dossier
Les tatouages sont plus populaires que jamais. Mais au-delà de leur aspect esthétique, il est important de rappeler qu’ils ne sont pas sans risques. Infections, réactions allergiques, voire augmentation du risque de cancer : voici ce que disent les études les plus récentes.
Après un tatouage, deux personnes sur trois présentent des irritations, des démangeaisons, des croûtes ou de petits saignements. Ces réactions sont le plus souvent bénignes et disparaissent avec de bons soins.
Mais entre 0,5 et 6 % des personnes tatouées développent une véritable infection cutanée, parfois graves chez les personnes immunodéprimées ou fragilisées. Dans la majorité des cas, elles sont causées par des bactéries présentes naturellement sur la peau (staphylocoques, streptocoques).
Les mauvaises pratiques d’hygiène ou l’utilisation d’aiguilles non stériles sont évidemment des causes majeures d’infection ou de maladies (comme le VIH ou les hépatites B et C). Toutefois, l’encre elle-même peut être contaminée par des bactéries, des moisissures ou d'autres micro-organismes.
Une étude publiée en juillet 2024 a montré que jusqu’à 35 % des encres de tatouage et de maquillage permanent, même neuves et scellées, pouvaient contenir des bactéries pathogènes (Staphylococcus spp., Cultibacterium acnes, Sphingomonas paucimobilis…). Une fois injectée sous l’épiderme, elles prolifèrent et causent des infections plus ou moins graves. Le risque ne dépend donc pas seulement de l’hygiène du salon, mais aussi de la qualité et de la provenance de l’encre utilisée.
L'utilisation d'eau non stérile pour diluer les pigments (ingrédients colorants) est également une cause fréquente d’infection.
Plus les conditions d’hygiène sont strictes, plus le risque d’infection diminue. Les tatouages réalisés par des amateurs, dans des conditions précaires (voyage, festival, salon non reconnu), exposent davantage aux complications.
Voir aussi l'article : Tatouage : 11 conseils pour que tout se passe bien
Si vous présentez des signes ou symptômes d’infection (rougeurs, démangeaisons, écoulement, éruption cutanée, état grippal), consultez immédiatement votre médecin ou un dermatologue agréé. Plus tôt le traitement est commencé, moins il risque d’endommager votre santé et votre tatouage.
Voir aussi l'article : Tatouage : pourquoi il faut le signaler avant une IRM
© Getty Images
Les réactions allergiques sont assez fréquentes et concernent surtout :
Si vous envisagez un tatouage, demandez la fiche de données de sécurité (FDS) de l’encre utilisée et privilégiez les produits conformes à la réglementation européenne. Les encres conformes au règlement européen REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals) doivent fournir une FDS.
La réaction peut être immédiate ou apparaître des semaines, voire des années plus tard.
Des réactions rares mais graves peuvent également survenir : de l’urticaire, un oedème de Quincke ou encore un choc anaphylactique.
Consultez immédiatement un médecin en cas de réaction grave : vous constatez une réaction sur votre tatouage et présentez un ou plusieurs des symptômes suivants : difficulté à respirer, accélération du rythme cardiaque, oppression thoracique, étourdissements ou vertiges, maux d’estomac, gonflement intense, douleur intense, bouffées vasomotrices ou urticaire.
En cas de réaction allergique légère à modérée, informez également votre médecin sans tarder.
Voir aussi l'article : Choc anaphylactique : combien de temps pour réagir ?
Si les tatouages sont surtout connus pour provoquer des infections et des réactions allergiques, des études récentes suggèrent un lien possible avec certains cancers, notamment les lymphomes et certains cancers du sang. Ces résultats restent préliminaires et ne permettent pas d’affirmer que les tatouages provoquent le cancer, mais ils montrent qu’il faut rester prudent.
Les encres modernes contiennent un mélange de pigments, de métaux lourds (comme le cadmium, le chrome ou l’arsenic) et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques. Certaines de ces substances sont reconnues comme cancérigènes, mais toutes les encres ne contiennent pas ces composés et le risque dépend de la quantité et de la composition exacte de l’encre.
Une partie de ces pigments ne reste pas dans la peau. Ils se déplacent via le système lymphatique jusqu’aux ganglions lymphatiques, où ils s’accumulent. Cette accumulation pourrait entraîner une inflammation chronique et contribuer à augmenter le risque de lymphome. L’exposition au soleil ou aux UV peut aussi libérer certaines substances potentiellement nocives dans la peau.
Le détatouage au laser peut également libérer des pigments en petites particules. Certains composés issus de ces pigments, notamment rouges et oranges, peuvent être toxiques.
Même si le risque de cancer reste faible, il augmente avec la taille du tatouage et la quantité d’encre injectée, surtout lorsque plusieurs couleurs sont utilisées. Par ailleurs, les tatouages peuvent masquer des signes précoces de cancer de la peau, retardant le diagnostic et la prise en charge.
Les études sur les liens entre tatouage et cancers sont encore préliminaires, des recherches prospectives de grandes envergures sont en cours. Elles devront apporter des réponses plus solides que les études précédentes.
Réfléchissez bien avant de vous faire tatouer. Cela peut entraîner des risques pour la santé.
Voir aussi l'article : Qui ne devrait pas se faire tatouer ?
© Getty Images
Depuis janvier 2022, l’Union européenne limite fortement l’usage de milliers de substances toxiques (cancérogènes, mutagènes, allergisantes) dans les encres de tatouage et de maquillage permanent via le règlement REACH.
Cela a permis d’assainir une partie du marché. Mais certains pigments controversés, comme le Bleu 15:3 et le Vert 7, restent utilisés. Et des analyses récentes montrent encore la présence d’ingrédients non conformes malgré la réglementation imposée par l’UE.
 |
 |
