- dossierGroupes sanguins : hérédité, rarereté, don et répartition en Belgique
- dossierSyndrome métabolique : une combinaison de problèmes métaboliques
- dossierUrine noire ou très foncée : causes, symptômes et traitement de l'alcaptonurie
- dossierVaccin contre l'hépatite A : durée de la protection, pour qui, effets secondaires
Test de la fonction hépatique : pourquoi ces valeurs anormales ?
- Que sont des valeurs hépatiques anormales ?
- Causes des maladies du foie
- Quand faut-il faire un test de la fonction hépatique ?
- Les tests de la fonction hépatique les plus importants
- 1. Transaminases : ALAT et ASAT
- 2. Gamma-GT (gamma-glutamyltransferase ou GGT)
- 3. Phosphatase alcaline (PAL ou ALP)
- 4. Temps de prothrombine (TP ou temps de coagulation)
- 5. Bilirubine
- 6. Albumine
- 7. Ammoniac
- LDH (acide lactique déshydrogénase)
dossier
Un test de la fonction hépatique est une analyse sanguine qui permet d'évaluer la santé du foie. Le médecin mesure les concentrations sanguines de différentes enzymes hépatiques, telles que les transaminases Alanine-Amino-Transférase (ALAT), Aspartate-Amino-Transférase (ASAT), Gamma-GT et Alkaline-Phosphatase (AF), mais aussi les protéines telles que l'albumine et la bilirubine. Des valeurs anormales peuvent être un premier signe de maladie du foie, avant même l'apparition de symptômes.
Que sont des valeurs hépatiques anormales ?
Chez les personnes en bonne santé, les valeurs de la fonction hépatique se situent dans certaines limites normales ou valeurs de référence (qui peuvent varier légèrement selon les laboratoires). Un test hépatique anormal doit toujours être pris en compte comme un possible signe de trouble de la fonction hépatique, même en l’absence de symptômes. Aux premiers stades d’une maladie du foie, il n’y a généralement pas encore de plaintes physiques, même si les valeurs du foie sont déjà modifiées. Les manifestations physiques apparaissent surtout lorsque le foie est déjà gravement atteint.
Environ 1 à 4 % des personnes asymptomatiques présentent des valeurs anormales lors des tests de la fonction hépatique. Par conséquent, un test anormal doit toujours être répété. Si les valeurs sont à nouveau anormales, des examens complémentaires sont nécessaires. L'ampleur de l'augmentation et la relation entre les différentes valeurs hépatiques donnent une première indication du type ou de la cause de la maladie hépatique.
Pour établir un diagnostic définitif, d'autres examens sont nécessaires :
- des analyses sanguines (pour détecter une infection par l'hépatite A, B, C, D ou E, par exemple),
- une échographie du foie
- dans certains cas, une biopsie du foie.
Voir aussi l'article : Que faut-il savoir sur les 5 principaux types d’hépatites virales ?
Causes des maladies du foie

Les causes les plus fréquentes de lésions hépatiques aiguës sont :
- l’hépatite virale (en particulier les hépatites A, B ou E)
- une consommation excessive de certains médicaments (par exemple, du paracétamol à dose trop élevée)
- dans de rares cas, la maladie de Wilson ou l’hépatite auto-immune peuvent aussi débuter par une atteinte hépatique aiguë.
Parmi les causes de lésions hépatiques chroniques les plus fréquentes figurent :
- la consommation excessive d’alcool
- la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD),
- les hépatites B et C chroniques
- l'utilisation à long terme de médicaments toxiques pour le foie.
Des causes plus rares incluent l’hépatite auto-immune, l’hémochromatose, la maladie de Wilson et le déficit en alpha-1 antitrypsine.
Des tests hépatiques anormaux ne signifient pas toujours une maladie du foie : un problème des voies biliaires (calculs, obstruction) ou du pancréas peut également être en cause.
Voir aussi l'article : NASH ou NAFLD : c’est quoi la maladie du foie gras ?
Quand faut-il faire un test de la fonction hépatique ?
- En cas de signes spécifiques ou de suspicion d'une maladie hépatique aiguë ou chronique, par exemple jaunisse, douleurs abdominales supérieures, hypertrophie du foie…
- En cas de fatigue prolongée.
- Même sans signes de maladie du foie, en situation de risque d'hépatite virale due à des rapports sexuels non protégés, la consommation de drogues par voie intraveineuse, une transfusion sanguine avant 1992, une blessure par piqûre d'aiguille.
- En cas de prise prolongée de statines ou d'autres médicaments pouvant être toxiques pour le foie.
- Chez les personnes présentant un risque accru de maladie du foie, c’est-à-dire souffrant de diabète, de troubles du métabolisme des graisses (dyslipidémie) et d'obésité, ou dans le cas de la consommation excessive d'alcool.
