signes de la maladie afin d'éviter des complications (varices, ulcère, thrombose veineuse profonde).

Voir aussi l'article : Varices : pourquoi ces veines gonflées dans les jambes ?

Qui est à risque d’insuffisance veineuse chronique ?

Plusieurs facteurs augmentent le risque de développer une IVC :

  • L’hérédité : des antécédents familiaux de varices ou de problèmes veineux augmentent fortement le risque.
  • Le sexe féminin : en raison des hormones (œstrogènes, grossesse), les femmes sont plus souvent touchées.
  • L’âge : le risque augmente avec l’âge, notamment après 50 ans.
  • La grossesse : elle entraîne une pression accrue sur les veines pelviennes et une augmentation du volume sanguin.
  • La station debout ou assise prolongée : professions comme coiffeur·se, enseignant·e, vendeur·se, chauffeur, etc.
  • Le surpoids et l’obésité : ils augmentent la pression sur les veines des jambes.
  • La sédentarité : un manque d’activité physique réduit le retour veineux.
  • Les antécédents de thrombose veineuse profonde : ils peuvent endommager les valvules veineuses.
  • Le tabagisme : il altère la santé vasculaire et favorise l’inflammation.

Pour évaluer son risque, un test en ligne gratuit est disponible sur le site legsfirs. En quelques clics, vous pourrez savoir s'il est temps de consulter.

Symptômes de l’insuffisance veineuse chronique

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Les symptômes de l’IVC peuvent varier d’une personne à l’autre et dépendent du stade de la maladie. Certaines personnes ne présentent aucun symptôme. Chez d’autres, les plaintes sont :

  • une sensation de jambes lourdes et fatiguées, elle s’atténue à la marche ou lorsqu’on surélève les jambes,
  • une sensation de chaleur, souvent en fin de journée,
  • des douleurs diffuses ou sensation de tension dans les mollets,
  • des crampes musculaires, surtout la nuit,
  • des oedèmes (gonflement des pieds et des chevilles), surtout en fin de journée,
  • Varices visibles et/ou varicosités,
  • Fourmillements, démangeaisons, brûlures,
  • Altérations de la peau : dessèchement, eczéma, pigmentation brune,
  • Ulcères veineux : plaies ouvertes souvent situées au niveau de la cheville qui peuvent s’infecter et devenir chroniques sans soins adaptés
    .

Voir aussi l'article : Œdème : quand le gonflement des jambes, des chevilles et des pieds est-il dangereux ?

Quand consulter un médecin ?

Dès les premiers symptômes : jambes lourdes, gonflement des pieds ou des chevilles, apparition de veines visibles, sensation de picotements, agitation ou crampes dans les jambes. Une consultation est utile pour un dépistage précoce, la mise en place de mesures préventives et la prévention d'une aggravation. 

En cas de complications, de phlébite ou d'ulcère veineux, il faut consulter d'urgence un médecin pour éviter le risque de thrombose veineuse profonde ou d'embolie pulmonaire. 

Diagnostic de l’insuffisance veineuse chronique

Le diagnostic repose sur un examen clinique Le médecin examinera les jambes à la recherche de signes visibles d'IVC : varices, œdèmes, lésions cutanées, etc. Il palpera le trajet des veines pour évaluer la qualité des veines et des tissus, notamment en cas d'œdème. Une échographie Doppler des veines permet de visualiser le flux sanguin et la perméabilité des veines.

La classification CEAP permet de décrire la sévérité de l’insuffisance veineuse chronique.

  • C0 – Aucun signe visible ni palpable de maladie veineuse. La personne ne présente aucun symptôme visible de maladie veineuse, mais peut avoir des plaintes subjectives (jambes lourdes, fatigue, etc.).
  • C1 – Télangiectasies ou varicosités (varicosités en balais). Petits vaisseaux dilatés superficiels visibles à l’œil nu, souvent rouges ou bleutés. Ce sont les premières manifestations visibles.
  • C2 – Varices. Présence de veines superficielles dilatées, sinueuses et visibles sous la peau. Ce stade correspond aux varices « classiques ».
  • C3 – Œdème. Gonflement (œdème) des chevilles ou des jambes, sans signes cutanés associés.
  • C4 – Altérations cutanées liées à la maladie veineuse. Ce stade est subdivisé en deux catégories : pigmentation brune et/ou eczéma veineux (C4a) ou durcissement de la peau et/ou atrophie blanche zones de peau blanchâtre et cicatricielle (C4b).
  • C5 – Ulcère veineux cicatrisé. Présence d’un antécédent d’ulcère de jambe, désormais cicatrisé.
  • C6 – Ulcère veineux actif. Présence d’un ulcère veineux ouvert, généralement sur la face interne de la jambe ou au niveau de la cheville.

Quelle hygiène de vie adopter en cas d’insuffisance veineuse ?

