Ivre sans boire une goutte d’alcool : une histoire incroyable

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news Pendant des années, un Américain a vécu un véritable calvaire : sans consommer d’alcool, il se retrouvait en état d’ivresse. Pourquoi et comment traiter ce « syndrome d’auto-brasserie » ?

Ce syndrome rare n’a pas fait l’objet de beaucoup de publications dans la littérature scientifique, et le cas de cet Américain, relaté par Le Monde, est donc exceptionnel à bien des égards. Le début de l'affaire remonte à 2011. Alors âgé de 46 ans, 1 m 87 pour 104 kg, il reçoit un traitement antibiotique en raison d’une plaie infectée à un pouce. Peu de temps après, il commence à traverser des épisodes de déprime, d’agressivité, de confusion…, mais ce n’est que trois ans plus tard, en janvier 2014, qu’il se décide à en parler à son médecin généraliste, qui le renvoie vers un psychiatre : celui-ci prescrit un anxiolytique et un antidépresseur.

Les sucres convertis en alcool


Le moment critique survient en mars 2014 : l’individu est arrêté par la police pour conduite en état d’ivresse. Il jure n’avoir pas consommé d’alcool, mais la prise de sang est formelle : 2 g/l, l’équivalent de 10 bières ! Il consulte un spécialiste. Les examens sanguins sont normaux, mais l’analyse des selles révèle la présence des levures Saccharomyces (S.) cerevisiae et S. boulardii, connues comme étant impliquées dans le syndrome d’auto-brasserie : par un processus de fermentation intestinale, elles convertissent les glucides (sucres) alimentaires en alcool. Un traitement antifongique est entamé, et l’obligation lui est imposée d’exclure les glucides de son alimentation.

Tout se passe relativement bien jusqu’en février 2017 : en état d’ébriété, le patient chute et souffre d’une hémorragie cérébrale. Pendant son hospitalisation, son alcoolémie fluctue entre 0,5 et… 4 g/l (!), et malgré ses dénégations, le personnel soignant le soupçonne fortement de boire en cachette.

L'erreur de la pizza et du soda


Quelque temps après sa sortie, le malheureux se tourne vers une autre équipe (université de Richmond), qui procède à de nouvelles analyses de selles, qui mettent en évidence la présence de deux autres levures : Candida (C.) albicans et C. parapsilosis. Nouveau traitement antifongique, l’état s’améliore. Problème : en janvier 2018, l’homme ne résiste pas à une pizza et à un soda (alors que les glucides lui sont interdits), ce qui provoque une rechute sévère du syndrome d’auto-brasserie. Re-traitement, cette fois massif : pendant six semaines, administration par voie intraveineuse d’un antifongique contre les candidoses invasives. Il recevra ensuite un mélange de probiotiques, qu’il devra prendre à vie.

Lorsqu’il est établi que les levures ont été éliminées du système digestif et que la flore intestinale (microbiote) s’est normalisée, des sucres sont introduits très progressivement dans son alimentation. Et après un an, le patient semble enfin guéri. Encore aujourd’hui, il vérifie son alcoolémie de temps en temps. Mais qu’est-ce qui a causé tout ça ? Citée par Le Monde, l’équipe qui relate ce parcours explique : « Nous pensons que les symptômes de notre patient ont été déclenchés par l’exposition à des antibiotiques qui ont provoqué un changement du microbiote intestinal permettant la pullulation de levures. A notre connaissance, un syndrome d’auto-brasserie associé à la prise d’antibiotiques n’avait jamais été rapporté auparavant ».

Voir aussi l'article : Pourquoi les hommes sont « bourrés » et les femmes « pompettes » ?

Source: BMJ Open Gastroenterology (https://bmjopengastro.bmj.c) via Le Monde (www.lemonde.fr)

Dernière mise à jour: janvier 2020

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