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Alzheimer : l'importance des bactéries de la bouche
news Plusieurs études ont mis en évidence un lien entre la santé bucco-dentaire, en particulier la maladie parodontale, et le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Une nouvelle donnée est ajoutée : le lien avec la protéine bêta-amyloïde, un élément clé de cette forme de démence.
La maladie d’Alzheimer est caractérisée par l’accumulation dans le cerveau de deux types de protéines. D’une part, la bêta-amyloïde qui s’agglomère en plaques, et dont on pense qu’il s’agit de la première protéine à se déposer dans le cerveau lors du développement d’Alzheimer. De l’autre, la protéine Tau, qui s’accumule dans les cellules nerveuses pour former des enchevêtrements. Ces processus conduisent à la dégradation des connexions neuronales et à la mort des neurones, ce qui aboutit à la perte progressive de fonctions cognitives essentielles, dont la mémoire.
La migration des bactéries
Les mécanismes à l’origine de l’accumulation de ces protéines sont complexes et partiellement compris. Une série de travaux ont mis en évidence une association possible avec la santé bucco-dentaire, singulièrement la maladie parodontale. Celle-ci affecte les tissus de soutien des dents, et avant tout la gencive. On observe une inflammation chronique dans laquelle les bactéries jouent un rôle clé. Or, on a constaté que les bactéries néfastes impliquées dans ce phénomène pouvaient migrer, notamment vers le cœur et sans doute aussi vers le cerveau.
Une équipe américaine (université de New York) a réalisé des tests qui mettent en évidence un lien particulièrement troublant. Les chercheurs ont réuni des seniors et des personnes âgées sans déficience cognitive. Ils ont prélevé des échantillons de bactéries logées sous la gencive, ainsi que du liquide céphalorachidien par ponction lombaire. Le liquide céphalorachidien (ou liquide cérébrospinal) est un liquide biologique dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière. Parmi d’autres fonctions, il s’agit du liquide par lequel sont évacués les déchets provenant du cerveau. Son analyse peut donc refléter l’état physiopathologique cérébral (inflammation, infection...), et notamment les concentrations de protéines bêta-amyloïdes et tau.
Inflammation et protection
La comparaison entre les différents résultats montre que les personnes qui présentent un équilibre bactérien bucco-dentaire défavorable sont aussi celles dont les concentrations de protéine bêta-amyloïde sont les plus élevées dans le cerveau (ce lien n’est pas observé pour la protéine tau). Par équilibre défavorable, on entend un excès de bactéries nocives pour la santé bucco-dentaire (Prevotella, Porphyromonas, Fretibacterium…) et une insuffisance de bactéries protectrices (Corynebacterium, Actinomyces, Capnocytophaga…).
Les auteurs expliquent qu’il ne s’agit donc pas de s’interroger seulement sur les « mauvaises » bactéries susceptibles de favoriser un processus inflammatoire (avec alors un problème de « nettoyage » du cerveau et d’élimination des protéines), mais aussi les « bonnes » bactéries, potentiellement protectrices contre l’inflammation. Le microbiote buccal doit donc être considéré dans son ensemble. Question : dans quelle mesure ces concentrations plus élevées de bêta-amyloïde associées à la santé bucco-dentaire sont-elles susceptibles de conduire vers la maladie d’Alzheimer ? D’autres travaux doivent le déterminer et démontrer que le traitement précoce et énergique de la maladie parodontale peut permettre de prévenir l’excès de protéine bêta-amyloïde, et à partir de là réduire le risque de maladie d’Alzheimer.
Voir aussi l'article : Alzheimer : des signes dans le cerveau dès 40 ans