Apnées du sommeil : causes, symptômes, traitements

dossier Le syndrome d’apnée du sommeil se manifeste par des arrêts de respiration répétés pendant la nuit. Ces interruptions fréquentes perturbent le sommeil profond et peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé, notamment sur le cœur, le cerveau et la vigilance diurne.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

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© Getty Images

L’apnée du sommeil correspond à des pauses involontaires de la respiration d’au moins 10 secondes durant le sommeil. Si plus de 10 à 15 apnées surviennent par heure, on parle du syndrome d’apnée du sommeil.

Pendant ces arrêts respiratoires, le taux d’oxygène dans le sang peut chuter, ce qui oblige le cerveau à réveiller brièvement le corps pour reprendre la respiration. Ces micro-réveils, imperceptibles ou brutaux, se répètent tout au long de la nuit et perturbent la qualité du sommeil. 

Tout le monde peut parfois avoir une pause respiratoire pendant la nuit. Ce n’est dangereux que lorsque ces pauses sont fréquentes et prolongées. Pour évaluer la gravité des apnées, on mesure le nombre de pauses respiratoires par heure à l’aide de l’Index Apnée-Hypopnée (IAH) :

  • IAH de 5 à 15 : apnée du sommeil légère
  • IAH de 15 à 30 : apnée du sommeil modérée
  • IAH = 30 : apnée du sommeil sévère

Causes du syndrome d'apnée du sommeil

On distingue trois formes principales d’apnée du sommeil :

  1. Syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS)

    Cette forme est la plus fréquente et est causée par une obstruction des voies respiratoires supérieures. Cela peut se produire lorsque le voile du palais s’affaisse, que la langue recule dans la gorge ou que d’autres tissus mous bloquent partiellement ou complètement le passage de l’air. Ce blocage provoque souvent le ronflement, et lorsque l’air ne circule plus, il en résulte une hypopnée (respiration très faible) ou une apnée complète. Ces épisodes peuvent entraîner une baisse de l’oxygène dans le sang, forçant le cerveau à provoquer de micro-réveils pour rétablir la respiration, ce qui perturbe gravement le sommeil.

  2. Syndrome d’apnée centrale du sommeil (SCAS)

    Contrairement au SAOS, le SCAS n’est pas causé par une obstruction physique. Ici, le problème vient du cerveau, qui n’envoie pas correctement les signaux aux muscles responsables de la respiration. Les voies respiratoires restent normalement ouvertes, mais le corps ne déclenche pas automatiquement l’inspiration. Cela peut provoquer des arrêts respiratoires répétés, souvent associés à des réveils légers et à une fatigue importante le jour.

  3. Forme mixte

    La forme mixte combine des caractéristiques des deux types précédents. Il existe à la fois une obstruction des voies respiratoires et un défaut de stimulation des muscles respiratoires par le cerveau. Cette combinaison rend la forme mixte particulièrement complexe, car elle associe les symptômes du SAOS et du SCAS et nécessite souvent une prise en charge individualisée.

Facteurs de risque d'apnée du sommeil

Certains facteurs augmentent le risque d’apnée du sommeil :

  • Obésité, notamment au niveau du cou
  • Prédisposition génétique
  • Âge avancé
  • Consommation d’alcool ou de sédatifs avant le coucher
  • Tabagisme
  • Irritations chroniques des voies respiratoires
  • Hypertrophie des amygdales ou luette
  • Position de sommeil (sur le dos)
  • Cou large (tour de cou > 43 cm)
  • Troubles hormonaux ou métaboliques (post-ménopause)
  • Ronflement : à la fois symptôme et facteur de risque

Bien que l'apnée du sommeil survienne principalement chez l'adulte, elle peut également toucher l'enfant. Chez les enfants, l’apnée est souvent liée à une hypertrophie des amygdales et peut nécessiter une ablation.

Voir aussi l'article : Pourquoi ces ronflements ?

Symptômes de l'apnée du sommeil

Les symptômes évocateurs d'un syndrome de l'apnée du sommeil comprennent :

  • des ronflements importants,
  • des arrêts respiratoires pendant le sommeil, parfois suivi de ronflements bruyants et/ou d'une agitation nocturne,
  • des réveils en sursaut avec la sensation de s'étouffer,
  • une somnolence diurne excessive,
  • une irritabilité et des troubles de la concentration,
  • des maux de tête au réveil,
  • des sueurs nocturnes,
  • une bouche sèche ou une gorge douloureuse au réveil,
  • des mictions fréquentes la nuit.

Voir aussi l'article : Nycturie ou pollakiurie nocturne : pourquoi j’urine beaucoup la nuit ?

Risques pour la santé de l’apnée du sommeil

L'apnée du sommeil peut avoir des conséquences importantes sur la santé :

Somnolence et troubles cognitifs

Les apnées du sommeil perturbent le cycle normal du sommeil, en particulier les phases de sommeil profond et paradoxal, qui sont essentielles pour la récupération physique et mentale. Cette perturbation peut provoquer :

  • Somnolence diurne : les personnes se sentent constamment fatiguées, même après une nuit complète, ce qui peut augmenter le risque d’accidents au travail ou sur la route.
  • Difficultés de concentration et perte de mémoire : le cerveau ne bénéficie pas d’un sommeil réparateur, ce qui peut affecter la mémoire, la prise de décision et la capacité d’attention.
  • Irritabilité et changements d’humeur : la fatigue chronique peut rendre plus sensible au stress et aux émotions négatives, impactant la vie personnelle et professionnelle.

