Infections à E. coli : de la plus bénigne à la plus grave

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Escherichia coli est une bactérie que l’on trouve naturellement dans l’intestin de l’homme et des animaux à sang chaud. La plupart des souches d’E. coli sont bénignes. Elles sont même utiles puisqu'elles permettent de freiner la prolifération de bactéries nuisibles. Elles produisent même des quantités importantes de vitamines. Seules quelques souches d’E. coli peuvent déclencher des maladies plus ou moins graves, comme la tourista (diarrhée du voyageur) et l’E. coli entérohémorragique (EHEC).

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Quels sont les symptômes d’une infection à E. coli ?

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Les symptômes d’une infection à E. coli sont très variables. Ils dépendent du type précis de la souche à l’origine de l’infection. Dans la plupart des cas, la contamination déclenche des nausées, des vomissements et une diarrhée parfois sanguinolente. 

Les cas plus graves de gastro-entérite à E. coli peuvent s’accompagner d’une diminution de la fonction rénale et de formation de caillots dans le sang. Cette forme porte le nom de syndrome hémolytique et urémique (SHU). Elle touche principalement les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées. La période d’incubation, soit le laps de temps qui s’écoule entre la contamination et les premiers symptômes, varie de 1 à 12 jours mais la maladie se manifeste généralement endéans les 3 ou 4 jours. Après 24 heures, le patient souffre de diarrhée liquide, qui peut se colorer de sang après deux jours. Les symptômes durent de 2 à 9 jours (4 jours en moyenne) et disparaissent généralement d'eux-mêmes. Les jeunes enfants, les seniors, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli sont particulièrement vulnérables à l’infection.

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E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) et E. coli entérohémorragique (EHEC)

Il existe de nombreuses sortes d’E. coli. La souche STEC, produisant la shigatoxine, en fait partie. Dans ce groupe, l’EHEC, l’Escherichia coli entérohémorragique, peut déclencher une maladie grave.

L’EHEC est la troisième infection intestinale la plus fréquente en Belgique, après la Campylobacter et la Salmonelle. La bactérie provoque des diarrhées aqueuses ou, dans des cas plus graves, des diarrhées graves et sanguinolentes (colite hémorragique). 70% des patients souffrent d’une colite hémorragique, qui se caractérise par des crampes abdominales éventuellement assorties de vomissements. Généralement, le patient n’a pas de fièvre. Au bout de 24 heures, la colite s’assortit d’une diarrhée liquide, qui se teinte ensuite de sang. La maladie dure de quelques jours à une semaine et guérit souvent spontanément.

L’infection EHEC (sanguinolente ou non) peut s’assortir d’une complication, le SHU, le syndrome hémolytique et urémique. Le SHU survient chez 5 à 20% des patients. Pâleur, jaunisse et prise de poids (œdème) constituent les premiers symptômes du SHU. Le taux de mortalité varie entre 3 et 5%, de même que les lésions rénales irréversibles. La guérison est complète dans 60% des cas. L’EHEC est souvent présent dans la flore intestinale des bovins et d’autres animaux comme les moutons, les chèvres et les cerfs. Il peut survivre pendant des mois dans le sol ou dans l’eau froide. La transmission se déroule par contact direct avec une personne ou un animal contaminé, par exemple durant une visite à une ferme pour enfants, ou par la consommation d’eau ou d’aliments infectés. Il est également possible d’être indirectement infecté par des objets ou des surfaces. L’EHEC est extrêmement contagieux et est souvent transmis par une viande de bœuf mal cuite. Les infections sont plus fréquentes et plus graves chez les enfants. Dans les pays industrialisés, l’EHEC constitue la principale cause d’insuffisance rénale aiguë chez les enfants de moins de 5 ans.


