Chronique | Enfants mal installés: à quand une campagne de sensibilisation sur les sièges-auto?

dossier Je ne sais pas vous mais pour nous, jeunes parents, l'été est souvent l'occasion de nous retrouver avec d'autres jeunes parents. Et là commence l'enfer de tout parent: la comparaison. Les autres font comme ci, comme ça, "Mais tu sais que l'écharpe c'est vachement plus physio?" "Dis donc il mange pas beaucoup ton fils!" "Ah mais il est en face route à 5 mois!!!" Si d'habitude - me considérant comme une mère plutôt nulle logistiquement parlant - je la boucle, cette fois, j'ai envie de l'ouvrir. Ou, à la rigueur, celle que j'aurais bien envie de boucler, c'est la ceinture de sécurité. Car cet été, j'ai été à plusieurs reprises confrontée au cas du siège-auto foireux. Rien qu'en l'espace de trois semaines. J'ai vu des enfants pas attachés (mais du tout) à l'arrière d'une voiture, des bébés de cinq mois dans des sièges beaucoup trop grands, beaucoup trop cheap, et surtout, enfer et damnation: face à la route. En un mot, des bébés et des bambins installés dans des sièges absolument pas adaptés à leur âge/taille/poids. Mon radar formaté par mes petites études de marché des sièges-auto - boulot et vie de parents oblige - ainsi que par le site de référence Sécurange (mais pas que) n'a pas manqué de tilter sur l'aspect confort ou physiologique plus que limite du bazar: des bébés en position assise alors qu'ils devraient être semi-inclinés, une ceinture de sécurité qui cisaille un petit cou certes dodu mais quand même, un maintien de la tête inexistant pour des nourrissons dont la tête fait, de mémoire, environ un tiers du poids de leur corps.

C'est toujours pareil: tant que tout va bien bah... tout va bien!

Mais mon radar a surtout vu des bébés qui, en cas de choc, même peu important... Je vous laisse vous faire les mêmes scénarios terribles, façon crash-test au ralenti, que je me suis faits. Alors c'est sûr, tant qu'on ne fait pas de sortie de route avec trois tonneaux, tout va bien. Tant qu'on ne pile pas d'un coup sec parce que la voiture de devant a freiné brutalement, tout va bien. Tant que personne ne nous rentre dedans de plein fouet, tout va bien. Tant qu'on ne se paye pas un sanglier qui traverse la route, tout va bien. Après tout, quand j'étais petite (ah les années 80!), la ceinture de sécurité à l'arrière n'était pas obligatoire. Je ne l'ai (presque) jamais mise, et je vais très bien. En termes de biais cognitifs, ça s'appelle le biais du survivant: croire que, parce qu'on va bien, ce n'est pas dangereux. Je ne veux pas jeter la pierre aux parents qui, visiblement, sont loin de se douter du danger d'un matériel inadapté. "C'est mieux que rien" se disent-ils, pensant quelque part au fond d'eux-mêmes que les accidents de la route, ça n'arrive qu'aux autres. Je ne leur jette pas la pierre car j'ai fait comme eux. J'ai déjà mis mon petit sur un réhausseur bien trop grand avec une seule ceinture de sécurité pour le maintenir en me disant "c'est juste pour 3 jours, et sur des petits trajets". J'ai déjà laissé son anorak à mon grand dans son siège car j'avais la flemme de lui enlever et que "j'en ai que pour 10 minutes". J'ai mis trop tôt mon aîné face à la route car, à l'époque, j'étais mal informée. "C'est toujours mieux que rien" ai-je pensé, toutes ces fois là. Vraiment? Est-ce qu'au fond un bambin de 2 ans, couché sur la banquette arrière, comme dans les années 80, ça ne revient pas au même que ce siège qui, au moindre choc, ne tiendrait pas la route?

À quand une campagne de prévention routière sur les sièges-auto?

