Les mouches : quel risque pour la santé ?

dossier D'apparence inoffensive, les mouches véhiculent des centaines d'organismes pathogènes potentiellement dangereux. Quand elles ne piquent pas, elles peuvent transmettre des maladies principalement diarrhéiques : salmonellose, infection à E. coli, parasitoses intestinales… Quels dangers les mouches représentent-elles pour la santé de l'homme ?

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Les mouches, un vecteur d'agents pathogènes

Domestiques, vertes ou bleues, il existe près de 4500 espèces de mouches en Belgique. Elles se nourrissent et se reproduisent dans les ordures, les aliments en décomposition ou les excréments.

Elles se posent ensuite n’importe où, et en particulier sur les aliments, où elles risquent de déposer des agents pathogènes (bactéries, virus, souillures...) qu’elles ont accumulés en se nourrissant. De nombreuses études ont ainsi montré que la prolifération des mouches coïncide avec des périodes où les maladies gastro-intestinales, surtout celles caractérisées par de la diarrhée, grimpent en flèche.

Certaines espèces de mouches peuvent piquer, provoquant des douleurs et des irritations. Les mouches peuvent aussi s’avérer nocives pour la santé de manière indirecte, en raison de l'utilisation d'insecticides (sprays) contenant des substances toxiques.

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Comment les mouches transmettent-elles des maladies ?

Les mouches peuvent transmettre des agents pathogènes de différentes manières selon l'espèce :

  • Par simple contact physique : les mouches peuvent abriter des agents infectieux sur l’extérieur de leur corps et les transmettre par contact physique.
  • Par le biais de leur salive : certaines mouches comme la mouche tsé-tsé injectent leur salive contaminée lorsqu'elles piquent.
  • Par leurs excréments
  • Par leur régurgitation : lorsque la mouche se pose sur notre nourriture, elle vomit avant de manger. Dans les fluides qu'elle régurgite se trouvent tous les agents pathogènes qu’elle a ingérés en se nourrissant des excréments, des sécrétions oculaires ou nasales d’autres animaux.

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Quelle mouche, quels risque ?

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© Getty Images - Mouche domestique - Musca domestica

On recense une multitude d'espèces de mouches. Voici une liste de celles que l’on retrouve le plus fréquemment.

  • La mouche domestique (Musca domestica)
    La mouche domestique est la plus connue des espèces de mouche. Elle mesure 8 mm et ne pique pas. On la reconnaît notamment à sa couleur grise et ses yeux rouges. On la qualifie de « domestica » (domestique) car elle s'introduit dans les habitations à la recherche de nourriture et d’un endroit pour pondre ses œufs.
    Musca domestica se nourrit habituellement de matières fécales, de fumier animal, de charognes et d'autres matières organiques en décomposition. D'apparence sans danger, elle véhicule pourtant plus de 130 agents pathogènes dont des bactéries (principalement), des virus, des champignons et des parasites. Ces agents se collent sur ses ailes, sa bouche, ses pattes lorsqu'elle se nourrit. Des études ont pu isoler de la surface de leur corps et/ou de leurs intestins les agents suivants : des staphylocoques, des streptocoques, E. coli, des bacilles, des shigelles, des pseudomonas, des ascaris, des giardias, des ténias... Elle transmettrait principalement des maladies gastro-intestinales.
  • La petite mouche domestique (Fannia canicularis)
    C'est l’autre espèce de mouche commune que l'on trouve dans les maisons. Plus petite que sa cousine, elle ne mesure que 4 à 6 mm. On la retrouve plus souvent dans les grandes villes. Elle ne pique pas. Elle est vectrice des mêmes germes pathogènes que la Musca domestica.

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© Getty Images - Mouche verte, Lucilia sericata

  • La mouche bleue (Calliphora erythrocephala)
    Les mouches bleues sont reconnaissables par le couleur et par le bruit de « vélomoteur » qu’elles produisent lorsqu’elles se déplacent. On les retrouve principalement dans les parages d’animaux morts et si elles ont l’occasion de pondre leurs œufs dans la maison, elles le feront sur de la viande. Elles ne piquent pas mais véhiculent également de nombreux agents pathogènes.

  • La mouche verte (Lucilia sericata)
    Elle est reconnaissable à sa coloration brillante bleu-vert ou vert-or. Elle fait partie de la famille des Calliphoridae. Elle se nourrit de chairs en décomposition. Outre les germes qu'elle transporte sur son corps, elle est aussi responsable de la myiase du mouton. Les mouches vertes pondent généralement leurs œufs dans les blessures ou le pelage souillé de l’animal. Les larves s’attaquent ensuite à la peau et causent de grandes plaies nauséabondes qui peuvent entraîner la mort du mouton. Il arrive que la mouche infecte des plaies humaines mais les cas sont rares et limités aux régions tropicales et sous-médicalisées.

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  • Les taons (Tabanidae)
    Comme les mouches, les taons appartiennent à l’ordre des diptères (insectes à deux ailes). Ils font partie des Tabanidae (tabanidés), une grande famille d’insectes suceurs de sang qui regroupe plus de 3.500 espèces différentes. Il s’agit d'insectes trapus aux grands yeux et au corps massif de 10 à 30 mm qui se nourrissent du sang de mammifères comme les vaches, les chevaux et même l'être humain. On les rencontre principalement près des plans d’eau et ils frappent surtout par temps chaud et en l’absence de vent. Les femelles possèdent une trompe très pointue qui leur permet de piquer même au travers des vêtements. La morsure peut passer inaperçue ou provoquer un urticaire de plusieurs centimètres de diamètre. Les principaux taons sont le taon des bœufs (Tabanus bovidus), le taon des pluies (Haematopota) et le taon aux yeux d’or (Chrysops). Seuls les deux derniers piquent l’homme. Le premier s’attaque aux jambes et aux bras, le deuxième à la tête. Le taon ne fait généralement pas de bruit lorsqu’il s’approche de sa proie et ne s’enfuit pas directement, contrairement au moustique.

