Témoignage | "Accoucher de mon deuxième enfant à la maison était une évidence"

dossier La deuxième fille de Chloé est née à la maison, dans la douceur de son foyer. Cet accouchement à domicile (ou AAD) était profondément souhaité et réfléchi. Chloé a eu le temps de s'informer tout le long de sa grossesse sur la physiologie de l'accouchement. Elle a aussi pu bénéficier de longues séances de préparation à la naissance par sa sage-femme. Sa petite fille est arrivée très rapidement, si rapidement qu'elle était déjà dans les bras de ses parents quand la sage-femme est arrivée! Récit d'une belle aventure. "Ma première fille est née au Cocon, à Érasme (maison de naissance à Bruxelles, ndlr). J'y avais suivi une super préparation à la naissance qui m'avait permis de comprendre l'importance d'être préparée, et je savais ce que c'était qu'accoucher. Pendant cette première grossesse, je me suis retrouvée enceinte avec des connaissances qui, elles, avaient choisi le chemin classique, sans trop se poser de questions. Elles ne semblaient pas vraiment savoir ce qu'elles allaient vivre. Mon accouchement s'est très bien passé, j'avais confiance dans le personnel du Cocon et puis c'était aussi, à ce moment-là, rassurant d'être dans un hôpital.

Du pain blanc emballé dans du plastique

J'ai vite déchanté pendant les suites de couches, j'ai en effet mal vécu mon séjour à la maternité. Ma chambre était au début du couloir, la porte claquait à chaque entrée dans le service. Rien n'était prévu pour une jeune maman. La première chose dont a besoin une femme qui vient d'accoucher, c'est d'une bonne alimentation... et on reçoit du pain blanc emballé dans du plastique! Le service était un peu débordé à ce moment-là. Ma fille est née un peu avant la date prévue. Elle pesait 2,9 kg et ne mangeait pas. Je posais des questions mais le personnel n'avait pas le temps, tout était vite expédié. J'ai trouvé que je n'étais vraiment pas bien épaulée. Et puis il y a avait ce défilé incessant de professionnels. La pédiatre, les sages-femmes, la photographe, la gynéco, le kiné... J'ai vécu tous les clichés de l'hospitalisation! Le kiné, croyant sans doute bien faire et me motiver, me faisait faire des abdos hypopressifs (rentrées de ventre, ndlr) même pas 12 h après mon accouchement en me disant "Allez vous pouvez mieux faire!" (Rires), tous les clichés... Les jours suivants, la sage-femme qui venait à la maison pour le suivi nous a dit "Ah oui donc pour le prochain, c'est à la maison alors". Elle a semé une petite graine à ce moment-là. Avant ça, je n'y avais pas pensé.

Accoucher à la maison, une évidence

Devenir mère n'a pourtant pas été "facile" pour moi. J'ai, à cette époque, écouté beaucoup de podcasts comme La Matrescence. Avec tout ce cheminement personnel, quand je suis tombée enceinte de mon deuxième enfant, accoucher à la maison était une évidence. Et puis je trouvais ça plus logique, avec un enfant plus grand, de ne pas partir de la maison pour revenir 3 jours plus tard avec la petite sœur dans les bras. Un autre argument en faveur de l'AAD: j'avais envie d'un suivi avec la même personne, jusqu'au bout, de la grossesse à l'accouchement, et même après. Les rendez-vous avec ma sage-femme, c'était 1h30 de discussion à chaque fois!
On n'accouche à la maison que si tous les feux sont au vert
Du côté du papa, tout est venu naturellement, je n'ai pas eu besoin de le convaincre. Sa maman est danoise, il a été élevé à la danoise, dans cet esprit de parentalité proximale et de maternage... Je pense que ça dû jouer! Pour lui c'était quelque chose de normal. Il me faisait confiance et savait que j'en étais capable, puisque tout s'était bien passé la première fois. Enfin, il a aussi rencontré ma sage-femme. Nous avons discuté pendant des heures à deux ou à trois de nos peurs, ce qui a contribué à déconstruire nos idées préconçues. Ma mère en revanche, plutôt du genre stressée, posait des questions du genre "Et la sage-femme a tout ce qu'il faut, au cas où?". Il était question qu'elle soit présente pendant l'accouchement, pour garder notre grande. Alors à force d'en parler, c'était devenu presque normal aussi pour elle. Et puis ça n'était pas tombé comme un cheveu sur la soupe! Il y avait eu tout un cheminement. Je me suis beaucoup renseignée, j'ai énormément lu, appris. Et comme les mamans que je suis sur les réseaux sociaux sont aussi dans cette démarche-là, c'est presque devenu ma normalité à moi. Le mystère, pour moi, c'est plutôt comment font les femmes pour accoucher physiologiquement à l'hôpital, dans les conditions de l'hôpital. Au final, ça s'est assez bien passé avec mon entourage. Il faut dire que je pense être plutôt éloignée de tout ce que les gens fantasment autour de l'AAD. Je ne prends pas de décisions à la légère, j'ai tendance à tout analyser. J'avais donc de bons arguments et semblais sûre de moi. Quand les gens doutaient, je les rassurais en leur expliquant qu'on n'accouche à la maison que si tous les feux sont au vert. De mon côté, j'avais écarté mes peurs. On a tendance à oublier que le risque zéro n'existe pas, même à l'hôpital! Je stressais davantage par rapport à la douleur de l'accouchement. Et d'ailleurs, avec mes amies, c'était plus sur cet aspect que je devais me justifier: pourquoi vouloir accoucher dans la souffrance alors qu'on peut accoucher sans douleur? Lire aussi: Comment accoucher à domicile en toute sécurité?

