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Maladie d’Alzheimer : votre manière de dessiner peut révéler des troubles cognitifs
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La manière dont vous tenez votre stylo pourrait-elle présager la maladie d’Alzheimer ? C’est en tout cas ce que suggère une étude, ouvrant ainsi une porte vers une amélioration des outils diagnostics des troubles cognitifs à un stade précoce.
On savait déjà que la façon dont les gens dessinent – ou écrivent, comme dans le cas de la maladie de Parkinson – pouvait révéler un déclin cognitif. Mais jusqu’à présent, les tests restaient limités et, l’analyse automatisée du processus de dessin n’avait pas été suffisamment testée pour son usage sur diverses populations. "Bien qu'il soit clair que les traits de dessin liés au mouvement et à la pause peuvent être utilisés pour dépister les troubles cognitifs, la plupart des tests de dépistage restent relativement imprécis", a déclaré l'auteur principal de l'étude, le professeur Tetsuaki Arai dans un communiqué. "Nous nous sommes demandé ce qui pourrait arriver si nous devions analyser ces traits pendant que les gens effectuaient une gamme de tâches de dessin différentes."
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Comment les personnes ayant des troubles cognitifs dessinent
Des chercheurs de l’université de Tsukuba, au Japon, ont donc étudié les productions picturales réalisées sur tablette numérique de 92 personnes âgées, aux Etats-Unis et au Japon, en prenant en compte les variables sociodémographiques, et le matériel utilisé. Ils ont analysé le processus de dessin à travers la combinaison de 6 caractéristiques : la vitesse de dessin et sa variabilité, la variabilité de la pression sur le stylet (stylo numérique), les variabilités des inclinaisons horizontales et verticales du stylet et le rapport de durée de pause/dessin. Les scientifiques ont ensuite corrélé ces caractéristiques au score MoCA, ou « Montreal Cognitive Assessment », un test servant à évaluer des dysfonctions cognitives.
Ce qu’ils ont constaté ? Les personnes ayant une moins bonne cognition présentaient le plus de variabilité de la vitesse du dessin, un rapport de durée pause/dessin plus élevé, et une variabilité de l’inclinaison horizontale du stylet plus faible.
Autrement dit, les personnes qui dessinent un coup vite, un coup plus lentement, qui s’arrêtent davantage pendant le tracé d’un trait et entre les dessins eux-mêmes, et qui « bougent » assez peu leur stylo pendant qu’ils dessinent sont plus susceptibles de présenter des troubles cognitifs.
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Vers une auto-évaluation des troubles cognitifs ?
Ces résultats permettent de mieux distinguer les personnes ayant une cognition normale des personnes souffrant de troubles cognitifs légers (TCL ou MCI en anglais) et des personnes atteintes d’Alzheimer (MA ou AD en anglais). Les chercheurs ont d’ailleurs découvert que les différences étaient plus importantes entre les sujets normaux et MA par rapport aux sujets normaux et TCL. Or, les TCL sont souvent considérés comme une forme précoce de la maladie d’Alzheimer. Ce test pourrait donc être utilisé sur des personnes présentant des signes de déclin cognitif légers, afin d’anticiper l’évolution vers un Alzheimer.
"Bien qu'il s'agisse d'une étude relativement petite, les résultats sont encourageants", a ajouté le professeur Arai. "Nos résultats ouvrent la voie à de meilleurs tests de dépistage des troubles cognitifs".
Les chercheurs espèrent en effet que ces résultats permettront le développement d'un outil pratique international pour une auto-évaluation cognitive, afin d’améliorer l’accès au dépistage et, par là-même, la qualité de vie des futurs patients touchés par la maladie d’Alzheimer.
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Sources :
JMIR Formative Research
www.tsukuba.ac
www.cnfs.ca