Les tests de la fonction hépatique les plus importants
En pratique, deux tests suffisent souvent à détecter une éventuelle atteinte hépatique : l'ALT (ou ALAT) et la gamma-GT (GGT).
Si ces valeurs sont anormales, surtout de façon répétée, d’autres tests et examens complémentaires (échographie, sérologies virales, etc.) sont nécessaires.

1. Transaminases : ALAT et ASAT
L'ALT (ou alanine-aminotransférase ou ALAT ou SGPT) et l'AST (aspartate aminotransférase ou ASAT) sont des enzymes présente principalement dans les cellules du foie. Lorsque les cellules du foie sont endommagées, les enzymes s'en échappent et infiltrent le sang. Une augmentation des taux d'ALAT et d'ASAT est alors visible dans le sang lors de l'analyse en laboratoire. Cela peut indiquer une atteinte du foie. Des transaminases même légèrement élevées nécessitent toujours des examens complémentaires.
- En cas de lésion hépatique aiguë (par exemple, hépatite virale) : les transaminases peuvent augmenter jusqu'à > 10 fois la limite supérieure.
- Dans les maladies chroniques du foie : l’augmentation est généralement plus légère (< 5 fois la limite supérieure).
- L'ALAT est généralement plus élevé que l'ASAT, sauf dans l'hépatite alcoolique, où l'ASAT > ALAT (le rapport ASAT/ALAT est souvent > 2).
- L'ALAT se trouve principalement dans le foie, et moins dans les reins, le cœur et les muscles. Un taux élevé indique presque toujours des problèmes hépatiques.
- L'ASAT est également présente dans les muscles cardiaques et squelettiques. Une augmentation de ce taux peut donc aussi indiquer un autre problème qu'une maladie du foie, comme des troubles musculaires ou cardiaques.
Valeurs standard
- ALAT : < 45-50 U/l chez les hommes, < 35-40 U/l chez les femmes
- ASAT : < 35-45 U/l chez l'adulte
Une augmentation significative de l'ALAT (plus de 5 fois la normale) suggère fortement une atteinte hépatique (aiguë). Des examens complémentaires sont alors nécessaires, notamment pour l'hépatite B ou C.
Interprétation des transaminases
ALAT légèrement élevée (jusqu'à 1,5 fois la limite supérieure) :
- Aucune plainte : répéter après 1 mois. Si le taux reste élevé, des examens complémentaires sont nécessaires.
- Si vous avez des plaintes ou des facteurs de risque : test d’hépatite immédiat.
ALT modérément élevée (1,5 à 5x) :
- En cas de risque d'hépatite : dépistage viral.
- Lors de l’utilisation de médicaments : arrêtez temporairement, puis refaites le test.
- ASAT > ALAT : Envisager une hépatite alcoolique, notamment en cas de consommation régulière d’alcool.
- ALAT > ASAT : envisager une NAFLD ou une NASH, notamment en cas d’obésité ou de diabète.
ALAT très élevé (> 5x) :
- Besoin urgent de recherches supplémentaires sur les infections ou les intoxications.
Remarque : Les taux de transaminases ne sont pas toujours corrélés à la gravité des lésions hépatiques. Même avec des valeurs normales, le foie peut être gravement atteint.
2. Gamma-GT (gamma-glutamyltransferase ou GGT)
La gamma-GT est une enzyme produite principalement par le foie et impliquée dans le transport des acides aminés et la dégradation du glutathion. Son taux sanguin peut augmenter dans presque tous les troubles hépatiques. La gamma-GT est donc un marqueur utile de la fonction hépatique, notamment en cas de suspicion d'hépatopathie chronique. Elle est souvent mesurée en association avec l'ALAT (alanine aminotransférase).
Valeurs de référence des gamma-GT
Les valeurs de référence pour les gamma-GT (GGT) varient légèrement d'un laboratoire à l'autre, mais sont généralement :
- Hommes : < 45 U/l (souvent 7–40 U/l)
- Femmes : < 35 U/l (souvent 7–28 U/l)
Signification de valeurs gamma-GT trop élevées
Une augmentation du taux de gamma-GT (sans autres valeurs hépatiques anormales) peut indiquer un problème hépatique causé par la consommation d'alcool ou par certains médicaments tels que les antiépileptiques. Elle survient également en cas de stéatose hépatique, de diabète et d'obésité sévère.
- Une valeur gamma-GT deux fois plus élevée que la normale, ainsi qu'une valeur ASAT deux fois plus élevée que la valeur ALAT, indiquent presque certainement un problème d'alcoolisme chronique.
- Lorsque la valeur de la gamma-GT est élevée et que l'ALT>AST, il faut envisager une stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD/NASH).
