Hypertension : objectif 120 plutôt qu’une pression artérielle à 130 ou 140 ?

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news Les valeurs cibles du traitement de l’hypertension font débat : l’objectif doit-il permettre d’atteindre une pression systolique à 140, ou plus bas ? Une nouvelle pièce est ajoutée au dossier… qui n’est pas clos pour autant.

L’hypertension artérielle constitue un facteur de risque majeur d’événement cardio et cérébrovasculaire, en particulier d’insuffisance cardiaque, d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral (AVC), ainsi que de complications rénales. La tension artérielle optimale d’un adulte ne devrait pas dépasser 120 mmHg quand le cœur se contracte (pression systolique) et 80 mmHg quand il se relâche (pression diastolique). Entre 120 et 140, et entre 80 et 90, on parle de normale et de normale haute. Au-delà, l’hypertension artérielle (légère, modérée ou sévère) est avérée.

Au plus bas, au mieux ? Pas si simple...

Le diagnostic d'hypertension ne suffit pas pour établir le risque cardiovasculaire global, puisque d’autres paramètres entrent en jeu, comme le tabagisme, l’obésité, le taux de cholestérol ou le diabète. Néanmoins, il est crucial de maîtriser les chiffres tensionnels, à la fois par une adaptation du mode de vie et l’usage de médicaments antihypertenseurs. Question : quel objectif faut-il viser ?

La communauté médicale est partagée, singulièrement en ce qui concerne la pression systolique : les uns font état d’une cible de 140, d’autres de 130, d’autres encore de 120. On pourrait penser qu’au plus bas, au mieux, mais ce n’est pas si simple, et pour au moins deux raisons.

D’abord, viser bas signifie mettre en œuvre un traitement plus agressif, ce qui ne va pas sans risques, et on pense notamment à des épisodes d’hypotension (avec menace d’évanouissement et de chute). Il apparaît aussi qu’une pression artérielle trop faible peut être néfaste pour les patients présentant une coronaropathie (flux sanguin insuffisant vers le cœur).

Ensuite, parce que des études ont montré que les risques santé associés à la tension artérielle suivent une courbe en J, avec une augmentation relative du risque en cas de pression trop basse et une augmentation très nette en cas de pression élevée. D’autres éléments sont évoqués, et ils expliquent la raison pour laquelle le débat est intense.

Une approche hautement personnalisée

Une équipe américaine (Case Western Reserve University) ajoute une pièce au dossier. Elle a analysé des données concernant quelque 9000 personnes hypertendues suivies depuis 2009. A l’entame, elles étaient âgées de plus de 50 ans et leur score global de risque cardiovasculaire était modéré à élevé. La pression systolique variait entre 130 et 180 mmHg. Les patients ont été répartis en deux groupes en fonction des valeurs ciblées par le traitement : soit moins de 140 mmHg, soit moins de 120 mmHg. Ceci ne signifie pas que ces objectifs ont été atteints, mais que les options de traitement ont été adaptées dans cette perspective, donc de manière plus ou moins « agressive ».

Selon les chercheurs, le résultat montre une baisse « significative » (- 27%) du risque cardio et cérébrovasculaire dans le groupe 120 par rapport au groupe 140. Ceci vaut pour l’infarctus, l’AVC ou l’insuffisance cardiaque, ainsi que les décès associés (- 25%). Concernant les effets indésirables du traitement, ils sont plus nombreux dans le groupe 120, avec un risque plus élevé d’hypotension, d’évanouissement (mais pas plus de blessures liées à des chutes) et d’atteinte rénale aiguë, sachant que les auteurs ajoutent que ces problèmes sont habituellement résolus endéans l’année.

« Le message principal, c’est d’abord qu’il est nécessaire de procéder à une surveillance régulière de la tension artérielle. En cas de souci, le médecin fixera l’objectif à atteindre en fonction du risque cardiovasculaire global. Ceci doit se faire en concertation étroite avec le patient, afin que ce but soit atteint », poursuivent les spécialistes. Alors, 120 ou pas 120 ? Le débat n’est pas clos, et ce qui paraît évident, c’est que l’approche doit être hautement personnalisée.

Voir aussi l'article : Gravité de l’hypertension : diagnostic avant ou après 45 ans ?

Source: The New England Journal of Medicine (www.nejm.org)

Dernière mise à jour: juillet 2021
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