Une naissance de rêve

Ma sage-femme demandait qu'on ait une gynécologue de référence à l'hôpital, en cas de besoin. On devait aussi faire les trois échographies trimestrielles. Comme j'avais dépassé la date présumée de l'accouchement de quelques jours (40 semaines d'aménorrhée en Belgique, 41 en France, ndlr), la gynéco m'avait déjà prévu un rendez-vous pour un déclenchement, une semaine plus tard. Mais pour moi, dans l'état actuel des choses, c'était hors de question. Ce rendez-vous avait eu lieu la veille de mon accouchement. Alors le soir j'ai pris un bon bain et j'ai eu une grande discussion avec mon bébé (rires). Je n'avais quasiment pas de contractions. À 4 h du matin, j'ai été réveillée par une grosse douleur. Après trois contractions j'avais déjà très mal, donc j'ai vite compris que le travail avait commencé. J'ai réveillé le papa à 4 h 10. Je pensais qu'il s'était écoulé une demi-heure depuis mon réveil, mais non, seulement dix minutes! J'ai demandé à mon compagnon d'appeler ma mère et notre sage-femme. Comme il était très cool au téléphone et qu'il ne pensait pas que ça irait aussi vite (moi non plus d'ailleurs), la sage-femme a compris qu'elle avait le temps d'arriver tranquillement, et elle ne s'est pas dépêchée. J'étais dans la salle de bains, à quatre pattes. Les contractions étaient très fortes, alors j'ai mis ma main et j'ai senti la tête de mon bébé. Notre fille est sortie en trois poussées, à 5 h 50, dans les bras de son papa. On avait prévu des bâches sur le lit, mais au final, on n'avait eu le temps de rien installer, et j'ai accouché sur le tapis de bain. Vers 6 h, ma mère est arrivée, surprise que sa petite fille soit déjà née. Notre fille aînée dormait paisiblement, et quand elle s'est réveillée le matin, elle avait une petite soeur! Quand la sage-femme est enfin arrivée, j'étais dans mon lit, tout était calme, le jour se levait. Tout le monde m'a posé la question du cordon. J'avais gardé mon bébé sur moi encore relié à son placenta, et quand on s'est sentis prêts, le papa l'a coupé, environ 2 heures après l'accouchement. Notre sage-femme a ensuite pris son temps pour faire tous les examens sur moi, et tous les petits soins sur bébé, tranquillement. Elle est partie en fin de matinée, et c'est vrai que, pour le coup, on s'est soudainement retrouvés seuls, livrés à nous-mêmes! Et en même temps, on savait qu'on était capables.

Un post-partum dans son nid douillet

L'après? On avait tout préparé. Le papa a pris un mois de congé parental pour rester à la maison. Je ne suis pas sortie de ma chambre pendant une semaine. J'étais couchée presque tout le temps, à manger des bonnes choses et me reposer. La sage-femme passait tous les jours et je savais que je pouvais la joindre à tout moment. Côté bébé, on a fait le test d'audition dans les jours qui ont suivi. Notre sage-femme nous avait conseillé de faire venir un médecin traitant à la maison dans les deux semaines (les pédiatres ne viennent pas à domicile), mais notre médecin étant à Bruxelles, nous avons vu le pédiatre que trois semaines après la naissance. La visite a été assez tendue, le pédiatre nous a alors clairement dit qu'il était contre l'accouchement à domicile. Les jours d'après, c'est un bonheur. Tu es chez toi, tu prends ta douche dans TA salle-de-bains. Tu es dans TON lit, avec TES draps. J'avais mes petits plats et mes petites boules énergétiques que j'avais préparés à l'avance, mes tisanes. Pas d'odeur d'hôpital, pas de visites incessantes, j'étais dans mon environnement. C'était tellement confortable d'être à la maison!

"Notre normalité, c'est qu'un accouchement soit médicalisé"

D'ailleurs, pour les gens, c'est souvent mon compagnon qui m'a accouchée. J'ai eu évidemment droit à des réflexions du genre "c'est un accouchement comme au moyen-âge". C'est maladroit, mais je ne le prends pas pour moi. Ce sont souvent des gens qui ne savent pas, et quand je sens que les gens sont curieux et ont envie d'en savoir plus, je leur explique. Les femmes à l'hôpital ne sont pas dans les conditions pour accoucher de manière physiologique: il faut de l'intimité, pas de stress... Au Cocon, il n'y pas de lit médicalisé mais un lit en bois, des petites lumières au plafond, une pièce sombre. Je m'étais vraiment sentie dans un petit cocon! Je ne sais pas comment j'aurais accouché avec des personnes pas bienveillantes autour de moi, de la lumière sur mon entrejambe, couchée sur le dos... Cela dit, pour cette naissance à la maison, et avec le recul, je crois que si ma sage-femme était arrivée plus tôt, je n'aurais peut-être pas accouché comme ça. Là, je me suis complètement laissée aller. Je n'ai eu aucune déchirure, contrairement à mon premier accouchement où j'avais poussé pendant une heure. Je pense que si ça a été si vite, c’est aussi grâce au contexte et à la préparation. Les gens pensent toujours que j'ai accouché facilement, mais j'ai eu mal. C'est une douleur pour aller chercher son enfant, d'accord, mais j'ai eu mal. Ma sage-femme me disait "Dans les moments de crise, tu repenseras à ce moment et tu sauras que tu sais faire beaucoup" Et c'est vrai qu'après, on se sent super forte." Suivez Minimi sur Facebook et Instagram Lire aussi: Témoignage | Mon accouchement voie basse après une césarienne 15 mamans racontent les moments « oups » de leur accouchement Post-partum: 7 trucs super glamours qui arrivent après l'accouchement

auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: octobre 2021

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