Aliments à calories négatives pour maigrir, c’est possible ?
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La théorie des calories négatives part du principe que certains aliments, comme le céleri, le pamplemousse ou le concombre, demandent plus de calories pour être digérés et assimilés que la quantité de calories qu’ils fournissent. Cela voudrait dire que manger ces aliments fait mathématiquement maigrir. Mais est-ce possible ? Que dit la science ? Personne n’est mieux placé que le Dr Eric Maerteleire, expert en nutrition et auteur de différents livres sur la santé, pour nous fournir une réponse claire.
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Que sont les aliments à « calories négatives » ?

© Getty Images / 'negatieve calorieën' in selder en appel?
« Le concept est apparu en 1999 quand des chercheurs de l’université de Genève ont découvert que les catéchines, des substances présentes dans le thé vert, inhibaient une enzyme (la catéchol-O-méthyltransférase) qui décompose la norépinéphrine. La noradrénaline stimule la combustion des graisses et la thermogenèse (production de chaleur). Cela a conduit à l'hypothèse selon laquelle le thé vert pourrait inciter le corps à consommer des calories supplémentaires. Plus tard, des études ont révélé que le thé vert pouvait soutenir l’amaigrissement, mais il n’était pas question d’équilibre énergétique négatif. Malgré tout, l’idée de calories négatives était née.
Selon les partisans de cette idée, certains aliments comme le céleri, le concombre et le pamplemousse contiennent tellement peu de calories que le corps utiliserait plus d'énergie pour les digérer qu'ils n'en fournissent. C’est souvent associé à l’effet thermique des aliments (TFE), soit à l’énergie dont le corps a besoin pour la digestion, l’absorption et le métabolisme des nutriments. »
L’effet thermique de l’alimentation (TEF)
Les aliments contiennent des macronutriments tels que des glucides, des lipides et des protéines, qui fournissent de l’énergie. Cependant, la digestion de ces macronutriments nécessite également de l’énergie :
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« Cela signifie que les aliments riches en protéines nécessitent plus d'énergie pour être digérés que les graisses et les glucides. Cependant, même si l'on brûle les aliments de la manière la plus efficace qui soit, cela ne conduit jamais à un bilan calorique négatif. Par ailleurs, certains pensent que l'énergie nécessaire à la mastication peut contribuer à un bilan calorique négatif. La recherche suggère que la mastication consomme environ 11 kcal par heure, mais cet effet est trop faible pour être perceptible. »
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Donc, les calories négatives n’existent pas ?
« Malheureusement, des recherches scientifiques ont montré qu'il n’existait pas d’aliments à calories négatives. Voici les résultats de quelques études :
- Céleri : une étude publiée par Proceedings of the Nutrition Society révèle que l’ingestion de céleri est presque entièrement compensée par l’effet thermique mais pas complètement.
- Pommes : The American Journal of Clinical Nutrition a démontré que les pommes, malgré leur forte teneur en eau et en fibres, n’entraînaient pas d’équilibre calorique négatif.
- Pamplemousse : une étude du Journal of the American Dietetic Association a montré une augmentation du métabolisme après la consommation du pamplemousse, mais pas suffisamment pour créer un bilan négatif.
Bien qu’il n’existe pas d’aliments à calories négatives, les aliments à faible teneur en calories comme les fruits et les légumes constituent un choix sain. Ils sont faibles en calories, riches en eau et en fibres et peuvent aider à la gestion du poids sans attentes irréalistes quant à leur effet.
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- La théorie des calories négatives repose sur la faible teneur en calories de certains aliments : ils en contiendraient moins que la quantité d’énergie requise pour digérer et assimiler le repas. L’idée est séduisante mais ce n’est qu’une théorie.
- Sur base de la littérature scientifique disponible, il n’existe aucune preuve consistante de l’existence de calories négatives. Bien que certains aliments comme le céleri, les pommes et le pamplemousse soient très pauvres en calories et aient un effet thermique, l’énergie requise pour les digérer, les absorber et les métaboliser ne compense pas leur apport calorique.
- Certains aliments à faible teneur calorique mais contenant beaucoup de fibres et d’eau peuvent contribuer au contrôle du poids et à une alimentation saine. Ils peuvent rassasier et limiter l’ingestion calorique, ce qui est déjà positif pour les personnes qui souhaitent maigrir, mais ils ne sont pas des remèdes-miracles.
- Des études plus rigoureuses sont nécessaires pour comprendre la dépense énergétique exacte engendrée par la digestion et le métabolisme de différents nutriments. Des méthodes avancées comme la calorimétrie indirecte peuvent aider à mieux mesurer les calories avalées et à mieux comprendre l’effet thermique de la nourriture.
- En attendant, il est important de garder un régime équilibré et varié, basé sur des directives étayées scientifiquement, au lieu de faire confiance au concept des aliments contenant des calories négatives.
Dulloo Abdul G, Duret Claudette, Rohrer Dorothée, Girardier Lucien, Mensi Nouri, Fathi Marc, Chantre Philippe, Vandermander Jacques (1999). Efficacy of a green tea extract rich in catechin polyphenols and caffeine in increasing 24-h energy expenditure and fat oxidation in humans. The American Journal of Clinical Nutrition. Volume 70, Issue 6, December, Pages 1040-1045