Pour améliorer la circulation veineuse et limiter l’évolution de la maladie, quelques gestes simples peuvent faire la différence :

  • Bougez régulièrement. La marche, la natation ou le vélo stimulent efficacement le retour veineux. Il est préférable d’éviter les sports qui exposent soudainement les valves des veines à une pression intense (comme le tennis, le squash, l’haltérophilie, le kayak, le rugby, le football, les arts martiaux). Évitez de rester assis ou debout trop longtemps sans bouger.
  • Surélevez les jambes quand vous êtes allongé (10 à 20 cm), notamment en fin de journée ou pendant la nuit, en surélevant le pied du lit ou en vous aidant d’un coussin.
  • Portez des vêtements confortables. Évitez les pantalons, ceintures ou chaussettes trop serrés qui peuvent gêner la circulation.
  • Choisissez des chaussures adaptées. Évitez les talons hauts qui ralentissent le retour veineux. Le talon ne doit pas dépasser 3 à 4 cm. Attention aux chaussures trop étroites.
  • Évitez la chaleur excessive. Les bains chauds, saunas ou expositions prolongées au soleil peuvent aggraver les symptômes. Préférez une douche froide sur les jambes. Commencez toujours par les pieds et remontez progressivement jusqu'à l'aine. 
  • Massez vos jambes du bas vers le haut pour favoriser le retour du sang vers le cœur.
  • Maintenez un poids santé. Le surpoids exerce une pression sur les veines et freine la circulation.
  • Évitez le tabac et limitez l’alcool, car ils nuisent à la santé vasculaire.
  • Portez des bas de contention si votre médecin vous les recommande. Ils soutiennent les veines et améliorent le confort au quotidien.

Voir aussi l'article : Comment prévenir l'apparition des varices ?


Voir aussi l'article : 10 façons d’améliorer sa circulation sanguine

Traitement médical de l’insuffisance veineuse chronique

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Le premier traitement consiste à soigner son hygiène de vie. Pour le reste, tout dépend du stade de la maladie et des symptômes. Votre phlébologue vous proposera le traitement le plus adéquat à votre cas.

Thérapie par compression 

La thérapie par compression est le traitement de base de l’insuffisance veineuse chronique, quel que soit le stade de la maladie. Elle consiste à exercer une pression graduée sur la jambe, plus forte au niveau de la cheville et décroissante vers le haut, afin de favoriser le retour veineux vers le cœur, réduire la stase veineuse, limiter les gonflements et les douleurs.  En phase aiguë, elle est réalisée avec des bandages compressifs et en phase chronique avec des bas élastiques thérapeutiques : bas de contention. 

Voir aussi l'article : Bas de contention : que sont les bas élastiques thérapeutiques ?

Médicaments veinotropes 

Les veinotropes sont des médicaments qui visent à renforcer le tonus des parois veineuses et à améliorer la circulation sanguine. Ils sont souvent prescrits pour soulager les symptômes de l’insuffisance veineuse chronique, mais ils ne traitent pas la cause sous-jacente. Leur efficacité est modérée et variable selon les personnes. Ils permettent de réduire les sensations de jambes lourdes, l’oedème et les douleurs.

Parmi les principes actifs les plus utilisés, on retrouve la diosmine, parfois associée à l’hespéridine (ex. : Daflon®), les extraits de vigne rouge, les extraits de marron d’Inde (aescine), la rutine ou d’autres flavonoïdes naturels.

Voir aussi l'article : Bain de pieds au romarin pour les pieds gonflés

Sclérothérapie

La sclérothérapie consiste à injecter un produit ou une mousse sclérosant dans les veines malades pour les resserrer. Elle est particulièrement efficace pour les varices superficielles et de taille moyenne. Ce traitement est réalisé en ambulatoire.

Laser ou radiofréquence

Le traitement des varices par laser endoveineux (EVLT) ou la radiofréquence utilisent la chaleur pour fermer les veines malades. Elles sont mini-invasives, se pratiquent sous anesthésie locale et remplacent de plus en plus la chirurgie classique.

Chirurgie

Le stripping (ablation chirurgicale des veines) est aujourd’hui peu pratiquée, car plus invasive que les techniques endoveineuses modernes, mais elle reste une option dans certains cas complexes. De petites incisions au niveau de la peau permettent d’enlever la veine qui pose problème.

Voir aussi l'article : Opération des varices : traitements et techniques chirurgicales

Conclusion

L’insuffisance veineuse chronique est une maladie qui touche 7 personnes sur 10 en Belgique. Si les symptômes peuvent être discrets au début, la maladie est évolutive et ne doit pas être prise à la légère. Une prise en charge précoce et une bonne hygiène de vie sont essentielles pour ralentir sa progression et éviter les complications, telles que les ulcères.

Sources : 

https://www.msdmanuals.com

https://my.clevelandclinic.org

https://kce.fgov.be

https://www.revmed.ch

https://www.hug.ch

https://www.cmvc.be

auteur : Olivia Regout - journaliste santé

Dernière mise à jour: juin 2025

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