Les mystères de l’effet placebo

news L’effet placebo est identifié de longue date, mais recèle encore de nombreuses inconnues. En tout cas, les conditions d’administration d’un traitement peuvent être aussi importantes que le traitement lui-même.

C’est ce qu’a exposé le Pr Jean-Louis Brazier, attaché à la faculté de médecine de l’université de Montréal, à l’occasion d’une conférence organisée par Les Sceptiques du Québec, une association qui vise à « promouvoir la pensée critique et la rigueur scientifique » face à des allégations de nature, disons, pseudo-scientifique.

Premier point, rappelle le Pr Brazier, « l’effet placebo représente tout ce qui n’est pas l’effet pharmacologique intrinsèque du principe actif » (pour prendre le cas du médicament). Double observation, à partir de cela : 1°) il ne s’agit donc pas d’un effet nul ou imaginaire, et 2°) une absence de mécanisme pharmacologique ne signifie pas nécessairement absence d’effet.

Prenons l’exemple des antidouleurs : plusieurs travaux ont montré qu’ils agissaient plus rapidement et plus efficacement lorsque le patient est conscient qu’on les lui administre. Cette « bonification » ne peut être due qu’à l’effet placebo. Une expérience réalisée avec un certain type d’analgésique a quant elle mis en évidence le fait que si celui-ci était utilisé sans que le patient le sache, le soulagement était nul. « L’effet placebo peut en outre se produire par simple apprentissage ou conditionnement visuel ou verbal », poursuit le Pr Brazier.

Il cite aussi cette séquence durant laquelle « un acteur feint une douleur lorsqu’une électrode placée sur son doigt s’allume : un sujet qui observe la scène pourra ressentir une douleur réelle lorsqu’il prendra la place de l’acteur, même si aucune décharge électrique n’est administrée ».
En fait, « tout repose sur les attentes : plus elles sont grandes, plus important sera l’effet du traitement. Tous les éléments associés au traitement peuvent jouer un rôle : son coût, la personne qui l’applique, la qualité de la relation thérapeutique, la couleur ou le goût du comprimé, etc. » Cet état d’attente quant à l’efficacité d’un traitement est en fait « un état émotif relevant de la neurobiologie des émotions », avec la mise en œuvre de mécanismes complexes, impliquant les circuits de l’émotion, de la douleur, du plaisir… Une réaction biochimique à un conditionnement psychologique, en somme ; et qu’il est essentiel pour le personnel soignant d’intégrer dans sa relation avec le patient.



Dernière mise à jour: janvier 2013

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