Je me suis alors demandé pourquoi, en France et en Belgique, on n'était pas plus à cheval sur le sujet. Pourquoi on ne sensibilisait pas les parents, pourquoi on est à ce point négligent avec la sécurité de nos plus petits sur la route. Il y a pourtant des normes européennes avec homologations, parfois à peine connues des parents: dos route jusqu'à 15 mois, pas de dos route sur le siège passager avant si l'Airbag n'est pas désactivé, etc. Mais que fait la police? Pourquoi n'y-a-t-il pas de contrôles, d'informations, de campagnes de prévention? C'est pourtant pas si compliqué, et je vois d'ici les slogans "Bébé mal installé, bébé en danger". Aux USA et au Canada - et je suppose, dans bien d'autres pays - (je pense notamment à la Suède où les enfants voyagent en dos route jusqu'à minimum 4 ans) ils sont bien moins coulants sur le sujet. Dans certains états américains, comme en Californie, quand vous quittez la maternité, une personne formée accompagne les jeunes parents pour vérifier la bonne installation du siège-auto et du bébé à l'intérieur. Ils donnent des conseils et sensibilisent à l'importance d'une bonne installation future. Au Québec, il existe de véritables formations pour devenir technicien certifié par la Child Passenger Safety Association of Canada, habilités à réaliser de véritables contrôles techniques des "bancs d'auto", comme on dit là-bas. Dans les deux pays, des dates d'expiration sont indiquées sur les sièges.

Pourquoi pas nous?

À l'heure où on met des casques sur nos chères têtes blondes quand elles font du vélo ou du ski, à l'heure où des campagnes de sensibilisation routière fleurissent sur les panneaux d'autoroute "Je m'arrête toutes les deux heures", pourquoi, chez nous, il y a zéro sensibilisation sur quelque chose qui peut sauver des petites vies? Pourquoi des jeunes parents pourtant très conscients, voulant tout bien faire, choisissant "le meilleur", mettent leurs bébés de quelques mois dans des sièges qui, en cas de choc, ne les protègeront tout simplement pas? Parce qu'ils ne savent pas. À nous médias, influenceurs/euses et sites spécialisés d'informer, en attendant que les pouvoirs publics le fassent aussi. En attendant, parents, allez sur Sécurange, posez des questions au vendeur spécialisé si vous achetez le siège en magasin, faites votre petite étude de marché, vérifiez les crash-tests, n'économisez pas sur la sécurité, partagez cette vidéo qui montre les risques du face route vs dos route. Car, c'est toujours pareil, tant qu'on n'a pas d'accident, tout va bien... https://www.youtube.com/watch?v=DrMWx-GIFUU

Quelques chiffres sur le dos à la route

Nous reprenons ici des chiffres donnés par le site de référence français Sécurange:
  • À 50 km/h, un enfant face à la route a 40 % de risques de blessures graves.
  • À 50 km/h, un enfant dos à la route n'a que 8 % de risques de blessures graves.
Un enfant assis dans un siège orienté dos route court environ:
  • 96% de risque de moins qu'un enfant non attaché d'être blessé lors d'un accident.
  • Tandis qu'il y a seulement 77% de risque de moins avec un siège orienté face route.
  • 70% de risques en moins de traumatisme crânien.
  • 73% de tension en moins sur le cou.
?"Volvo dispose d'une base de données de plus de 35 000 accidents. Excepté dans un cas extrême, aucun enfant n'a été tué dans un siège-auto orienté vers l'arrière (source volvocars.com). ?Grâce au dos à la route prolongé, la Suède détient le plus petit nombre d'enfants de moins de 4 ans tués dans des accidents de la route."
Enfin, rappel édifiant: 2 enfants sur 3 sont mal attachés en voiture.

auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: juillet 2022
Vous voulez recevoir nos articles dans votre boîte e-mail ?

Inscrivez-vous ici à notre newsletter.

vous pourrez vous désinscrire quand vous le souhaiterez
Nous traitons vos données personnelles conformément à la politique de confidentialité de Roularta Media Group NV.
volgopfacebook

volgopinstagram