Les troubles du sommeil chez l’enfant

dossier Le sommeil d’un nouveau-né ne ressemble en rien à celui d’un adulte. Il connaît des repères et des rythmes complètement différents et il rencontrera durant la première année de son existence des modifications importantes. Il est donc inutile et insensé de vouloir régler les troubles du sommeil chez le jeune enfant en se basant sur l’expérience du sommeil chez l’adulte. De plus, la plupart des troubles du sommeil chez l’enfant en bas âge se solutionnent généralement d’eux-mêmes, spontanément au fil des ans. Il convient donc d’être vigilant mais pas du tout inquiet !

Les habitudes de repos et de sommeil des enfants peuvent énormément changer au cours des premières années de leur vie. Et tout comme chez les adultes, il y a des enfants qui sont de grands dormeurs et des bambins qui ont besoin de peu de repos. D’autres qui sont du matin et d’autres qui sont du soir. Il y a des enfants qui font très vite leurs nuits et qui adoptent rapidement le rythme jour-nuit et d’autres chez lesquels cela pourra prendre davantage de temps !

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© Getty

Un enfant âgé de 1 à 3 mois dort généralement entre 19 à 20 heures par jour. Le sommeil est léger et est facilement perturbé (la faim ou le moindre bruit). Le sommeil de l’enfant est fait d’une succession de cycles du sommeil durant lesquels le bébé passera d’un sommeil léger actif à un sommeil plus profond mais de plus courte durée et puis ainsi de suite. Progressivement, l’enfant adoptera un rythme et des habitudes de sommeil avec des phases de sommeil plus longues. Les habitudes de sommeil du bébé varient donc totalement de celles des adultes et il est insensé de vouloir calquer le sommeil de l’enfant sur celui de l’adulte.

Le rythme du jour et de la nuit
Durant ce rythme, l’enfant dormira sans interruption durant 5 à 6 heures par nuit. Mais ce rythme ne se mettra que progressivement en place. On estime que 7 bébés sur 10 auront vers l’âge de 3 mois adopté leurs habitudes de sommeil et leur rythme de sommeil. Ce n’est que vers l’âge de 6 mois que les bébés ont un véritable rythme jour-nuit. On observe que seulement 1 enfant sur 10 n’aura pas encore développé son rythme jour-nuit à l’âge d’un an.
De fréquents changements d’environnement ou de nounous peuvent perturber le rythme jour/nuit. Il en va de même si le bébé doit dormir dans un environnement bruyant et en pleine luminosité. Environ la moitié des enfants se réveillera la nuit mais se rendormira généralement sans faire appel à ses parents.

L’enfant devient de plus en plus mobile et autonome en grandissant. L’enfant va apprendre à bouger, à ramper, à grimper sur tout et n’importe quoi, à marcher et puis à courir… ce qui en peu de temps va considérablement augmenter son espace de vie. Dans cette phase, la plupart des enfants seront particulièrement entreprenants et envahissants. C’est la période des grandes découvertes et aller dormir représente pour eux un frein à leurs découvertes, leurs activités. Bref, ils n’en ont vraiment pas envie ! L’enfant découvre son potentiel de liberté, d’indépendance et donc le refus qui va de pair. L’enfant pourra devenir très exigeant, capricieux voire égocentrique. Il ne voudra pas aller au lit et souhaitera se comporter comme ses parents, en adulte. Le besoin de faire la sieste en journée va progressivement diminuer et la fatigue ne pointera pas le bout de son nez en fin d’après-midi ou début de soirée. Bref, l’enfant aura grandit et revendiquera son autonomie. Cela donne au moment du coucher parfois lieu à de véritables scènes familiales, à des pleurs, des cris, des colères. Certains enfants veulent tout contrôler et s’abandonner au sommeil signifie perdre le contrôle et donc devenir passif alors qu’ils ont tellement de choses à faire. Ils peuvent également avoir peur de perdre l’espace d’une nuit toutes les nouveautés qu’ils ont découvertes récemment. Bref, on entre dans un véritable cercle vicieux. Certains enfants au moment d’aller dormir peuvent véritablement avoir des crises de panique voire d’angoisse.

Les rituels peuvent faciliter la transition entre l’activité du jour et le moment du sommeil et atténuer ainsi la panique et les angoisses liées à la nuit. Le rituel du sommeil alors que l’enfant est déjà en pyjama peut commencer : se laver, se brosser les dents, lire une histoire, raconter quelques petites choses, un bisou etc… ils peuvent considérablement aider l’enfant même si de nombreux enfants ont de sérieux problèmes à s’endormir. Certains demandent même à laisser la porte de leur chambre ouverte ou de laisser la lumière allumée.

