Migraine : quel rôle joue l’alimentation ?

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La migraine est une forme fréquente de mal de tête, qui touche pas moins de 15 % de la population. De nombreux patients migraineux sont convaincus que certains aliments ou composants alimentaires peuvent déclencher une crise de migraine. Mais est-ce vraiment le cas ? Quel rôle joue l'alimentation sur la survenue des crises de migraine ?

Voir aussi l'article : Les différentes sortes de migraine

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© Getty Images

La migraine se caractérise par des crises répétées de maux de tête modérés à sévères, pulsatifs, accompagnés de nausées et/ou de vomissements, qui s’aggravent avec l’activité physique comme monter les escaliers. Il y a souvent une hypersensibilité à la lumière et au bruit. La migraine résulte d’un type de court-circuit dans le tronc cérébral, qui peut être déclenché par des stimuli (ou "déclencheurs") tels qu’un manque de sommeil, les menstruations, une exposition à une lumière vive ou à de la musique forte, un changement de temps, etc. Les déclencheurs varient d’une personne à l’autre. Ils peuvent aussi changer au cours de la vie. Parfois, une combinaison de plusieurs facteurs est nécessaire. Et très souvent, il n’y a pas de cause identifiable.

Voir aussi l'article : Quelles odeurs sont les plus susceptibles de provoquer une migraine ?

Alimentation et migraine

Parmi les aliments souvent désignés comme déclencheurs de migraine, on retrouve :

  • Les produits contenant des amines vasoactives, comme la tyramine, l’histamine, la phényléthylamine : fromages affinés, aliments fermentés, charcuteries, chocolat et cacao, vin rouge, ail...
  • Les aliments contenant du glutamate monosodique, un exhausteur de goût souvent utilisé dans la cuisine chinoise. Les glutamates sont aussi naturellement présents dans de nombreux aliments riches en protéines,
  • Les aliments contenant des nitrites, comme les viandes et poissons transformés,
  • Les produits contenant des sulfites, comme le vin et la viande rouge,
  • Les légumes riches en nitrates : épinards, roquette, laitue, cresson, betteraves, radis, céleri...
  • L’alcool, notamment le vin rouge et la bière,
  • L’aspartame, un édulcorant artificiel,
  • Les produits contenant de la caféine, comme le café, le thé, le coca et les boissons énergisantes.

À ce jour, il est difficile d’apporter une preuve scientifique solide pour chacun de ces aliments en tant que déclencheur. Pour certains, comme la caféine et l’alcool, il existe davantage de données que pour d’autres.

Cela ne signifie pas qu’ils ne jouent aucun rôle. La sensibilité à certains aliments est très individuelle.

Voir aussi l'article : Migraine et mal de tête : trop ou pas assez de caféine ?

Quel est le rôle de l'alimentation dans la survenue des migraines ?

Les aliments peuvent être plus que de simples déclencheurs de migraine. Voici deux autres rôles potentiels :

Phase prodromique

Une des explications possibles est que ce n’est pas l’aliment qui provoque une crise, mais que certaines personnes ont des envies particulières dans les heures précédant une crise de migraine (la phase prodromique), par exemple une envie de chocolat. Si l’on cède à cette envie et qu’une crise se produit ensuite, on pourrait croire à tort que le chocolat est le responsable, alors que l’envie était en réalité un symptôme précoce de la crise.

Pour savoir si un aliment est réellement un déclencheur, il est utile d’observer ce qu’il se passe lorsqu’on ne cède pas à cette envie. Si la migraine survient malgré tout, cela indique que la crise avait déjà commencé (prodrome).

Intolérance alimentaire

On sait que certaines personnes peuvent être hypersensibles à certains composants alimentaires, comme les amines vasoactives, les nitrites et les sulfites. On parle alors d’intolérance alimentaire ou de pseudo-allergie.

Une intolérance alimentaire peut provoquer des maux de tête, mais elle est souvent accompagnée d’autres symptômes comme des démangeaisons, des éruptions cutanées, des crampes abdominales, des vomissements, etc.

Si vous suspectez une intolérance alimentaire, il est conseillé de consulter un médecin spécialisé en allergologie.

Voir aussi l'article : Témoignage sur la migraine : chez le neurologue

Habitudes alimentaires et migraine

Ce qui est certain, c’est que certaines (mauvaises) habitudes alimentaires peuvent jouer un rôle important dans le déclenchement des crises.

Manger trop peu

La crise de migraine peut être due au jeûne, à un régime ou au fait de sauter ou de retarder un repas.

Ces pratiques peuvent entraîner une hypoglycémie (taux de sucre trop bas dans le sang) et une production accrue de sérotonine. La sérotonine est un neurotransmetteur (substance chimique qui assure la communication entre les neurones), impliqué entre autres dans les dépressions.

Quand votre taux de sucre est trop bas, le flux sanguin vers votre cerveau augmente pour lui fournir suffisamment de glucose, ce qui peut stimuler les cellules cérébrales et déclencher une migraine.

Les fluctuations du taux de sucre (par exemple sauter un repas puis consommer une collation sucrée ou manger une pizza après une nuit blanche) peuvent aussi favoriser une crise.

Il se peut par exemple que vous pensiez que le vin blanc ou rouge que vous avez bu lors d’une fête provoque la migraine, alors que le véritable déclencheur est que vous n’avez pas mangé, mangé trop tard ou êtes simplement fatigué(e).

Recommandations :

  • Manger régulièrement.
  • Ne pas sauter de repas (notamment le petit-déjeuner).
  • Ne pas retarder les repas : si vous mangez habituellement à 19h mais avez une fête et ne passez à table qu’à 21h, mangez quelque chose de léger vers 19h.

Boire trop peu

Cela peut entraîner des symptômes de déshydratation.

Conseil : boire au moins 1,5 à 2 litres d’eau par jour.

Voir aussi l'article : Mal de tête et migraine chez l'enfant : comment reconnaître les symptômes ?

Calendrier des migraines

Pour découvrir quels sont vos propres déclencheurs et déterminer si l’alimentation joue un rôle dans la survenue de vos migraines, vous pouvez tenir un journal des maux de tête pendant environ trois mois.

Notez chaque jour :

  • si vous avez eu mal à la tête,
  • la sévérité et la durée de la douleur,
  • la présence d’autres symptômes.

Consignez aussi les événements de la journée : ce que vous avez fait, comment vous avez dormi, votre niveau de stress, ce que vous avez mangé (y compris les collations et sucreries), si vous avez sauté un repas, si vous avez bu du café (ou d’autres boissons contenant de la caféine) et en quelle quantité, les médicaments pris, les informations concernant votre cycle menstruel, etc.

Les 6 à 8 heures précédant une crise sont particulièrement importantes : essayez de noter ce qui s’est passé durant cette période aussi précisément que possible.

Vous pouvez aussi en tenir un en version numérique via une application, comme MigraineManager ou l'application APO.

Voir aussi l'article : Comment prévenir l'apparition d'une crise de migraine ?

Sources :
www.health.harvard.edu
www.nlm.nih.gov
www.nhs.uk
www.migrainetrust.org
www.thuisarts.nl
www.apb.be
lib.ugent.be
www.hoofd-stuk.be

Source: Mik Ver Berne, président de l'organisation à but non lucratif Hoofd-Stuk, une association pour les personnes souffrant de maux de tête auteur : Sofie Van Rossom - journaliste santé

Dernière mise à jour: août 2025

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