Arthrose du genou : pas trop vite pour la prothèse
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La pose d’une prothèse de genou en cas d’arthrose (gonarthrose) est de plus en plus fréquente. Le problème, c’est qu’elle risque d’intervenir trop tôt, sans bénéfice majeur pour le patient.
Aux Etats-Unis, le nombre d’interventions de ce type a doublé depuis l’année 2000, observe le Dr Roseline Péluchon (Journal international de médecine). Cet accroissement spectaculaire est « la conséquence de l’élargissement des critères d’éligibilité, et principalement de l’augmentation des poses de prothèse chez les patients moins symptomatiques, dans la classe d’âge des 45 - 64 ans. Or, certaines études montrent qu’environ un tiers des patients qui ont bénéficié d’une prothèse du genou présenteront encore des douleurs après l’opération, et que les bénéfices de la pose d’une prothèse sont supérieurs chez ceux dont l’état fonctionnel était le moins bon ».
Les patients les plus sévèrement atteints
Pour affiner tout cela, une équipe américaine (Mont Sinai) et néerlandaise (Erasmus MC) a suivi pendant une dizaine d’années quelque 5000 patients (45 - 79 ans), afin d’évaluer les bénéfices fonctionnels et en termes de qualité de vie de la pose d’une prothèse. Le Dr Péluchon explique en substance : « Force est de constater que la pratique actuelle reposant sur un plus large intervalle d’âge s’accompagne d’un effet relativement peu important sur la qualité de vie, quand on considère l’ensemble de la cohorte. Les changements concernant la prise de médicaments et les scores de bien-être mental sont minimes et hétérogènes. L’amélioration la plus remarquable concerne, comme attendu, les patients dont les scores étaient les plus défavorables avant l’intervention ».
Ceci ne signifie évidemment pas que la pose d’une prothèse de genou présente globalement des avantages modestes : ce que soulignent ces résultats, c’est que « les patients opérés du fait de la tendance à l’extension des indications pourraient retirer moins de bénéfices de l’intervention ». Le Dr Péluchon poursuit : « Finalement, la stratégie la plus performante consiste bien à ne réaliser une pose de prothèse de genou que chez les patients les plus sévèrement atteints ».
Voir aussi l'article : Prothèse de genou et de hanche : quelle durée de vie ?