Les pertes blanches (leucorrhées)
dossier Les pertes blanches (ou leucorrhées) sont des sécrétions vaginales naturelles, sachant cependant qu'elles peuvent aussi apparaître en cas d'infection. Quand sont-elles normales et quand ne le sont-elles pas ?
Les pertes blanches, produites par le vagin et par l'utérus, surviennent pour la première fois à la puberté et ensuite tout au long de l'existence. Elles présentent une couleur blanchâtre ou beige clair. Lorsqu'elles sèchent, elle deviennent plus foncées, jaunâtres. Leur odeur peut être âcre.
Le flux de ces sécrétions varie d'une femme à une autre, voire d'un cycle hormonal à un autre. Il peut être léger ou abondant. Dans la plupart des cas, aucun traitement n'est nécessaire.
Elles exercent un rôle important : nettoyer et lubrifier le vagin. Au moment de l'ovulation, elles permettent d'aider les spermatozoïdes à remonter jusqu'à l'utérus et d'y féconder l'ovule. Si ces sécrétions sont gênantes, une toilette intime quotidienne à l'eau claire et tiède est recommandée.
• l'ovulation (on observe généralement une augmentation des sécrétions vaginales quelques jours avant l'ovulation)
• l'excitation sexuelle
• la nervosité
• la pilule contraceptive
• un changement climatique ou un long voyage
• la grossesse
Il peut être nécessaire de consulter un médecin lors de l'apparition de certains signes.
• Lorsque les pertes blanches sont de plus en plus fréquentes et abondantes.
• En cas de modification soudaine : couleur (verdâtre, par exemple), odeur malodorante, changement d'aspect (gluant, grumeleux, mousseux...).
• En présence de sang (en dehors des menstruations).
• En cas de fièvre, de douleurs à la miction ou lors des rapports sexuels, de démangeaisons, d'une sensation de brûlure dans le bas-ventre, d'irritation de la vulve...
Les pertes anormales
• La mycose génitale (candidose)
Il s'agit incontestablement de la principale cause pathologique de pertes blanches. Cette infection est causée par une levure, Candida albicans.
A la pré-ménopause, quelque 70 à 75% des femmes souffrent d'une candidose. La muqueuse vaginale est alors particulièrement irritée, avec des pertes grumeleuses et malodorantes. Cette infection est relativement bénigne. Elle disparaît le plus souvent d'elle-même après quelques jours, mais elle peut réapparaître tout aussi vite. Un traitement antimycosique local ou oral (de courte durée) sera prescrit en cas de fortes démangeaisons ou de récidive.
• La vaginose bactérienne
La deuxième cause la plus fréquente de pertes blanches. Plusieurs types de bactéries peuvent être incriminés.
S'il s'agit de Gardnerella vaginalis, la muqueuse vaginale n'est ni rouge ni irritée. Dans la plupart des cas, l'infection guérit spontanément. Le médecin prescrira un traitement si l'inconfort est important. Lors d'une grossesse, il est nécessaire de consulter son gynécologue.
L'infection peut aussi être causée par le streptocoque B, en particulier en raison d'une hygiène intime mal exécutée, avec un transfert de bactéries anales vers le vagin. Rappelons qu'il est impératif de se laver de l'avant vers l'arrière. Les antibiotiques sont indiqués en cas d'infection à streptocoque.
• Les maladies sexuellement transmissibles (MST)
On retiendra en particulier le parasite Trichomonas vaginalis. responsable de la trichomonase, la maladie sexuellement transmissible la plus fréquente dans le monde, et qui affecte en particulier les femmes de moins de 40 ans.
Elle est caractérisée par des pertes de couleur jaunâtre (voire verdâtres) particulièrement malodorantes, des sécrétions mousseuses, une paroi vaginale très irritée et rouge, une sensation de brûlure lors des rapports sexuels et à la miction, ainsi que de manière plus constante dans le bas-ventre.
La trichomonase est particulièrement contagieuse, par voie directe (rapport sexuel) et indirecte (lunette des WC souillée). Elle est traitée par antibiotiques (une dose de métronidazole).