Une valeur gamma-GT significativement élevée , en particulier en association avec une phosphatase alcaline (PAL) élevée, peut indiquer une cholestase (une perturbation du flux biliaire), par exemple en raison de :
- calculs biliaires
- un rétrécissement (sténose) des voies biliaires
- tumeurs ou autres anomalies obstructives des voies biliaires
Chez certaines femmes, le gamma-GT peut également être légèrement élevé sous l’influence de contraceptifs oraux ou d’œstrogènes.
Voir aussi l'article : Comment faire baisser un taux de gamma GT trop élevé ?
3. Phosphatase alcaline (PAL ou ALP)
La phosphatase alcaline (PAL) est une enzyme présente en grande quantité dans les cellules impliquées dans la formation osseuse et dans le foie, en particulier dans les cellules qui tapissent les voies biliaires. Un taux élevé de PAL dans le sang peut indiquer une atteinte hépatique ou osseuse, ou une obstruction des voies biliaires.
Valeurs de référence de la PAL
Chez l'adulte, la valeur normale de la PAL est généralement inférieure à 125 U/L. Les limites exactes peuvent varier selon les laboratoires.
Significations de valeurs PAL trop élevées
Une concentration élevée de PAL peut indiquer divers troubles hépatiques, biliaires ou osseux. Le dosage de la PAL est particulièrement recommandé :
- lorsque le gamma-GT est également élevé,
- ou chez les patients présentant des signes ou symptômes évoquant une maladie du foie.
Causes possibles d’une augmentation du niveau de PAL :
- PAL élevée avec ALAT et ASAT normaux :
Cela indique une affection des voies biliaires (cholestase). Les causes possibles incluent l'obstruction des grandes voies biliaires par des calculs biliaires ou des troubles des petites voies biliaires, causés par certains médicaments, par exemple. En cas de doute, il est recommandé d'arrêter temporairement tous les médicaments non essentiels.
Chez les femmes d'âge moyen, une cholangite biliaire primitive (CBP), une maladie auto-immune qui touche les petits canaux biliaires, doit également être envisagée. En cas de suspicion, le médecin effectuera un test de dépistage des anticorps antimitochondriaux (AMA).
- Légère élévation de la PAL avec taux élevé de l'ALAT et de l'ASAT :
Ce schéma peut être cohérent avec une stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) ou une stéatohépatite non alcoolique (NASH), une inflammation du foie causée par une accumulation de graisse dans le foie.
- Autres origines de taux de PAL élevé :
La phosphatase alcaline est également produite dans les cellules intestinales, rénales, placentaires et osseuses. Un taux élevé peut donc être lié à une grossesse ou à une poussée de croissance pendant la puberté. Dans ces cas, la gamma-GT est généralement normale, ce qui permet d'exclure une maladie hépatique.
Voir aussi l'article : 5 choses à savoir sur le foie
4. Temps de prothrombine (TP ou temps de coagulation)

Le temps de prothrombine (TP) est un test sanguin utilisé pour déterminer si la coagulation sanguine est normale, retardée ou accélérée. Le foie joue un rôle central dans ce processus, car il produit divers facteurs de coagulation essentiels à une bonne coagulation sanguine.
Le temps de prothrombine est mesuré pour déterminer le temps nécessaire au sang pour coaguler. Un temps de coagulation prolongé peut indiquer une production insuffisante de facteurs de coagulation par le foie, ce qui peut indiquer une atteinte hépatique ou une insuffisance hépatique. Un temps de prothrombine supérieur de plus de quatre secondes à la valeur de référence peut indiquer une atteinte hépatique grave.
Causes valeurs anormales de TP/INR
- En cas d'atteinte hépatique aiguë (par exemple, due à une hépatite ou à une intoxication) : si le taux d'ALAT est plus de dix fois supérieur à la valeur de référence, un test de coagulation doit être réalisé dès que possible, de préférence en utilisant l'INR (Rapport Normalisé International), surtout en cas de symptômes tels que fièvre, nausées ou confusion. Un INR > 1,31 indique un trouble sévère de la coagulation et un risque accru d'insuffisance hépatique aiguë. Dans ce cas, le patient doit être hospitalisé immédiatement.
- Dans les maladies chroniques du foie (telles que la cirrhose) : un TP ou un INR élevé indique souvent une insuffisance hépatique progressive et peut être un signe que la maladie a évolué vers une cirrhose hépatique avancée.
- Autres causes d’un temps de prothrombine prolongé : Une augmentation du TP ou de l’INR peut également survenir avec l’utilisation d’anticoagulants (comme la warfarine), une carence en vitamine K ou une déficience congénitale de certains facteurs de coagulation.