Maladies cardiovasculaires

Le manque d’oxygène causé par les apnées répétées met le cœur et les vaisseaux sous pression. Cela augmente le risque de développer diverses maladies cardiovasculaires :

  • Hypertension : la tension artérielle peut monter, surtout la nuit, ce qui fatigue le cœur sur le long terme.
  • Arythmies nocturnes : des irrégularités du rythme cardiaque peuvent survenir pendant le sommeil, parfois sans symptômes apparents.
  • Insuffisance cardiaque : le cœur peut s’affaiblir, notamment chez les personnes déjà fragilisées par d’autres maladies cardiaques.
  • Infarctus ou AVC : le risque de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral augmente, surtout en présence d’athérosclérose ou d’autres facteurs de risque cardiovasculaires.

Voir aussi l'article : Pourquoi je me réveille toutes les nuits à 3 ou 4 heures du matin ?

Prévenir l’apnée du sommeil

On peut réduire le risque d'apnée du sommeil et atténuer ses symptômes en adoptant un mode de vie sain :

  • en maintenant un poids santé, 
  • en arrêtant de fumer,
  • en évitant l'alcool avant d'aller dormir, 
  • en évitant les somnifères et les tranquillisants, 
  • en maintenant une bonne hygiène de sommeil. 

Diagnostic de l’apnée du sommeil

Si votre médecin suspecte un syndrome d'apnée du sommeil, il vous prescrira souvent un premier test du sommeil à effectuer à domicile (test ambulatoire). 

L'appareil portable enregistrera vos données durant la nuit. Il se compose généralement de plusieurs capteurs que vous placez sur le corps : un capteur nasal, un boîtier à fixer sur votre ventre, un oxymètre à fixer au doigt pour calculer votre saturation en oxygène... Certains modèles plus complets peuvent également enregistrer le rythme cardiaque et la position de sommeil. Le lendemain, les données seront analysées par le médecin.

Si des apnées du sommeil sont diagnostiquées, une polysomnographie plus approfondie devra être effectuée dans un laboratoire du sommeil au sein d’un hôpital.

Cet examen mesurera plusieurs données : 

  • Activité cérébrale (EEG)
  • Mouvements oculaires (EOG)
  • Activité musculaire (EMG)
  • Flux d’air nasal et buccal
  • Mouvements thoraciques et abdominaux
  • Saturation en oxygène
  • Bruits de ronflement
  • Position de sommeil
  • Fonction cardiaque (ECG)

Des examens supplémentaires peuvent être réalisés pour évaluer la fonction pulmonaire ou rechercher des obstructions nasales ou pharyngées.

Traitement de l'apnée du sommeil

Mesures générales

  • Évitez alcool et sédatifs avant le coucher
  • Perdez du poids si nécessaire

Dispositif CPAP (pression positive continue)

Le traitement de référence pour les apnées modérées à sévères reste le CPAP. Le CPAP est un dispositif électrique doté d’un compresseur intégré et d’un régulateur de pression, relié par un tuyau à un masque et à un harnais de tête. Il maintient les voies respiratoires ouvertes en envoyant un flux d’air continu dans le nez et la gorge. 

Orthèse d’avancée mandibulaire (gouttière ODA)

Pour les apnées légères  (< 30 apnées/heure), un dispositif buccal (gouttière) permet d'avancer la mâchoire inférieure pendant le sommeil afin d’améliorer le passage des voies respiratoires. Cette orthèse est fabriquée sur mesure et coûte environ 900 euros. Dans certains cas, une partie des frais est remboursée par l'INAMI.

Traitement chirurgical

Les traitements chirurgicaux sont réservés à des cas spécifiques ou en cas d'apnée sévère (> 30 apnées/heure)  :

  • UPPP : intervention chirurgicale visant à réduire la quantité de tissu dans la gorge (luette et des tissus du pharynx).
  • Avancement maxillo-mandibulaire (MMA) : avancement des mâchoires pour ouvrir les voies aériennes.
  • Avancement du génioglosse (GGA) : Resserrement du tendon de la langue.
  • Neurostimulation du nerf hypoglosse : dans les cas où les autres traitements ont échoué, la neurostimulation est un dispositif qui stimule la langue pendant le sommeil, pour les cas où les autres traitements ont échoué. 

Ces traitements sont secondaires au CPAP et sont choisis en fonction de l’obstruction et de la tolérance au traitement.


Remboursements par l'INAMI

Le traitement (CPAP ou MRA) est remboursé par l'INAMI si le diagnostic est confirmé par un centre du sommeil reconnu et que l’IAH = 15. Il faut également que l'efficacité du traitement soit confirmée par un nouveau test. 

Les centres spécialisés offrent un accompagnement complet pour assurer l’efficacité du traitement et la bonne utilisation du CPAP.

Sources :
https://www.uza.be
https://www.uzleuven.be
https://kce.fgov.be
https://www.inami.fgov.be
https://www.erasme.be



Dernière mise à jour: novembre 2025

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