Vitamine C, bouillon de poulet, zinc... : quels remèdes contre le rhume ?
dossier De la vitamine C jusqu'au bouillon de poulet en passant par les probiotiques, divers aliments ou compléments sont supposés soigner le rhume ou aider à le combattre. Qu'en dit la science ?
La semaine dernière, j’ai attrapé un méchant rhume. Nez bouché, gorge douloureuse, état misérable… Je me suis souvenue des innombrables vitamines et suppléments vendus avec la promesse d’atténuer les symptômes du rhume, d’améliorer la vitesse de récupération, et de limiter le risque d’en attraper un autre.
Toutefois, lorsqu’il s’agit d’un banal rhume (également appelé infection des voies respiratoires supérieures) il n’existe pas de remède miracle (j’aimerais, pourtant), même si certains compléments peuvent procurer des améliorations très mineures. Voici ce que permettent de conclure les recherches les plus récentes.
Vitamine C
Pour l’individu moyen, prendre de la vitamine C ne permet pas de réduire le nombre de rhumes attrapés, ou d’en atténuer la sévérité.
En ce qui concerne leur durée, certaines études se sont intéressées aux gens prenant de la vitamine C quotidiennement, tandis que d’autres se sont focalisées sur les personnes qui ont commencé le traitement après avoir attrapé le rhume.
Dans 30 études qui ont comparé la durée des rhumes chez des individus prenant régulièrement au moins 200 mg de vitamine C chaque jour, une réduction significative de la durée des symptômes a été mise en évidence.
Néanmoins, l’effet était faible. Il équivalait à une demi-journée en moins chez les adultes, et d’une demi-journée à un jour entier de moins chez les enfants. Ce type d’étude a également révélé une réduction très mineure de la durée des arrêts de travail ou d’école.
Parmi les études s’intéressant aux prises de vitamine C démarrées une fois que le rhume s’était développé, aucune différence n’a pu être démontrée dans la durée ou la sévérité de la maladie.
La prise de suppléments à base de vitamine C n’est pas sans danger. Ils peuvent augmenter le risque de calculs rénaux chez les hommes, et ne devraient pas être pris par les personnes atteintes d’hémochromatose, une maladie génétique qui provoque une hyperabsorption intestinale du fer. La vitamine C augmente en effet également son absorption.
Exceptions
Bien que dans la population générale, la vitamine C n’a pas d’impact sur le nombre de rhumes attrapés, il existe une exception. Chez les gens exerçant une importante activité physique – tels que les marathoniens, les skieurs ou les soldats en exercice dans des conditions de froid intense – la vitamine C a diminué de moitié le risque de contracter l’infection.
Un petit nombre d’études ont également identifié quelques bénéfices à la prise quotidienne de compléments à la vitamine C (dosée au moins à 200 mg) afin de prévenir le rhume chez les individus atteints de pneumonie.
Attention toutefois, prendre des compléments à base de vitamine E en même temps que d’importantes quantités de vitamine C augmentent notablement le risque de pneumonie.
Zinc
Une revue de littérature des études ayant testé les effets des compléments à base de zinc a mis en évidence une diminution de la durée du rhume pouvant atteindre deux jours, ou un tiers de la durée normale, chez des adultes en bonne santé qui ont commencé un traitement quotidien d’au moins 75 mg dans les 24 heures ayant suivi le déclenchement de la maladie. La prise de zinc n’a pas eu d’effet sur la sévérité du rhume.
On observe une certaine variabilité dans les résultats des différents essais, et les preuves de l’efficacité de ces compléments pour prévenir le rhume sont insuffisantes. Des chercheurs ont suggéré que, chez certaines personnes, les effets indésirables des pastilles de zinc, tels que nausée ou mauvais goût persistant, dépassent leurs bénéfices.
Prenez garde à bien arrêter la prise de ces compléments dès que votre rhume est passé, car absorber trop de zinc peut entraîner des carences en cuivre et mener à une anémie, une diminution du nombre de globules blancs, et des problèmes de mémoire.
Ail
Une seule étude a testé l’impact de l’ail sur le rhume. Les chercheurs ont demandé à 146 personnes de prendre des compléments à base d’ail ou un placebo, quotidiennement, pendant 12 semaines. Ils ont ensuite relevé le nombre et la durée de leurs rhumes.
Les membres du groupe qui avait pris de l’ail ont rapporté avoir contracté moins de rhumes que ceux du groupe qui avait reçu le placebo. La durée des rhumes était la même dans les deux groupes, mais certaines personnes ont développé une réaction à l’ail (un rash), ou ont trouvé son odeur déplaisante.
Étant donné qu’il n’y a eu qu’un essai rapporté dans la littérature scientifique, il est indispensable de demeurer prudent quant à l’efficacité de la prise d’ail pour prévenir ou traiter les rhumes. Il faut également être précautionneux en ce qui concerne l’interprétation des résultats, car la méthodologie impliquait que les participants consignent eux-mêmes leurs rhumes, ce qui a pu introduire des biais.
Probiotiques
Une revue de littérature portant sur 13 essais de compléments alimentaires à base de probiotiques auxquels ont participé plus de 3 700 enfants, adultes et seniors, révèle que les personnes prenant des probiotiques se sont avérés moins susceptibles d’attraper un rhume.
Leurs rhumes étaient également plus courts, et moins sévères (en termes de nombre de jours d’absences scolaires).
La plupart des compléments utilisés étaient des produits à base de lait, tels que des yaourts. Seules trois études ont utilisé des probiotiques sous forme de poudres, et deux, sous forme de gélules.
Néanmoins, la qualité scientifique de toutes les études sur les probiotiques était très faible. Elles contenaient notamment des biais et des limitations, ce qui signifie que ces résultats doivent être interprétés avec précaution.
Echinacée
Les échinacées constituent un groupe de plantes à fleurs commun en Amérique du Nord. Dans le commerce, il est possible d’acheter des produits à base d’échinacée sous forme de gélules, cachets ou de gouttes.
Une revue de ces produits a révélé qu’ils ne sont d’aucun bénéfice dans le traitement du rhume. Toutefois, les auteurs indiquent que certains d’entre eux pourraient peut-être avoir malgré tout un faible intérêt, et que des recherches plus approfondies sont nécessaires.
Bouillon de poulet
Oui, j’ai gardé le meilleur pour la fin.
Dans une expérience menée en 1978 sur quinze adultes en bonne santé, des chercheurs ont mesuré la vélocité du flux de mucus nasal des participants – qui traduit notre capacité à fluidifier et évacuer le mucus afin de mieux respirer. Concrètement, ils ont comparé à quel point le nez des participants coulait après avoir siroté de l’eau chaude, du bouillon de poulet ou de l’eau froide (ou les avoir absorbés à travers une paille).
Siroter de l’eau chaude ou du bouillon de poulet a fait davantage couler les nez des participants que l’eau froide, avec un avantage au bouillon de poulet. Selon les chercheurs, celui-ci stimule les récepteurs de l’odorat et/ou du goût, ce qui en retour augmente le flux de mucus nasal.
Une autre étude menée sur le bouillon de poulet a démontré qu’il pouvait aider à mieux récupérer des infections des voies respiratoires, et à mieux combattre le rhume. Par ailleurs, d’autres travaux ont montré que les nourritures qui nous réconfortent, comme le bouillon de poulet, pouvaient nous aider à nous sentir mieux…
► Clare Collins, Professor in Nutrition and Dietetics, University of Newcastle.
► La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.