Hyperperméabilité intestinale : l’intestin qui fuit

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L’hyperperméabilité intestinale, également appelée syndrome de l’intestin qui fuit (leaky gut syndrome en anglais), n’est actuellement pas reconnue comme un diagnostic médical officiel. Ce concept repose sur l’idée que la paroi intestinale pourrait devenir plus perméable que la normale, laissant passer dans le sang certaines substances néfastes. Ce phénomène serait plus fréquent dans certaines maladies gastro-intestinales. Lesquelles ?

Qu’est-ce que le syndrome de l’intestin qui fuit ?

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© Getty Images / Hyperperméabilité intestinale : l’intestin qui fuit

L’hyperperméabilité intestinale est une théorie qui soutient que la paroi intestinale de certaines personnes peut être trop poreuse ou, de manière plus imaginée, qu’elle fuit. 

La perméabilité intestinale est présente chez tout le monde, puisqu’elle permet de faire passer les nutriments et l’eau dans le sang. Mais chez les personnes atteintes d’hyperperméabilité intestinale, cette barrière est endommagée, ce qui permettrait aussi à des substances plus grosses, potentiellement nocives, de « fuir » dans la circulation.

En temps normal, la paroi intestinale nous protège contre les bactéries et les toxines. Elle occupe ainsi un rôle important dans notre système immunitaire. 

Selon la théorie, une paroi intestinale endommagée permettrait à des toxines de pénétrer dans la circulation sanguine, ce qui pourrait entraîner des inflammations et divers problèmes de santé.

Bien que cette explication paraisse convaincante, il n’existe pas encore de preuve scientifique que l’hyperperméabilité intestinale soit une maladie réelle ou qu’elle provoque d’autres affections. Ce n’est pour l’instant pas un diagnostic médical reconnu.

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Quelles maladies sont associées à l’hyperperméabilité intestinale ?

Une augmentation de la perméabilité intestinale est observée dans des maladies inflammatoires et auto-immunes du système digestif, comme la maladie cœliaque, la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Dans ces pathologies, l’intestin perméable est surtout considéré comme un symptôme, et non comme une cause.

Certains avancent également qu’un « intestin qui fuit » pourrait être à l’origine d’autres troubles, tels que l’obésité, le diabète, l’arthrite, le syndrome de fatigue chronique (SFC), l’asthme et la fibromyalgie. Des problèmes de peau comme l’acné et des troubles psychiques comme la dépression et les troubles de l’humeur sont parfois aussi associés à une barrière intestinale fragilisée.

Les scientifiques trouvent parfois des substances bactériennes dans le sang de personnes atteintes de maladies intestinales ou hépatiques, ce qui peut indiquer une porosité intestinale. Cependant, rien ne prouve encore que cette fuite elle-même soit à l'origine de la maladie.

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Causes de l’hyperperméabilité intestinale

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© Getty Images

Comme l’hyperperméabilité intestinale reste un mystère médical, des spécialistes tentent encore de découvrir ce qui le déclenche. Une protéine du nom de zonuline intervient : elle régule la perméabilité de la paroi intestinale et peut entraîner des fuites plus importantes chez certains patients, surtout s’ils souffrent du syndrome du côlon irritable ou d’une maladie cœliaque.

D’autres facteurs peuvent aussi affaiblir la barrière intestinale et accroître sa porosité : la consommation excessive de sucre, d’alcool, l’utilisation prolongée d’AINS, des carences en vitamines A et D, en zinc, des inflammations chroniques, le stress, une perturbation de la flore intestinale et un excès de levures.

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Symptômes de l’hyperperméabilité intestinale

Aucun symptôme particulier ne caractérise cette perméabilité intestinale accrue. Les symptômes possibles sont :

  • sensation de brûlure dans l’abdomen, 
  • douleurs abdominales,
  • digestion douloureuse,
  • diarrhée,
  • gaz et ballonnements,
  • fatigue,
  • hypersensibilité à certains aliments.

Certains experts estiment qu’un intestin qui fuit peut être à l’origine de symptômes en-dehors des intestins, comme de la fatigue, des problèmes cutanés ou des sautes d’humeur. Mais il n’existe là encore aucune preuve tangible.  

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Diagnostic de l’hyperperméabilité intestinale

Il n’existe aucun test standard pour diagnostiquer l’intestin perméable, ce qui contribue au fait qu’il ne soit pas reconnu comme un diagnostic officiel. Les méthodes étudiées incluent :

  • Analyse d’urine : après absorption d’une solution sucrée, on mesure la quantité de glucides dans l’urine.
  • Analyse sanguine : mesure des anticorps ou endotoxines.
  • Biopsie de la paroi intestinale : mesure du transport d’ions en laboratoire.
  • Endomicroscopie : endoscopie avancée avec produit de contraste.

Traitement de l’hyperperméabilité intestinale

Le seul traitement reconnu consiste à s’attaquer aux affections sous-jacentes, comme la maladie cœliaque. Les soins qui se concentrent sur la seule paroi intestinale n’ont aucun effet scientifiquement prouvé. La médecine complémentaire considère souvent le rétablissement de la santé de la paroi comme le premier pas dans le traitement de symptômes chroniques, mais la médecine classique ne reconnaît pas encore ce point de vue.

Des recherches sont en cours sur des moyens susceptibles de soutenir la muqueuse intestinale. Parmi les pistes explorées :

  • Probiotiques : ils pourraient aider à rétablir l’équilibre bactérien.
  • Prébiotiques : ils servent de nourriture pour les bonnes bactéries intestinales (surtout les fibres).
  • Réduction des graisses et du sucre : ces nutriments nourrissent les « mauvaises » bactéries.
  • Alimentation et compléments : la vitamine D et la L-glutamine pourraient jouer un rôle bénéfique.
  • Régime pauvre en FODMAPs : peut apporter un répit temporaire chez les personnes sensibles.

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Sources :

https://my.clevelandclinic.org
https://www.health.harvard.edu
https://www.healthline.com

auteur : Lotte Poté - journaliste santé

Dernière mise à jour: septembre 2025

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