Pourquoi avons-nous envie de manger des bébés mignons?

dossier

Votre bébé est à croquer? Il a des joues et des petites cuisses potelées dans lesquelles vous avez envie de mordre? Alors vous êtes probablement un cute aggressor. Et vous n'êtes pas seul(e), selon la recherche.

C'est Oriana Aragon de l'Université de Yale qui a nommé le phénomène "cute aggression' pour la première fois en 2014. Dans une étude en deux parties, elle et son équipe ont étudié comment les gens réagissent lorsqu'ils revoient quelqu'un après une longue période, regardent un film réjouissant ou tiennent un bébé mignon. Elle a montré que ceux qui trouvent un bébé "à croquer" et ceux qui "voudraient câliner quelqu'un jusqu'à l'étouffer" ont également tendance à réagir plus émotionnellement aux beaux moments. En d'autres termes, ceux qui ont envie de manger les bébés pleureront aussi plus facilement au cinéma.

Overdose de mignonnerie

Katherine Stavropoulos, psychologue à l'Université de Californie et cute aggressor elle-même, a décidé en 2018 d'enquêter sur ce qui se passe dans le cerveau pendant ce shoot de choupinitude. Avec un collègue, elle a enregistré l'activité cérébrale de 54 jeunes adultes pendant qu'on leur montrait des images d'animaux et de personnes. Certains étaient très mignons, avec de grosses joues, de grands yeux et de petits nez, tandis que d'autres l'étaient moins, afin d'établir une comparaison. Conclusion : tous les participants ont déclenché les parties du cerveau qui sont impliquées dans les émotions, mais il s'est avéré que plus le niveau de cute aggression était élevé, plus le système de récompense dans le cerveau était activé.

Une envie inoffensive

Cela suggère que les personnes qui ont envie de croquer les bébés sont motivées par deux forces puissantes dans le cerveau: la récompense et l'émotion. Cette combinaison est puissante. Les scientifiques soupçonnent le cerveau de produire involontairement des pensées agressives en réponse à une overdose de mignonnerie, afin de lisser les sentiments accablants. Stavropoulos est consciente que ces déclarations peuvent effrayer ou sembler comme quelque chose de mal, mais elle insiste bien sur le fait que cette "agressivité mignonne" est parfaitement inoffensive. Les personnes qui ont envie de croquer une cuisse de bébé n'ont évidemment pas envie de faire du mal. De plus, elle est plus fréquente que vous ne le pensez : environ la moitié des adultes en "souffrent".

Shoot de bébé

Et bien sûr - pourquoi ça ne nous surprend pas! - les mères seraient plus sensibles à cet état, et tout s'explique... avec cette fameuse odeur de bébé. Non seulement on a envie de les croquer, mais cette petite odeur de bébé là, qui sent si bon, nous donnerait l'eau à la bouche, et cela d'autant plus si on est maman.

En 2013, une étude parue dans la revue Frontiers in Psychology a comparé l'activité cérébrale de groupes de femmes, un groupe de mères primipares et un groupe de non-mères, alors qu'elles sentaient l'odeur de nouveau-nés de deux jours qui ne leur étaient pas familiers. "L'ensemble de ces données suggère que les odeurs corporelles des nouveau-nés de 2 jours provoquent une activation des zones cérébrales liées à la récompense chez les femmes, indépendamment de leur statut maternel.", conclut l'étude. Ces zones cérébrales sont les mêmes que celles liées au plaisir de la faim: lorsque vous avez mangé et êtes satisfait, ou au toxicomane qui se sent mieux après avoir eu sa dose. Toutes les femmes ont donc activé ces zones de plaisir, mais chez les mamans, ces réactions ont été plus intenses. Ce constat souligne la nécessité de recherches futures sur l'attachement mère-nourrisson dépendant des odeurs. Un lien affectif olfactif donc. De là à dire qu'on est addict aux bébés, il n'y a qu'un pas!

Suivez Minimi sur Facebook et Instagram

Lire aussi:
Ces 7 trucs fous sur la grossesse et la maternité qu’on ne savait pas
Bébés et adultes sont sur la même longueur d’ondes pendant le jeu, selon une étude
« Enceinte, j’ai envie de manger du savon », le syndrome de Pica, pendant la grossesse, c’est quoi?
« Pendant la montée de lait, je me sens soudain très mal »: le réflexe d’éjection dysphorique, c’est quoi?