Dépression estivale : comment reconnaître la dépression saisonnière en été ?
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La chaleur, la lumière, les vacances… Toutes les conditions semblent réunies pour que vous soyez heureux et détendu. Et pourtant… Vous vous sentez triste, fatigué et vous avez envie de vous isoler. Peut-être souffrez-vous de dépression estivale ? Beaucoup moins fréquente que la dépression hivernale, cette forme de dépression saisonnière toucherait moins d’1 % de la population. Comment savoir si vous êtes affecté ?
Symptômes de la dépression estivale

Pour parler de dépression saisonnière, les symptômes dépressifs doivent persister pendant au moins deux années consécutives au cours de la même saison. Ils persistent ensuite pendant au moins quatorze jours par an.
Les principaux symptômes de la dépression saisonnière en été sont :
- une tristesse, un sentiment de vide, un découragement,
- une perte de plaisir ou d'intérêt pour (presque) toutes les activités du quotidien, même celles qui vous procurent habituellement du plaisir, une baisse de la libido,
- un brouillard mental,
- des troubles de l'appétit,
- de l’irritabilité,
- une fatigue persistante,
- une tendance à s’isoler (repli social).
Quelles différences entre les symptômes de la dépression estivale et hivernale ?Il existe des différences notables entre la dépression estivale et hivernale. En été, vous serez plus susceptible de souffrir de :
Contrairement à la dépression hivernale, la dépression estivale est mal connue et associée à des mois généralement joyeux et animés. Cela peut accentuer le sentiment de culpabilité des personnes qui se sentent mal alors que tout va bien (il fait beau, c’est les vacances, l’école est finie...). |
Causes de la dépression estivale
La dépression estivale pourrait s’expliquer par les raisons suivantes:
Altération du rythme circadien
La dépression estivale pourrait en partie s’expliquer par une perturbation du rythme jour-nuit. En été, les journées sont longues : il fait clair très tôt le matin et jusqu’à tard le soir. Cette surexposition à la lumière naturelle peut désynchroniser l’horloge biologique chez certaines personnes sensibles. En particulier, la production de mélatonine — une hormone essentielle au sommeil, normalement sécrétée la nuit dans l’obscurité — peut être réduite. Ce dérèglement hormonal peut alors nuire à la qualité du sommeil et favoriser la dépression estivale.
À l’inverse, certaines personnes s’exposent très peu à la lumière naturelle durant l’été. Elles se calfeutrent à l’intérieur, volets ou rideaux fermés, pour se protéger de la chaleur et de l’éblouissement. Ce manque d’exposition à la lumière du jour peut lui aussi perturber le rythme circadien et favoriser la dépression estivale.

Autres causes de la dépression estivale
- Culpabilité : l’été est souvent perçu comme une saison de détente, de plaisir et de bonheur. On part en vacances, on profite du beau temps, on a une vie sociale plus animée. Mais pour certaines personnes, cette attente de joie constante crée un contraste douloureux avec leur état intérieur. Elles ressentent alors une pression implicite : celle de vivre des vacances parfaites, de profiter à tout prix, d'accumuler des souvenirs à raconter. Ce décalage entre ce que l’on est censé ressentir et ce que l’on ressent réellement peut renforcer le mal-être.
- Stress et anxiété : les vacances sont souvent présentées comme un moment de qualité à ne pas rater, où l’on doit se reposer, se ressourcer et vivre des expériences mémorables. Cela engendre parfois une pression organisationnelle et émotionnelle : trouver la destination idéale, gérer les coûts, planifier les activités, maintenir la bonne entente familiale ou amicale… Cette charge mentale peut générer du stress, de l’anxiété ou un sentiment de saturation
- Problèmes d’image corporelle : l’été, le corps est plus exposé, cela peut accentuer les complexes physiques. Pour les personnes qui ne se sentent pas bien dans leur corps, cette période peut devenir une source de gêne, d’évitement ou de grande souffrance psychique. C’est particulièrement vrai pour celles atteintes de dysmorphophobie (ou trouble dysmorphique corporel). Elles sont obsédées par un défaut physique souvent mineur — comme une pilosité excessive, une rougeur, ou une asymétrie — voire totalement imaginaire. Ce défaut, réel ou non, prend une place démesurée dans leur esprit, au point de provoquer une forte détresse émotionnelle et un isolement social.
- Solitude : l’été peut aussi exacerber la solitude. Si l’entourage part en vacances, si les lieux habituels ferment, ou si l’on voit les autres profiter sans y avoir accès (pour des raisons de santé, financières ou personnelles), un sentiment d’isolement ou d’exclusion peut s’installer.
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Comment traiter la dépression estivale ?
Il arrive que les idées noires disparaissent d’elles-mêmes. Mais si ce mal-être persiste plus de deux semaines, il est important de ne pas attendre davantage. Il existe plusieurs manières d’agir face à la dépression estivale.
Prenez conscience que vous ne traversez pas simplement une période de tristesse ou qu’il s’agit d’un simple coup de blues. La dépression est une vraie souffrance, et il n’y a aucune honte à en parler.
Exprimez ce que vous ressentez à un proche de confiance : un.e partenaire, un.e ami.e, un membre de votre famille. Et si vous en ressentez le besoin, n’hésitez pas à consulter votre médecin généraliste.
Le National Institute for Health and Care Excellence (NICE), un organisme américain de premier plan, recommande de traiter la dépression saisonnière de la même manière que tout autre type de dépression : en utilisant des thérapies par la parole, telle que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), ou des médicaments, tels que les antidépresseurs.
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Que pouvez-vous faire face à la dépression estivale ?
Même si cela peut sembler difficile au début, certains gestes simples peuvent vous aider à retrouver un certain équilibre :
- Prenez vos sentiments au sérieux. Ne minimisez pas votre mal-être en pensant « il n’y a pas de raison, je devrais aller bien ».
- Conservez une routine quotidienne : levez-vous à heure fixe, prenez vos repas régulièrement, couchez-vous à la même heure chaque soir.
- Exposez-vous à la lumière du jour, surtout le matin. Une demi-heure de lumière naturelle en début de journée peut réguler votre horloge biologique.
- Bougez chaque jour : marcher, faire du vélo ou une autre activité physique douce peut réellement soulager les symptômes dépressifs.
- Restez en contact avec les autres, même si l’envie n’est pas toujours là. Préférez les échanges authentiques aux événements où vous devez « faire semblant d’aller bien », comme les fêtes bruyantes.
- Interrogez-vous sur l’origine possible de votre tristesse. Avez-vous récemment perdu quelqu’un ? Avez-vous vécu une situation difficile ou traumatisante ? Si oui, acceptez que cela puisse naturellement provoquer de la tristesse.
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