Ghosting : du jour au lendemain, plus de nouvelles de votre partenaire

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Sans prévenir, cette personne avec qui vous aviez une relation d’un jour, d’un mois, d’un an ne donne plus signe de vie. Vos messages restent sans réponse, et vous n’avez aucune explication à ce qui ressemble bien à une rupture. Aujourd'hui, on appelle ça le ghosting, ou l’art de disparaître version 2.0. Pourquoi « ghoste »-t-on ? Et comment réagir quand on est « ghosté » ? Voici quelques éléments de réponse.

Qu’est-ce que le ghosting ?

Ghosting vient de l’anglais « ghost » qui signifie fantôme. Le ghosting est l’acte de mettre fin à une relation en coupant soudainement tout contact avec le partenaire, sans l’en avertir, et en ignorant toute tentative de communication. Le ghosting se caractérise par sa durée dans le temps. Si l'autre vous laisse mariner deux jours avant de se manifester ou répond à vos messages par un emoji, on ne peut donc pas parler véritablement de ghosting. 

Le ghosting est en effet une forme de rupture radicale, la personne disparaît complètement et ne répond pas à vos messages. C’est comme si elle était morte, sauf que, si vous la suivez sur les réseaux sociaux, vous voyez qu’elle continue sa vie pendant que vous ruminez. 

Certains sondages et témoignages laissent entendre que le ghosting est une pratique plus masculine que féminine. Mais s’il semble que les hommes soient plus enclins à ghoster, il faut se garder de genrer cet acte de façon trop systématique, les femmes ghostent aussi. 

Voir aussi l'article : Quels sont les signes d’une relation toxique ?

Une pratique plus courante à notre époque ?

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Le ghosting n’est pas un phénomène nouveau. Souvent citée dans les articles sur le sujet, la philosophe Claire Marin parle, dans son ouvrage Ruptures, d’un « nouveau nom pour une vieille lâcheté ». 

Mais l’avènement des réseaux sociaux, des messageries instantanées et des applications de rencontre a très probablement facilité voire encouragé la pratique. La psychothérapeute Cécile Guérêt, auteure de Aimer c’est prendre le risque de la surprise, évoque « un rapport consumériste et utilitariste dans le rapport à l’autre ». Quand on s’est habitué à signifier à quelqu’un qu’il nous intéresse d’un coup de « swipe » sur Tinder, il devient finalement presque normal de faire la même chose en sens inverse. Une sorte de « cancel culture à une échelle intime », comme le dit Géraldine Mosna-Savoye dans une chronique dédiée sur France Culture

Enfin, le ghosting est aussi davantage mis en lumière de nos jours. Déjà, il est nommé. Ensuite, des podcasts, des articles, des comptes Instagram, des documentaires comme la série Fantômes, diffusée sur France TV Slash, donnent la parole aux ghostés comme aux ghosteurs. Comme pour mieux obtenir ce qui manque cruellement : des explications.

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Pourquoi ghoster quelqu’un ?

Les raisons pour lesquelles une personne choisit le silence radio comme moyen d’arrêter une relation sont multiples. Manque de considération, peur de se confronter aux émotions de l’autre, honte, troubles de l’humeur qui viennent parasiter une communication normale... Il peut arriver que la personne n’ait pas voulu ghoster en premier lieu. Elle a été rattrapée par sa vie (partenaire officiel, événement imprévu...) et n’a plus osé répondre à vos messages bien plus tard. Finalement, elle s’est dit que vous aviez compris, et que c’était plus simple ainsi. Ou bien elle ne souhaite pas fermer totalement la porte pour se laisser la possibilité de revenir un jour.

Des personnalités manipulatrices peuvent éprouver du plaisir à ghoster quelqu’un. Voir les messages s’afficher sur son téléphone et ne pas y répondre pour provoquer une réaction de détresse chez l’autre valorise alors le ghosteur : je suis important pour cette personne puisqu’elle cherche à tout prix à me joindre. C’est, quelque part, briller par son absence. Il se sent aussi en situation de contrôle, c’est lui (ou elle) qui tient les ficelles de la relation.

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Le ghosting, parfois utile ?