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Autres sortes d’infections à l’E. coli

  • E. coli entéropathogène (ECEP) : cette diarrhée liquide, potentiellement dangereuse, peut provoquer une grave déshydratation et la mort. L’infection peut être chronique et ralentir la croissance des enfants. C’est une cause fréquente de diarrhée du voyageur dans les pays en voie de développement. L’ECEP ne touche pas l’Europe ni les Etats-Unis. Les enfants de moins de deux ans en sont les principales victimes.
  • E. coli entérotoxinogènes (ECET) : une diarrhée de gravité variable. Cette souche est un facteur important de tourista et de diarrhée infantile dans les pays en voie de développement, même si on recense des foyers de contamination sur les bateaux de croisière et dans les chaînes alimentaires des pays industrialisés.
  • E. coli entéro-invasif (ECEI) : le tableau médical est variable. La souche provoque une diarrhée liquide mêlée de sang et de glaire. L’infection s’accompagne souvent de fièvre. La bactérie prolifère dans les pays en voie de développement, rarement dans les pays industrialisés.
  • E. coli entéro-agrégatif (ECEAgg) : diarrhée aiguë et chronique. L’infection passe parfois inaperçue mais peut induire un retard de croissance chez les enfants. Ce sous-type est présent dans le monde entier et constitue un facteur déclencheur de la tourista.
  • E. coli à adhésion diffuse (ECAD) : diarrhée chez les enfants de plus d’un an dans les pays en voie de développement et chez les personnes qui voyagent dans ces pays.

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Comment se transmet la bactérie E. coli ?

  • Alimentation : l’E. coli peut être présente dans les aliments d’origine animale crus, comme la viande de bœuf, mais aussi dans les légumes crus comme la salade et les concombres. Les légumes cuits ne posent pas de problème car les bactéries meurent à la cuisson. Parmi les produits susceptibles d’être infectés à l’E. coli, on trouve le filet américain et le hachis, le hamburger mi-cuit, la viande de bœuf crue ou insuffisamment cuite (comme le carpaccio), le jus de fruits, le lait et le fromage non pasteurisés, les légumes comme les tomates, la salade ou les concombres… Les repas servis au restaurant ou en croisière sont souvent à l’origine d’une infection, faute d’hygiène.
  • Contact avec des animaux : les contacts avec des animaux, les bovins et les jeunes animaux, peuvent déclencher une infection à l’E. coli. Lavez-vous soigneusement les mains après une visite à la ferme. Vous pouvez également être contaminé en nageant ou en barbotant dans une eau contaminée (rivière, lac, étang). 
  • D’homme à homme : la bactérie est présente dans les excréments des personnes infectées. La lunette, le bouton de la chasse et d’autres ustensiles des toilettes peuvent être infectés. Suite au contact avec ces objets, vous pouvez contaminer vos mains puis votre bouche ou celle des autres. Ce type de contamination est surtout fréquent au sein des familles et dans les crèches.

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Prévenir toute contamination

  1. Hygiène alimentaire : L’E. coli est sensible à la chaleur. Vous pouvez donc la détruire en cuisant vos aliments à plus de 70° C. Les aliments crus ou peu cuits et la contamination croisée (quand des produits cuits entrent en contact avec des aliments crus ou des surfaces contaminées comme les planches à découper) constituent les principales causes d’infections. Vous pouvez donc limiter le risque d’infection à l’E. coli en respectant une hygiène alimentaire stricte.
  2. Hygiène des mains : Lavez-vous les mains après tout contact avec les animaux, comme après une visite à la ferme, après tout passage aux toilettes, après avoir changé un bébé, avant de préparer à manger et avant de passer à table. Lavez-vous les mains pendant au moins 15 secondes à l’eau et au savon et séchez-les soigneusement avec un essuie sec et propre, un kleenex ou de l’essuie-tout.
  3. Autres mesures : Les personnes infectées doivent éviter tout contact avec l’eau dans les espaces publics comme les piscines durant les deux semaines suivant la disparition des symptômes.

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Traitement

En cas de diarrhée sanguinolente et de problèmes rénaux, il faut examiner la présence de EHEC. Le traitement consiste avant tout à prévenir la déshydratation et à y remédier. Les antibiotiques sont généralement superflus, hormis dans certains cas de diarrhée du voyageur. L’effet positif des antibiotiques dans la lutte contre les EHEC n’est pas scientifiquement démontré. Ces médicaments peuvent aggraver l’état du patient et accroître le risque de SHU. Les enfants présentant un début de SHU sont hospitalisés.

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Sources :
https://www.rivm.nl
https://www.voedingscentrum.nl
https://www.zorg-en-gezondheid.be

auteur : Sofie Van Rossom - journaliste santé

Dernière mise à jour: février 2024

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