  • La mouche piquante ou mouche charbonneuse (Stomoxys calcitrans)
    Elle ressemble à la mouche domestique sauf que, comme son nom l'indique, elle pique pour se nourrir du sang humain ou animal. Elle possède une trompe noire et brillante très pointue qu’elle allonge en permanence vers l’avant. On la retrouve principalement à la campagne, notamment dans les étables. Très agressive, elle pique surtout le bétail et parfois l’homme, surtout aux jambes et même à travers les vêtements. La piqûre est relativement douloureuse. Cette mouche se nourrit une ou deux fois par jour, en suçant le sang de l'animal pendant 15 minutes. Elle serait l'un des vecteurs de la bactérie Bacillus anthracis, responsable de la maladie du charbon (fièvre charbonneuse). Cette affection est mortelle chez les animaux non traité et potentiellement dangereuse pour l'homme dans sa forme intestinale bien que rare. 

  • La petite mouche piquante (Haematobia irritans)
    Ces mouches sont présentes en grande quantité sur le bétail. Il faut savoir que 50 mouches piquantes charbonneuses ou 200 petites mouches piquantes qui s’attaquent à une vache peuvent entraîner une production avariée de viande ou de lait. Ce type de mouche est toutefois facile à combattre avec des insecticides.

  • L'Hippobosque (Hippobosca) ou la mouche plate
    L'Hippobosque, aussi appelée mouche plate, est la mouche redoutée des éleveurs. A l'âge adulte, elle s'accroche à son hôte de prédilection, à savoir le cheval (mais aussi l'âne ou la vache), et lui suce son sang. Plus rarement, elle peut piquer l'homme. 

  • Le Lipoptène du cerf (Lipoptena cervi) ou mouche du cerf
    Le lipoptène du cerf se rencontre dans les régions boisées de toute l'Europe. Son corps est plat et elle est très difficile à attraper. En principe, cette mouche s'attaque aux cervidés dont elle suce le sang. Elle peut néanmoins s’agripper aux vêtements et aux cheveux de l'homme pour ensuite le piquer. En cas de piqûre, la mouche peut transmettre la bactérie Bartonella schoenbuchensis responsable de la dermatite du chevreuil. Si, sur le moment, la morsure est à peine perceptible, un bouton rouge apparaît après 3 jours. Il s'accompagne de démangeaisons intenses qui durent 14 à 20 jours. Une papule prurigineuse peut persister durant un an.

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  • La mouche d’automne (Musca autumnali)
    La mouche d’automne est porteuse du gène pathogène Moraxella bovis, qui provoque une kératoconjonctivite bovine infectieuse, également appelée pink-eye. On la retrouve surtout, comme son l’indique, en automne, lorsqu'elle gravite autour de la tête des vaches pour se nourrir de liquide lacrymal. Elle est sans danger pour l’homme.


  • Les mouches tropicales
    Les larves de certaines mouches utilisent l’être humain comme hôte. C’est ainsi qu’en Afrique, des mouches pondent leurs œufs sur le linge qui sèche à l’extérieur des habitations. Elles parviennent ainsi à pénétrer la peau pour provoquer des myiases, des sortes de furoncles qui entraînent de fortes irritations. En Amérique du Sud, en revanche, les larves atterrissent sur la peau via les feuilles ou d'autres insectes. Un bon moyen de retirer la larve consiste à enduire la peau de vaseline. Sinon, il faut procéder à une petite incision, suivie d'une désinfection minutieuse.


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Conseils pour se débarrasser des mouches ?

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  • Conseil de base : bien fermer les portes et les fenêtres, ou les équiper d'une moustiquaire.
  • Ne pas laisser de nourriture et de boisson à l’air libre.
  • Les mouches doivent entrer le moins possible en contact avec les aliments et la vaisselle pour éviter la transmission d’agents pathogènes.
  • Les poubelles doivent être fermées hermétiquement.
  • Nettoyez les endroits où évoluent vos animaux domestiques, en prêtant une grande attention aux excréments, l'un des supports de reproduction favoris des mouches.
  • Utilisez de préférence des rouleaux tue-mouches plutôt qu'un insecticide de type spray.

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Comment éviter les piqûres de mouches ?

  • Dans les endroits où il y a beaucoup de taons, il est conseillé de porter des vêtements à longues manches et des pantalons. Portez de préférence des textiles de couleurs claires suffisament épais.
  • S’il fait très chaud, restez au frais et à l’ombre, car les mouches sont attirées par la transpiration.
  • Un répulsif contre les moustiques à base de DEET fonctionne parfaitement contre les taons et les mouches piquantes.

Voir aussi l'article : Piqûre de guêpe ou d'abeille : que faire ?

Sources

https://www.ncbi.nlm.nih.gov
https://www.mdpi.com
https://www.umass.edu
https://www.efsa.europa.eu
https://journals.asm.org



Dernière mise à jour: juillet 2023
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