Pamplemousse et médicaments : pourquoi il faut faire très attention
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Les risques liés à la consommation de pamplemousse pendant un traitement médicamenteux sont connus de longue date. Mais quelle est l’ampleur du danger et quels sont les médicaments les plus concernés ?
Des chercheurs canadiens ont procédé à une méta-analyse de la littérature médicale abordant cette question (très) importante. Leur conclusion est claire : par respect du principe de précaution, il est recommandé de ne jamais ingérer de pamplemousse, peu importe sous quelle forme, quand on prend un médicament. Car si une série de molécules ont été clairement identifiées dans ces interactions, d’autres peuvent être concernées, elles aussi.
Quel est le problème ?

Conséquence : l’assimilation d’une large variété de molécules est considérablement perturbée, avec un risque majeur de surdosage. A titre de comparaison, les auteurs expliquent que prendre un comprimé avec un verre de jus de pamplemousse peut revenir à en avaler une vingtaine avec de l’eau.
Les facteurs de risque
• La quantité. Un seul fruit ou 200 ml de jus peuvent suffire à exposer aux effets indésirables.
• La fréquence. Plus on consomme du pamplemousse, plus le danger augmente.
• Le délai entre l’ingestion de pamplemousse et la prise du médicament.
• L’âge du patient. Non pas tant en ce qui concerne la sensibilité aux interactions, mais tout simplement parce qu’au-delà de la cinquantaine, la proportion de personnes sous traitement médicamenteux augmente progressivement.
• L’administration par voie orale.
Les conséquences
Parmi les plus graves, on relève :
• Les torsades de pointe. Un trouble du rythme cardiaque qui peut dégénérer en fibrillation ventriculaire et aboutir à un arrêt cardio-circulatoire (mort subite).
• Les lésions musculaires et rénales.
• Les atteintes de la moelle osseuse.
• La thrombose veineuse.
Avec quels médicaments ?
Les classes concernées sont variées. Une quarantaine de molécules ont été identifiées comme particulièrement à risque d’interactions graves avec le pamplemousse, ce qui ne veut pas dire que d’autres ne soient pas concernées. D’où l’appel à la plus extrême prudence. Toujours lire attentivement les notices : elles mentionnent si nécessaire ce danger d’interaction. Tous les principes actifs mentionnés ici ne sont pas commercialisés dans l’ensemble des pays.
• Des anticancéreux : crizotinib, dasatinib, erlotinib, évérolimus, lapatinib, nilotinib, pazopanib, sunitinib, vandetanib, vemurafenib.
• Des anti-infectieux : érythromycine, halofantrine, maraviroc, primaquine, quinine, rilpivirine.
• Des hypolipidémiants : atorvastatine, lovastatine, simvastatine.
• Des médicaments du système cardiovasculaire : amiodarone, apixaban, clopidogrel, dronédarone, éplérénone, félodipine, nifédipine, quinidine, rivaroxaban, ticagrelor.
• Des médicament du système nerveux central (SNC) : alfentanil (oral), buspirone, dextrométhorphane, fentanyl (oral), kétamine (oral), lurasidone, oxycodone, pimozide, quétiapine, triazolam, ziprasidone.
• Des antiémétiques : dompéridone.
• Des immunosuppresseurs : ciclosporine, évérolimus, sirolimus, tacrolimus.
• Des médicaments d’urologie : darifénacine, fésotérodine, solifénacine, silodosine, tamsulosine.
[Source : Canadian Medical Association Journal]