Ejaculation précoce : quelles solutions ?
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L’éjaculation prématurée est l’un des troubles sexuels les plus fréquents. Selon les estimations, entre 12% et 30% des hommes y sont confrontés. Et il s’agit pour beaucoup d’entre eux d’une réelle souffrance, avec des conséquences potentiellement sérieuses sur la vie de couple. Quelles solutions peuvent leur être proposées ?
La Société internationale de médecine sexuelle définit l’éjaculation prématurée selon trois critères, qui doivent tous être présents :
• éjaculation - toujours ou presque toujours - moins d’une minute après la pénétration
• incapacité à retarder l’éjaculation lors de toutes ou presque toutes les pénétrations
• répercussions psychologiques (insatisfaction, frustration, gêne…) pour l’homme et/ou sa partenaire
Ce problème concerne toutes les tranches d’âge. « L’amélioration de l’éjaculation prématurée avec l’âge est loin d’être une évidence », explique le Pr Stéphane Droupy (CHRU de Nîmes). Et si ce souci est fréquent, une proportion très faible de ceux qui sont concernés (à peine 10%) ose en parler. Le sujet est délicat. Pourtant, des solutions existent.
Le diagnostic
Le médecin va ainsi s’intéresser à la présence d’un autre trouble sexuel (dysfonction érectile, principalement), de symptômes affectant l’appareil urinaire (liés à une prostatite chronique, à un syndrome douloureux pelvien…). L’hyperthyroïdie, l’anxiété et la dépression peuvent aussi être la cause d‘éjaculation prématurée. Ce n’est que lorsque des signes cliniques sont identifiés qu’il est justifié de procéder à un bilan complémentaire (dosage hormonal notamment). En cas d’éjaculation précoce primaire, cela n’est pas nécessaire.
L’aspect psychologique doit évidemment être pris en considération : y a-t-il eu un changement récent de partenaire, la relation de couple se dégrade-t-elle, comment fonctionne le couple… ?
La prise en charge
• La psycho-sexologie
En présence d’un couple motivé, on peut proposer une prise en charge psycho-sexologique, de type thérapie comportementale, basée pour l’homme sur la réalisation d’exercices. L’objectif consiste à éliminer le stress lié à l’éjaculation prématurée et la peur de la répétition de l’échec. « Le principe est d’apprendre à se familiariser avec son propre fonctionnement et notamment à reconnaître le point de non-retour, moment où l’éjaculation va se produire et ne peut plus être contrôlée », explique le Pr Droupy. Il s’agit ensuite d’essayer de freiner la stimulation sexuelle et de bloquer le réflexe éjaculatoire avant d’atteindre ce seuil, puisqu’il serait alors trop tard. Des techniques permettent d’y parvenir (voir l’encadré ci-dessous).
Les exercices sont d’abord réalisés par l’homme seul, au cours de séances de masturbation, puis avec sa partenaire (on notera que cette approche visant au contrôle de la masturbation est utile même si l’homme ne vit pas en couple). Durant les trois premiers mois, il est demandé au couple d’entretenir des relations sexuelles sans pénétration, avant de reprendre les rapports complets. « Il s’agit donc véritablement pour l’homme de désapprendre un comportement sexuel et de s’en approprier un autre plus adapté », poursuit le Pr Droupy. Une prise en charge purement psychologique peut être entamée si nécessaire.
• Les médicaments
On sait de longue date que la prise au long cours d’antidépresseurs de type IRS (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine) exerce un rôle retardateur sur l’éjaculation.
Le traitement pharmacologique de l’éjaculation prématurée repose sur un médicament spécifique, la dapoxétine (un IRS, mais sans effet antidépresseur). Le délai d’éjaculation peut être multiplié par trois ou quatre. Les effets secondaires possibles doivent être bien évalués dans la balance risques-bénéfices (nausées, syncope, chute brutale de la tension artérielle, interactions médicamenteuses…).
« Par rapport aux techniques psycho-sexologiques, dont les patients se lassent parfois, la dapoxétine présente l’avantage d’être rapidement efficace », souligne le Pr Droupy. « En tenant compte des précautions d’emploi, elle peut être utilisée en première intention, en particulier en cas d’éjaculation prématurée sévère ou chez les hommes qui ne vivent pas en couple. Ceci étant, l’association avec une thérapie comportementale augmente sans doute la probabilité d’une amélioration à long terme ». Le médicament s’utilise à la demande, une à trois heures avant l’activité sexuelle.
L’application sur la verge d’un anesthésique local n’est pas recommandée.
Les exercices
• Une autre approche consiste à contracter le bas-ventre (comme pour bloquer le flux d’urine) pendant trois secondes, puis à relâcher pendant une dizaine de secondes, et ensuite recommencer. Cela peut se pratiquer n’importe où et renforce progressivement les muscles du périnée et ainsi la capacité de contrôle. • La méthode du stop-start. Il s'agit arrêter la masturbation à l’approche de l’éjaculation, puis à la reprendre lorsque l’excitation a diminué. Bien entendu, ce « stop and go » peut intervenir lors de la pénétration : lorsque l’excitation devient trop forte, l’homme prend une pause… active (caresses, cunnilingus, câlins…). • Le squeeze. Au moment où l’éjaculation va se produire, l’homme ou sa partenaire comprime la zone sous le gland. La douleur qui en résulte bloque l’excitation. |
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