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Douleur : les hommes sont-ils vraiment plus douillets ?
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Les hommes ne sont pas plus douillets que les femmes. Par contre, le souvenir de la douleur s’imprime plus fortement chez eux, ce qui crée de l’anxiété.
Une idée reçue veut que les hommes soient plus sensibles à la douleur que les femmes : en fait, c’est tout le contraire, ils sont plus résistants sur un plan strictement physique. Concernant les lamentations en cas de petit bobo, comme une coupure bénigne ou un rhume, la plupart des psychologues s’accordent à penser que cette réaction renvoie au besoin de se faire cajoler, câliner, materner… Ceci étant, une équipe canadienne (université McGill) met en évidence un processus étonnant : le souvenir de la douleur, source de stress et d’anxiété chez l’homme mais pas chez la femme.
L’expérience a réuni des hommes et des femmes âgés de 18 à 40 ans, rassemblés dans une pièce spécialement aménagée.
• Jour 1 : une faible source de chaleur a été appliquée sur leur avant-bras, et il leur a été demandé d’évaluer la douleur sur une échelle de 0 à 100. Juste après, on leur a fait ressentir une douleur (beaucoup) plus intense, en faisant des exercices avec les bras alors qu’ils portaient un brassard de tensiomètre gonflé à bloc.
• Jour 2 (le lendemain) : les participants sont soit retournés dans la même pièce que la veille, soit dans une autre pièce (neutre). On leur a de nouveau appliqué de la chaleur sur le bras, et demandé d’évaluer l’intensité de la douleur.
Résultat : les hommes (mais pas les femmes) qui étaient retournés dans la même pièce (mais pas les autres) ont ressenti une douleur plus importante que la veille, alors que la chaleur était la même.
L’un des chercheurs commente : « Nous pensons que les hommes replacés dans la même pièce anticipent la pose du brassard, et que ce stress accroît la sensibilité à la douleur. Nous nous attendions à ce que la sensation douloureuse soit plus intense le deuxième jour, mais qu’elle ne le soit que chez les hommes est complètement inattendu ».
Une expérience similaire a été conduite chez la souris, avec exactement la même observation (douleur plus intense chez les mâles replacés dans le même contenant). Cette étude préliminaire pourrait avoir des implications pour la prise en charge de la douleur chronique, dont on connaît la composante émotionnelle, et sans doute aussi mémorielle. « Si le souvenir douloureux alimente la douleur chronique et si nous comprenons comment cette dernière s’imprime dans la mémoire, peut-être pourrons-nous soulager certains patients en agissant directement sur les mécanismes de la mémoire », ajoute l’un des auteurs. Bien des questions restent en suspens, sachant que chaque nouvel éclairage peut contribuer à avancer dans la prise en charge de cette problématique majeure.