Parmi les autres MST susceptibles de provoquer des pertes infectieuses (avec douleurs et démangeaisons), citons la chlamydia, la gonorrhée, la syphilis et l'herpès génital.
• Les produits d'hygiène
Les produits de toilette trop agressifs peuvent considérablement perturber la flore vaginale naturelle. L'hygiène intime ne doit jamais se faire en profondeur (intérieur du vagin) : elle ne concernera que la région vulvaire (lèvres, clitoris et vestibule).
Les traitements
Le traitement dépend bien entendu de l'origine des plaintes et de leur sévérité.En cas de mycose
Il faut d'abord traiter les démangeaisons, les irritations et les écoulements malodorants.
• L'administration d'une dose d'un antifongique (ovule, gel, ou crème de miconazole ou de clotrimazole) donne de bons résultats.
• Si cela ne suffit pas, le médecin envisagera un traitement local ou par voie orale en continu sur une période de 7 à 14 jours, à des doses inférieures.
• Pendant la grossesse : un traitement local à base de miconazole sera prescrit durant 3 à 7 jours à raison d'une application quotidienne.
• Lors d'infections à répétition (plus de quatre fois par an), un traitement de fond sera prescrit sur 10 à 15 jours.
• Un traitement préventif peut être être recommandé, notamment en cas de prise d'antibiotiques.
• L'administration d'une unidose de fluconazole en prise orale donne de bons résultats. Ce traitement peut être administré à titre préventif durant six mois, à raison d'un comprimé par semaine.
• Une alimentation riche en yaourt contenant des lactobacillus permet une guérison plus rapide.
- Les précautions
• Evitez d'utiliser du papier toilette parfumé ou coloré, des produits de bain parfumés, des huiles essentielles à diluer dans le bain, les bains de siège (surtout l'alternance entre l'eau chaude et froide).
• Pendant au moins trois jours après leur application, les crèmes vaginales peuvent détériorer le latex des préservatifs ce qui les rend nettement moins efficaces (porosité).
• En cas de vaginose bactérienne
• Un traitement ne sera prescrit que si l'inconfort est trop important et en présence de démangeaisons et d'irritations sévères : métronidazole, tinidazole ou clindamycine en prise orale ou en application intra-vaginale pendant 7 jours.
• Chez la femme enceinte, il ne faut démarrer le traitement qu'après la 14ème semaine de grossesse.
• Une crème vaginale (métrodinazole) à raison de deux applications par semaine prévient les récidives.
• Un traitement local à l'acide lactique peut accélérer la guérison, mais aussi, paradoxalement, favoriser la récidive.
• L'utilisation de désinfectants vaginaux n'a pas lieu d'être, faute de preuves d'efficacité.
• En cas de trichomonase
Le traitement s'impose même si les plaintes ne sont que modérées. Tant la femme que son partenaire devront être soignés.
• Le traitement de référence est une prise orale en unidose de métronidazole, de tinidazole, de nimorazole ou d'ornidazole.
• Une application de crème est insuffisante.
• Ces médicaments ne peuvent pas être administrés avant la 14ème semaine de grossesse. Ils sont déconseillés en cas d'allaitement au sein.
• Il est nécessaire de vérifier l'absence d'autre MST.
Les situations à risque
• Lorsque le système immunitaire est affaibli.
• En cas de traitement par antibiotiques.
• Lors de la grossesse et de variations hormonales, les femmes sont plus sujettes aux mycoses.
• Le diabète.
• Les contacts orogénitaux peuvent augmenter les risques de mycose et d'infection bactérienne.
• Le port d'un stérilet.
Les conseils de prévention
• Portez de préférence des slips en coton et en tout cas alternez les matières (les sous-vêtements en nylon ne sont certainement pas les plus indiqués).
• Lors des menstruations, changez toutes les quatre heures de tampon ou de serviette hygiénique.
• Procédez à une hygiène intime matin et soir, à l'eau claire et tiède, toujours de l'avant vers l'arrière. Pas de douche vaginale. Les savons et les parfums doivent être évités. Pour les autres produits, il faut s'assurer qu'ils respectent l'environnement intime.
•Lavez votre maillot de bain après chaque baignade et après le bain de soleil.