Somnifères et risque de démence : un lien de cause à effet ?

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Somnifères et risque de démence : un lien de cause à effet ?

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En vieillissant, de nombreuses personnes sont confrontées à des troubles du sommeil toujours plus fréquents : difficultés à s’endormir, réveils fréquents, détérioration de la qualité du sommeil. Pour pallier ces difficultés, les plus de 65 ans se tournent de plus en plus vers les somnifères. Des études récentes alertent cependant sur les risques que représente la consommation de somnifères. Ils causeraient des troubles de la mémoire, des chutes et même des risques de démence.

La plupart des somnifères prescrit aux personnes âgées sont les benzodiazépines, Ces psychotropes ont un effet calmant et sédatif. Ils agissent sur les signaux transmis au cerveau. Selon les scientifiques, il existe un risque que ces substances affectent les neurotransmetteurs et causent des effets secondaires indésirables. En réalité, ces médicaments ne devraient être utilisés que pendant une courte période, idéalement pas plus de quelques semaines. Pourtant, nombreux sont ceux qui les consomment pendant des années.

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Risques et effets d’une consommation prolongée de somnifères

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© Getty Images

Une étude anglo-américaine a déjà révélé l’effet négatif des somnifères sur les capacités cognitives. Selon les chercheurs, leur consommation peut même entraîner un décès prématuré. Une étude complémentaire a également mis en lumière un lien avec la démence.

Des scientifiques des Universités de Harvard et de Bordeaux ont suivi 1.063 hommes et femmes de plus de 65 ans. Au début de l’étude, les sujets n'étaient pas atteints de démence et ne prenaient pas de somnifères. Pendant vingt ans, les chercheurs ont ensuite observé ceux qui prenaient des benzodiazépines et ceux qui développaient une démence. Ils en ont conclu que le risque de démence augmentait de 50% chez les plus de 65 ans qui avaient recours à des somnifères.


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Une autre étude, franco-canadienne, s’est penchée sur la consommation de benzodiazépines auprès de 1.796 volontaires de plus de 66 ans - certains atteint de la maladie d’Alzheimer et d’autres non - sur base des prescriptions enregistrées auprès des assurances-maladies. A en croire le résultat, les personnes ayant utilisé des benzodiazépines pendant plus de 6 mois étaient 74 % plus susceptibles de développer une démence de type.

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Un lien mais pas nécessairement une cause

Une étude récente de l’université de Californie, à San Francisco, confirme que la consommation massive de somnifères augmente le risque de démence, surtout au sein de la population caucasienne. On n’a pas détecté ce lien chez les personnes d’autres ethnies.

Les chercheurs ont suivi les participants pendant 9 ans en moyenne. 20% d’entre eux ont développé une démence. Le type et la quantité de médicaments jouent un rôle dans le degré de risque de démence. La différence entre les groupes ethniques pourrait s’expliquer, dans cette étude, par le fait que les personnes blanches sont plus susceptibles de consommer des somnifères alors que les personnes noires obtiennent plus difficilement une prescription de benzodiazépines. 

Les chercheurs ne se risquent toutefois pas à affirmer qu’il y a un lien de cause à effet entre somnifère et démence. Ce n’est peut-être pas le somnifère en lui-même qui accroît le risque de démence. Ceux qui en consomment ont peut-être un autre problème sous-jacent, comme la dépression. Or, cette affection s’accompagne d’un risque de démence plus élevé. Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux cerner ce lien de cause à effet mais il est conseillé de discuter de ses habitudes de sommeil et de sa médication avec son médecin traitant.

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Sources :
https://www.gezondheidenwetenschap.be
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
https://www.gezondheidsnet.nl
https://www.healthline.com

auteur : Sara Claessens - journaliste santé

Dernière mise à jour: avril 2023
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