Ejaculation spontanée : un trouble rare et mystérieux

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news L’éjaculation précoce est un trouble sexuel bien connu, et très répandu. Par contre, l’éjaculation spontanée est assez mal identifiée, même par les médecins. Qu’en est-il ?

Les troubles de l’éjaculation concernent une frange importante des hommes, en particulier l’éjaculation précoce (prématurée), qui affecterait environ 30% d’entre eux. Ce dysfonctionnement se traduit par une éjaculation soit juste avant, soit très rapidement (moins d’une minute) après la pénétration.

Un autre type de problème est appelé éjaculation anhédonique, c’est-à-dire sans orgasme (anorgasmie). On peut aussi citer l’incapacité à éjaculer (anéjaculation), l’éjaculation douloureuse ou l’éjaculation rétrograde (le sperme remonte dans la vessie). Et puis, bien moins fréquente, il y a l’éjaculation spontanée, involontaire, en dehors de toute stimulation ou excitation sexuelle.

Une équipe égyptienne (université de Mansoura) a procédé à une revue exhaustive de la littérature médicale, et elle n’a trouvé qu’une petite quarantaine d’articles consacrés à ce sujet.

Les caractéristiques

Le problème est indépendant de l’âge, puisqu’il concerne des hommes âgés de 13 à 65 ans. La quantité de sperme va de quelques gouttes à un volume éjaculatoire normal et le pénis est souvent flasque (77%). La fréquence varie d’une éjaculation spontanée une ou deux fois par mois à plusieurs fois par jour. Dans la plupart des cas, indique Le Monde, « l’expulsion de sperme n’est pas puissante, elle se manifeste par un écoulement faible et lent », et elle ne s’accompagne d’aucune sensation agréable (81%). Certains font néanmoins état d’un certain plaisir.

Les causes

  • Les effets mécaniques. Dans environ un quart des cas, l’élément déclencheur est la miction, sachant que l’éjaculation spontanée peut aussi se produire lors de la défécation (11%) ou suite à un contact avec le gland (9%, notamment le frottement des sous-vêtements). Les situations rapportées par la littérature médicale renvoient essentiellement à des patients affectés par un trouble médical : maladie de Parkinson ou dépression, par exemple.
  • La rage. Plusieurs patients atteints par la rage ont présenté des épisodes d’éjaculation spontanée, sans doute liés à une atteinte de la moelle épinière (bas du dos) ou des structures cérébrales, en raison de la propagation du virus dans le système nerveux.
  • Les médicaments. Deux classes de médicaments reviennent le plus souvent : les antidépresseurs et les antipsychotiques. En fonction de la dose, le problème survient dans un délai compris entre une semaine et deux mois après le début du traitement. Les mécanismes impliqués renverraient à des interférences perturbant l’activité du système nerveux central. En général, l’arrêt du médicament et son remplacement par une autre molécule permettent un retour à la normale.
  • Les lésions de la moelle épinière. La moelle épinière, qui parcourt l’axe central de la colonne vertébrale, transporte l’influx nerveux depuis le cerveau vers les organes. En cas de traumatisme, une éjaculation spontanée peut survenir, sans doute en raison d’une perte de contrôle du processus éjaculatoire. Il est possible aussi qu’une réorganisation de l’influx nerveux conduise à un phénomène d’éjaculation réflexe. « Ceci explique que tout patient présentant des symptômes évocateurs d’une éjaculation spontanée devrait bénéficier d’une IRM ou d’un scanner de la moelle épinière », ajoute Le Monde.
  • Les facteurs psychologiques. Des éléments psychologiques peuvent intervenir : panique, anxiété, stress… Si la personne est particulièrement fragile sur ce plan, et affectée par des épisodes récurrents d’éjaculation spontanée, un traitement par anxiolytiques peut être envisagé, parallèlement à une thérapie cognitive.

En tout état de cause, les auteurs de cette méta-analyse constatent que ce trouble est mal connu non seulement de la population mais aussi des médecins (sa rareté n’y est pas étrangère), alors qu’il peut sévèrement altérer la qualité de vie des patients. Les spécialistes considèrent que des recherches approfondies sont justifiées pour mieux cerner les réalités de ce dysfonctionnement, et en particulier ses mécanismes.

Voir aussi l'article : Ejaculation précoce : quelles solutions ?

Source
Sexual Medicine Reviews
Le Monde

auteur : Juan Miralles - journaliste santé

Dernière mise à jour: décembre 2021

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