Voir aussi l'article : Cirrhose du foie : causes, symptômes, traitement
5. Bilirubine

La bilirubine se forme lors de la dégradation des globules rouges, plus précisément à partir de l'hémoglobine, un pigment sanguin. Elle est absorbée par le foie, où elle est transformée en une forme hydrosoluble. Elle est ensuite excrétée dans la bile, puis dans la vésicule biliaire, avant d'être éliminée de l'organisme par les selles.
Un taux élevé de bilirubine entraîne presque toujours d'un ictère (jaunisse). Le blanc des yeux, puis la peau, jaunissent. La bilirubine a une couleur jaune intense.
Bilirubine élevée chez les nouveau-nés
Les nouveau-nés présentent souvent une augmentation temporaire du taux de bilirubine. Cela provoque généralement une jaunisse. Dans la plupart des cas, cet effet est bénin et disparaît spontanément. Le foie du nouveau-né n'est pas encore pleinement fonctionnel les premiers jours, ce qui signifie qu'il élimine la bilirubine du sang moins efficacement.
La coloration jaune disparaît généralement spontanément après quelques jours. Dans certains cas, on a recours à la luminothérapie, qui consiste à placer le bébé sous une lampe UV ou à le laisser exposé au soleil derrière une fenêtre. Cela accélère la dégradation de la bilirubine dans la peau.
Bilirubine élevée chez les adultes
Un taux élevé de bilirubine chez l'adulte indique souvent une altération de la fonction hépatique. Cela peut être dû à diverses affections hépatiques, telles que :
- cirrhose du foie,
- hépatite (inflammation du foie),
- ou une obstruction des voies biliaires.
Types de bilirubine : directe et indirecte
Il existe deux formes de bilirubine :
- Bilirubine indirecte (non conjuguée) : c'est la forme avant conversion dans le foie.
- Bilirubine directe (conjuguée) : c'est la forme après conversion dans le foie.
Ensemble, ils forment la bilirubine totale qui est mesurée lors d’un test sanguin.
Une augmentation isolée de la bilirubine indirecte sans autres symptômes peut indiquer un syndrome de Gilbert ou encore un syndrome de Crigler-Najjar. Il s'agit d'une affection héréditaire courante et bénigne qui ne nécessite ni traitement ni surveillance supplémentaire.
Une augmentation de la bilirubine indirecte peut également se produire en cas de dégradation accélérée des globules rouges, comme dans l’anémie hémolytique.
Voir aussi l'article : Quels sont les causes et les symptômes de la jaunisse (ictère) ?
6. Albumine
L'albumine est une protéine importante produite par le foie. Elle est ensuite libérée dans la circulation sanguine. L'albumine sert entre autres de moyen de transport pour le calcium, la bilirubine, les médicaments, les hormones et les acides gras.
Un faible taux d'albumine dans le sang peut être le signe d'un mauvais fonctionnement du foie. Le taux d'albumine est fortement réduit chez les personnes souffrant d'une maladie hépatique chronique grave.
Cependant, il peut également y avoir d’autres causes à un faible taux d’albumine, telles que :
- des troubles rénaux (tels que le syndrome néphrotique ),
- des maladies inflammatoires chroniques telles que la maladie de Crohn ,
- des anomalies thyroïdiennes,
- une malnutrition ou carence en protéines.
Les niveaux d'albumine peuvent également baisser physiologiquement pendant la grossesse et chez les personnes âgées de plus de 70 ans, sans que cela n'indique une quelconque maladie.
Voir aussi l'article : 9 choses nocives pour le foie
7. Ammoniac
Lorsque les protéines sont décomposées dans l'organisme, une substance toxique, l'ammoniac, se forme. L'ammoniac est transformé en urée par des enzymes du foie. Cette urée est excrétée par les reins.
En cas d'insuffisance hépatique, l'ammoniac n'est pas transformé en urée et s'accumule dans le sang. Les analyses de sang montrent alors que le taux est trop élevé.
Des niveaux élevés d’ammoniac peuvent entraîner des lésions cérébrales, une affection connue sous le nom d’encéphalopathie hépatique.
Voir aussi l'article : La maladie du renard : Maladie parasitaire grave présente en Wallonie
LDH (acide lactique déshydrogénase)
La LDH (lactate déshydrogénase) est une enzyme libérée lors de lésions tissulaires en général. Étant présente dans de nombreux organes et tissus, notamment le cœur, les poumons, les muscles, les reins et le foie, la LDH n'est pas suffisamment spécifique pour constituer un test fiable de dépistage des maladies hépatiques. Par conséquent, la LDH n’est pas recommandée comme test standard pour détecter ou surveiller les maladies du foie. |
Sources :
www.nhg.org
www.mlds.nl
www.nvkc.nl
www.journal-of-hepatology.eu