L'alimentation des chimpanzés : nos futurs médicaments ?

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L'alimentation des chimpanzés : nos futurs médicaments ?

dossier Tandis que le cancer et d’autres maladies non-infectieuses sont en augmentation dans le monde entier, il devient de plus en plus difficile pour les scientifiques de trouver des traitements efficaces et sans danger. En outre, les bactéries sont devenues plus résistantes aux médicaments disponibles et les substances thérapeutiques de synthèse, plus agressives pour l’organisme.

Ces défis ont conduit à la rechercher de nouvelles solutions en exploitant notamment les substances naturelles comme les plantes médicinales.

La médecine par les plantes existe depuis des milliers d’années. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 75 à 80 % de la population mondiale utilise au moins des médicaments à base de plantes.

L’Afrique a sa propre réserve de plantes médicinales, comme celles dont on se sert en Côte d’Ivoire, au Kenya, à l’île Maurice en Afrique du Sud et au Zimbabwe.

J’ai travaillé avec un groupe de scientifiques pour trouver de nouvelles façons d’exploiter les plantes à des fins médicinales. Dans ce but, nous avons étudié les habitudes alimentaires et le comportement de chimpanzés sauvages du Parc National de Taï, situé au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Nous avons identifié ce qu’ils mangeaient, notamment les feuilles, les fruits et les tiges de certains végétaux. Ces plantes ont ensuite été analysées au laboratoire.

Inspirées d’une précédente étude sur les apports énergétiques du régime alimentaire des chimpanzés du parc National de Taï, nos recherches ont porté principalement sur les propriétés médicinales des plantes qu’ils consomment.

Les résultats suggèrent que les chimpanzés mangent des plantes dont les composants renforcent leur système immunitaire et les préservent de certaines maladies. Nos découvertes ouvrent la voie à l’examen des propriétés thérapeutiques de ces plantes pour déterminer leur utilité potentielle dans le traitement de maladies humaines.

Tolérance à la maladie

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Les chimpanzés sont les animaux les plus proches des humains sur le plan génétique avec 98 % de leur ADN en commun. Cette proximité génétique indique que ces grands primates partagent avec l’homme certaines maladies en commun comme les candidoses, la maladie à virus Ebola et le VIH/sida. Les chimpanzés ont peuvent aussi développer des cancers.

Notre hypothèse était que certaines des plantes dont ils se nourrissent contribuent à les maintenir en bonne santé et que cela pourrait servir à l’élaboration de médicaments pour les humains.

Nous avons analysé environ 132 extraits issus de 27 plantes choisies selon :

  • la fréquence à laquelle elles sont consommées

  • le temps alloué à leur consommation

  • la quantité consommée

Nous avons testé la capacité de ces plantes à prévenir le cancer et à inhiber la destruction des cellules, le développement des bactéries et des mycoses. Nous avons également analysé leurs apports nutritionnels.

Un régime préventif

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Tristemma coronatum

Certaines des plantes que nous avons analysées sont déjà utilisées par les humains comme plantes médicinales. Cependant les parties utilisées pour les traitements sont différentes de celles mangées par les chimpanzés.Nauclea diderrichii est un bon exemple. Les fruits et les feuilles de cette plante sont consommés par les chimpanzés, mais l’écorce de la tige est utilisée par les hommes pour traiter la fièvre et la jaunisse.

Des plantes prometteuses telles que Tristemma coronatum, dont l’extrait des feuilles est connu pour son effet soporifique chez l’homme et Beilschmiedia mannii, qui est utilisée pour traiter des maladies pulmonaires ont été identifiées.

Parmi les autres plantes bénéfiques, identifiées ici sous leur nom latin et leurs noms usuels dans les dialectes ivoiriens, citons :

  • Klainedoxa gabonensis (kroma)

  • Nauclea diderrichii (badi)

  • Manniophyton fulvum (kolomodia, frafrabié, topué, dobuï,zohé, zoobo)

  • Beilschmiedia mannii (biliè, tienabi, atiokwo, iréklé, biétou, btei, bhoukéssou)

Toutes poussent en abondance dans le parc National de Taï.

Notre étude a montré que les plantes analysées induisent une enzyme, la quinone réductase, qui prévient les dommages des cellules du corps. Ces plantes inhibent le NF-kB, une enzyme dont l’activation est à l’origine de plus de 20 % de tous les cas des cancer rapportés.

Vingt-quatre extraits (18 %) de ces plantes éliminent les bactéries et six (5 %) détruisent les levures à l’origine des candidoses. Tristemma coronatum a une activité à la fois sur les bactéries et les levures tandis que Beilschmiedia mannii est efficace contre les bactéries, les levures et le cancer, ce qui signifie que ces plantes pourraient donc être utilisées pour chez l’homme pour les soins de santé.

Développement de nouveaux médicaments

Notre étude démontre le potentiel thérapeutique et nutritionnel de certaines plantes, qui peut être pris en considération dans l’élaboration de nouveaux médicaments.

La prochaine étape sera de tester ces plantes sur des animaux de laboratoire. Une fois leur innocuité et leur efficacité démontrées, nous pourrons évaluer leurs effets sur des humains. Si elles remplissent les conditions nécessaires, le développement de nouveaux médicaments pourra suivre.

The Conversation► Traduit de l’anglais par Iris Le Guinio pour Fast for Word.

Constant Ahoua, Post-Doctoral Fellow under Afrique One-ASPIRE, Nangui Abrogoua University.

► La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Source: Photo Chimpanzé : Pixabay (https://pixabay.com/en/chim) - CC BY-SA (https://creativecommons.org)

Dernière mise à jour: septembre 2022

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