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Dans certaines situations, le ghosting peut être la seule solution qu’une personne trouve pour s’extraire d’une situation délicate : elle a signifié à l’autre qu’elle ne souhaitait pas s’engager dans la relation, mais cet autre insiste, ne comprend pas, voire, dans les cas les plus extrêmes, la harcèle.

Il arrive également que celui ou celle qui se prétend victime de ghosting soit en fait le bourreau. Son ghosteur a fini par se résoudre à cette solution radicale pour sortir de la relation toxique qu’il entretenait avec lui ou elle. Dans un épisode du podcast Les Gentilhommes, la psychanalyste Fabienne Kraemer évoque cette situation particulière : « Il y a un cas où il faut vraiment ghoster l’autre, c’est quand on est face à une personne toxique. Dans ce type de relation, tout couper est vital car une relation toxique ne s’améliore jamais. Il faut alors non seulement ghoster, mais bloquer l’autre ».

Dans ces deux derniers cas, le ghosteur n’éprouve ni plaisir ni déni de l’autre. Couper les ponts sans se retourner est simplement le seul moyen pour lui d’éviter la poursuite d’une relation néfaste.

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Pourquoi le ghosting fait si mal ?

Etre quitté sans en avoir été informé est toujours très mal vécu. Certains spécialistes considèrent le ghosting comme une violence psychologique. La personne qui en est victime se sent humiliée, rejetée, niée, et son estime de soi est mise à rude épreuve. Elle va se poser des questions, encore et encore, sur les raisons de cette rupture si violente. Qu’est-ce que j’ai bien pu faire ou être pour mériter ça ? Et il est alors difficile de passer à autre chose quand personne ne vous a dit que c’était fini. La porte ne s’est jamais vraiment refermée, et, comme son nom le dit si bien, ce fantôme continue à vous hanter un bon moment.

Bien sûr, l’impact psychologique dépend de la relation que vous avez entretenue avec votre ghosteur, s’il a été l’aventure d’une nuit ou une histoire de plusieurs mois. Dans ce deuxième cas, le ghosté peut ressentir d’abord de l’inquiétude, se demandant s’il n’est pas arrivé quelque chose à son partenaire. Puis le silence laissera place aux doutes, à l’énervement, aux fantasmes, voire aux (faux) espoirs.

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Que faire quand on est ghosté ?

A moins que vous ne soyez vous-même le bourreau comme évoqué ci-dessus, répétez-vous que vous n’êtes pas la raison du problème et que vous n’avez pas mérité ça.

Si vous ressentez de la colère ou de la frustration, vous pouvez décider de dire une fois pour toutes à votre ghosteur que cette situation n’est pas agréable pour vous. Et si cela vous soulage, mettez vous-même un terme à votre relation. « Je pense qu’il vaut mieux que tu ne me recontactes jamais ». Mais faites-le pour vous, pour vous sentir acteur/actrice de la situation. Vous pouvez alors retirer la personne de vos réseaux sociaux et contacts. Cela peut aider à tourner la page.

Mieux vaut éviter cependant d’envoyer des mails ou des messages remplis de colère et d’insultes à votre ghosteur. Vous le conforterez dans l’idée qu’il a bien fait. N’espérez pas non plus reprendre contact des mois après. Retourner dans une relation avec une personne qui vous a laissé sans nouvelles du jour au lendemain pendant si longtemps risque de ne pas être une bonne idée, et le ghosting pourrait devenir un mode de fonctionnement inhérent à votre couple.

L'idéal reste d'essayer de prendre du recul. N’hésitez pas à vous confier à un proche qui prendra le temps d’accueillir vos émotions et vous rassurer. Voyez vos amis qui vous font du bien, les gens pour qui vous comptez. Vous ne parvenez pas à passer à autre chose ? La personne vous obsède ou bien vous avez peur pour vos relations futures ? N’hésitez pas à en parler à un psychologue, d’autant plus si ça n’est pas la première fois que ça vous arrive. S’il est souvent difficile de voir des signes avant-coureurs d'un ghosting, il peut être intéressant de comprendre pourquoi vous allez vers tel ou tel type de personne.

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Sources :
https://www.psychologytoday.com
https://www.healthline.com

auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: janvier 2024
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