Quel est l’antidouleur le plus puissant ?

dossier Les antalgiques - aussi appelés analgésiques ou antidouleurs - sont une classe de médicaments prescrits pour soulager la douleur. Le plus connu et le plus utilisé est le paracétamol. Mais quand celui-ci ne suffit plus, d’autres médicaments plus puissants peuvent être administrés aux patients : les opioïdes. Morphine, fentanyl, tramadol… Quelle est la substance la plus puissante ? Quel danger pour la santé ? 

Voir aussi l'article : Médicaments : les différents types d'analgésiques et leurs effets

Les trois paliers d’antidouleurs selon l’OMS

L’OMS a établi une échelle analgésique qui permet de classer les antidouleurs en trois niveaux selon leur puissance. Cette échelle détermine l’ordre dans lequel les analgésiques doivent être prescrits. Le choix du produit repose sur l’intensité des douleurs et l’échec à soulager la douleur avec un médicament du palier précédent.

  • Le palier I : Antalgiques non-morphiniques pour les douleurs faibles à modérées
  • Le palier II : Antalgiques opioïdes faibles pour les douleurs modérées à fortes
  • Le palier III : Antalgiques opioïdes forts pour les douleurs intenses

Voir aussi l'article : Antidouleurs : qu’est-ce que l’aspirine ?

Palier I : Paracétamol et AINS

Getty_pijnstiller_drugs_pil_20231.jpg

© Getty Images

Les antalgiques de niveau I sont les plus utilisés. La plupart d’entre eux sont disponibles en pharmacie sans ordonnance. Ils ne sont pas sans risques pour autant. Il convient de respecter scrupuleusement les dosages prescrits dans la notice. En cas d’usage prolongé (plus de 4 jours), vous devez consulter un médecin.

  • Paracétamol : Le paracétamol est toujours recommandé en première intention pour les douleurs légères. Il agit rapidement et présente peu d’effets secondaires si la posologie est respectée. Le dosage ne peut excéder 3 à 4g par jour au risque de développer des lésions irréversibles au foie.

  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : Lorsque le paracétamol ne suffit pas à endiguer la douleur, les AINS comme l’ibuprofène sont souvent prescrits pour soulager les douleurs inflammatoires. À trop forte dose (pas plus de 1,2g par jour pour l’ibuprofène), ils peuvent provoquer des effets secondaires gastriques, rénaux ainsi que des troubles de la coagulation.

Voir aussi l'article : AINS : comment utiliser les anti-inflammatoires et quels sont leurs effets secondaires ?

Palier II : Codéine et Tramadol

Les médicaments de niveau 2 sont des opioïdes faibles. Ils ne sont disponibles que sur prescription médicale. L’usage prolongé et abusif des opioïdes peut engendrer des dépendances et de graves problèmes de santé : troubles digestifs, respiratoires, cognitifs.

  • Codéine : La codéine est un analgésique puissant qui agit sur le système nerveux central. Ses effets sont similaires à ceux de la morphine bien que la codéine soit 6 fois moins puissante que la morphine. Le médicament a été détourné de son utilisation pour ses effets euphorisants. Il peut engendrer des effets secondaires plus ou moins graves : vertiges, confusion, somnolence, constipation, difficultés respiratoires qui peuvent aller jusqu’à un arrêt respiratoire.

  • Tramadol : Le tramadol est l’opioïde de synthèse le plus puissant du palier II (50 mg de tramadol oral équivaut à 10 mg de morphine orale). Il est prescrit en cas de douleurs graves, aiguës ou chroniques. Ses effets secondaires sont des maux de tête, des nausées, des vomissements, de la constipation, des vertiges, des troubles du rythme cardiaque ou encore de l’hypoglycémie. Une interruption brutale du traitement peut entraîner des réactions de manque.

Voir aussi l'article : Action et effets secondaires des opiacés et des opioïdes

Palier III : Morphine et dérivés (hydromorphone, oxycodone, fentanyl…)

Lorsque les antidouleurs de niveau 2 ne suffisent plus à soulager les douleurs, le médecin peut prescrire un antalgique de niveau 3. Il s’agit de la morphine et des molécules apparentées à la morphine dont le mécanisme d’action est similaire. Leurs effets secondaires sont communs à tous les opioïdes : constipation, nausées, vomissements, somnolence, sécheresse de la bouche, dépression respiratoire et dépendance à la molécule. Lorsqu'ils sont administrés par injection ou perfusion, ils ont un effet encore plus puissant que par voie orale.

  • Morphine : La morphine est la molécule de référence des opioïdes de niveau 3. Le dosage doit être adapté progressivement en fonction des besoins du patient et des effets secondaires observés. Avec le temps, une tolérance à la substance s'installe et il faut augmenter les doses pour obtenir un effet équivalent. L’arrêt de l’antalgique doit également être effectué de manière graduelle pour éviter un syndrome de sevrage. La morphine injectée par voie sous-cutanée est deux fois plus puissante que la morphine absorbée par voie orale et elle est trois fois plus puissante lorsqu'elle est administrée par voie intraveineuse.

Lorsque la morphine ne convient pas ou ne suffit plus, le médecin peut opter pour des dérivés morphiniques plus puissants. 

  • La nalbuphine (injection) est deux fois plus puissante que la morphine orale.
  • L’oxycodone est un antalgique 1,5 à 2 fois plus puissant que la morphine. 
  • L’hydromorphone est 7,5 fois plus puissant.
  • La méthadone a un pouvoir antalgique 10 fois plus important que la morphine.
  • La buprénorphine est 30 fois plus puissante que la morphine.
  • Le Fentanyl est jusqu’à 100 fois plus puissant que la morphine. 


Voir aussi l'article : Comment reconnaître une personnalité à risque de dépendance ?

Le Fentanyl est l’antidouleur le plus puissant et le plus dangereux au monde. Les médecins le prescrivent en cas de douleurs intenses, brusques ou de longue durée, par exemple après une opération, un infarctus ou en cas de cancer. Aux États-Unis, cet opioïde synthétique est responsable de la mort par surdose de 80.000 personnes par an. Ces décès sont cependant à imputer au fentanyl fabriqué illégalement pour le marché de la drogue. 

Voir aussi l'article : Fentanyl : une drogue de synthèse et un puissant analgésique

Sources
https://www.ncbi.nlm.nih.gov
https://www.vidal.fr
https://www.cdc.gov
https://www.revmed.ch
https://www.chu-toulouse.fr

auteur : Olivia Regout - journaliste santé

Dernière mise à jour: mai 2024

Vous voulez recevoir nos articles dans votre boîte e-mail ?

Inscrivez-vous ici à notre newsletter.

vous pourrez vous désinscrire quand vous le souhaiterez
Nous traitons vos données personnelles conformément à la politique de confidentialité de Roularta Media Group NV.
volgopfacebook

volgopinstagram