Nordique ou afghane : comment ça… marche ?
dossier Un proverbe l’affirme: un jour de sentier, huit jours de santé. C’est dire à quel point marcher est profitable à l’organisme. Et pour cause! Il s’agit de l’exercice le plus naturel qui soit. Il peut être pratiqué par tous, à tout âge, n’importe où et par n’importe quel temps. C’est bien simple: la marche redevient tendance! Voici deux façons d’en faire. Il s’agit de marches moins conventionnelles, certes, mais tellement bénéfiques…
Qui, en les voyant arpenter le macadam les mains sanglées à deux bâtons, longues tiges fixes en fibre de carbone ou de verre, n’a jamais souri, le mystère ne cessant d’alimenter cette… dé-marche pour le moins étonnante, principalement en milieu urbain ? Décalée ? Et pourtant! Née en Finlande dans le courant des années 70 afin de permettre aux skieurs de fond de continuer à s’entraîner pendant l’été, la marche nordique fait un tabac. Dix millions de personnes dans le monde ont régulièrement recours à cette activité.
En Belgique, ils sont plusieurs milliers. Effet de mode ? En partie, probablement. C’est comme pour tout. L’attrait de la nouveauté, sans aucun doute, le dispute ainsi à ce besoin vital pour l’individu de s’extraire de cette torpeur engendrée par une existence de plus en plus sédentaire. À force d’accumuler les bonnes résolutions, rarement tenues toutefois plus de quelques semaines, le miracle finit cependant par arriver. On s’y met. On aime ça. On y prend goût, d’autant qu’à la réflexion, rien ne vaut finalement la marche.
Un effet domino salutaire
De tout temps, la marche traditionnelle a été recommandée pour son aptitude à entretenir le corps sans que ce dernier soit soumis à des efforts (trop) violents. Son pendant nordique, ou nordic-walking, se différencie par un degré plus important de tonicité. Contrairement à la marche classique, tous les muscles de la partie supérieure du corps sont sollicités. Grâce à ces fameux bâtons télescopiques, objets de raillerie pour l’automobiliste avachi dans sa voiture en plein milieu d’un embouteillage interminable, on accentue le mécanisme de balancier naturel des bras afin de se propulser vers l’avant.
Ceux-ci travaillent en harmonie avec les jambes selon un mouvement inversé. L’effet domino est immédiat: pectoraux, cou ou abdominaux, les voici tous entraînés sans sensation d’effort supplémentaire dans cette action en chaîne qui améliore également les capacités cardiovasculaires et aide à l’amincissement grâce à une dépense calorique plus élevée de 20 à 40% par rapport à la marche traditionnelle.
C’est l’équivalent d’un jogging à allure modérée. Qu’attend-on pour franchir le… pas? Désormais, plus rien ne vous retient dans votre fauteuil, encore moins lorsque vous apprendrez que les bienfaits de la marche nordique ont été constatés chez des personnes atteintes de la maladie de Parkinson ou souffrant de pathologies rhumatismales, de dépression, voire de cancer.
Le yoga des pas
Et sa lointaine parente… afghane? Possède-t-elle aussi des vertus thérapeutiques? En tout cas, ceux qui s’y adonnent la louent pour ses capacités d’endurance et ses facultés d’apaisement psychique. On doit cette technique à des chameliers nomades originaires d’Afghanistan qui, forcés d’accompagner leurs troupeaux en période de transhumance à raison de soixante kilomètres par jour pendant plusieurs semaines, entendaient éviter qu’un tel périple ne les mène au bord de l’épuisement.
Ils ont alors mis au point un concept de marche reposant sur une synchronisation entre le souffle et les pas. Ledit concept se décline de la sorte: inspiration sur trois pas, apnée sur le quatrième, expiration sur les trois pas suivants, maintien des poumons vides sur le dernier. L’exercice se reproduit ensuite systématiquement. Sa spécificité originelle mise de côté, observons combien la marche afghane procure à ceux qui s’y consacrent assidûment un bien-être physique (répétera-t-on jamais assez que marcher constitue un plus pour le corps ?), tandis que cette détente mentale générée par une méditation dans l’action est particulièrement bienvenue par les temps qui courent: se concentrer sur ses pas en les comptant débarrasse l’esprit de toute pensée polluante marqueuse de stress.
Par ailleurs, ce processus de respiration maintes et maintes fois renouvelé est ressenti positivement par tout l’organisme. On ne répétera jamais assez non plus combien nous respirons mal. Ou plutôt: nous respirons d’une manière inefficace, en utilisant avec parcimonie notre capacité pulmonaire.
Une question de mauvaise habitude. Or, une respiration profonde stimule la circulation sanguine, entre autres. La marche afghane peut donc combler ce manque. Ce yoga des pas, qui se pratique de préférence en pleine nature (ce qui permet de gagner encore en sérénité), se veut d’être au cœur d’un phénomène de reconstruction intérieure censé réconcilier l’individu avec lui-même. L’engouement pour la marche afghane ne saurait par conséquent se démentir!
INFOS
Ligue francophone belge de marche nordique
61 rue Belleflamme
4030 Liège
Tél. 0472 68 28 71
www.lfbmn.be
info@marchenordique.be
À LIRE
Régénération par la marche afghane
Edouard Stiegler
éd. Guy Trédaniel
2005, 81 p., 13 €.