Lors de la puberté, le sommeil et le besoin de repos augmentera. Les ados sont souvent fatigués, aiment dormir longtemps, faire la grasse matinée, sont souvent couchés en pleine journée sur leur lit et s’endorment donc difficilement le soir…traînant à loisir devant la télévision. Leur corps est en pleine évolution. L’école et la société sont exigeantes envers eux. Ils doivent beaucoup donner d’où leur fatigue excessive. Ils doivent par exemple effectuer des choix pour leur avenir. De plus, c’est l’époque où ils commencent à sortir tard le soir, où ils rentrent en pleine nuit et donc où ils dorment moins longtemps qu’avant. Ils ne peuvent plus récupérer car parfois ils doivent aller tôt en cours ou font un job d’étudiant pour se permettre des sorties ou autres.
Comme les ados se montrent très indépendants, leurs troubles du sommeil échappent bien souvent aux parents mêmes les plus attentifs. Ainsi, si un ado a mal dormi ou mal récupéré, il peut vite faire croire qu’il a des problèmes d’insomnie. Tout est généralement un problème de récupération d’un sommeil en retard. Les habitudes des ados vont en matière de sommeil vite rejoindre celles des adultes. Le jeune adulte paniquera ainsi nettement moins vite s’il passe une nuit blanche.

Les problèmes éventuels

Les angoisses de solitude
On observe des problèmes de sommeil chez les enfants qui ont peur de rester seul. Il s’agit souvent d’enfants super couvés qui ont une mère qui est tout le temps présente. Il y a des enfants qui répètent également plusieurs fois d’affiliée « bonne nuit » avant de s‘endormir. Cela peut être considéré comme un rituel et signifier que les parents ne sont pas loin ou réellement partis. Cela peut être une crainte que les parents ne se séparent ou divorcent. Un doudou, une peluche à cajoler etc. aident généralement à se sentir moins seul. Les enfants leurs accordent souvent une importance capitale et leur confèrent un rôle de substitution.

Des problèmes pour se rendormir
Il n’est pas anormal qu’un enfant se réveille la nuit et cela se passe même assez fréquemment. Certains enfants auront du mal à se rendormir, ils auront peur du noir, d’être seuls dans la nuit, dans le noir et ils appellent souvent leurs parents. Ils peuvent également avoir soif, faim, s’ennuyer ou tout simplement avoir peur d’être seuls. Il vaut donc mieux éviter de demander à un enfant s’il a peur la nuit, seul dans son lit, s’il a peur du noir…si ce n’était pas le cas, cela pourrait lui insuffler cette idée et l’angoisser alors qu’il n’y avait pas pensé. Il vaut mieux demander de but en blanc ce qu’il a et d’agir en fonction.
Si l’enfant se réveille et qu’il vous appelle,
• restez près de lui, donnez-lui éventuellement à boire, essayer de le calmer d’un ton doux et calme et parlez un peu avec lui. Il s’endormira généralement facilement.
• Limitez toutefois votre intervention de sorte que l’enfant puisse rapidement se rendormir…sinon la prochaine fois, il profitera de la situation. Habituez-le à la nuit et au fait qu’il fait noir la nuit. Evitez donc les lumières qui restent allumées. La lumière appartient au jour et le noir à la nuit.
• Solutionnez le problème dans la chambre de l’enfant et essayez de ne pas entrer dans son jeu en l’emmenant dans le living ou pire dans votre chambre voire dans votre lit.
• Si l’enfant a peur des fantômes, des loups, de monstres etc., il ne faut pas aller regarder sous le lit, dans l’armoire car dès lors vous entrerez dans son jeu et prouverez qu’un loup, un monstre ou un fantôme peuvent effectivement pénétrer dans sa chambre. Dites simplement que ce n’est pas possible. Qu’il s‘agit d’imagination, de mauvais rêves et qu’il faut penser à de belles et jolies choses.

Les cauchemars
A partir de l’âge de 2 ans, les enfants peuvent commencer à faire des cauchemars. Ils peuvent perturber le sommeil et les enfants de cet âge ne sont pas en mesure de savoir s’ils font un rêve ou un cauchemar, de différencier le vrai, du faux. Au fur et à mesure que l’enfant grandira, il apprendra à discerner ce qui est de l’ordre du rêve de ce qui est de l’ordre du cauchemar, de ce qui appartient à la réalité et au rêve.
Les cauchemars se raréfieront. Et lorsque les enfants feront des cauchemars, ils appelleront moins souvent les parents. Des enfants de 5-6 ans lorsqu’ils font un cauchemar, se rendront d’ailleurs eux-mêmes dans la chambre de leurs parents et ne se réveilleront plus en hurlant et en appelant leurs parents.
On assiste vers l’âge de 6 ans à un pic de cauchemars. C’est probablement dû à ce que l’enfant vit, observe à l’école en journée. Il n’est pas nécessaire d’analyser ces cauchemars ou d’y voir des liens de causes à effets.

Dans le lit des parents ?

Le fait de mettre son enfant dans son lit poserait des problèmes de liberté, d’indépendance et de confiance chez l’enfant. Certains parents font dormir l’enfant dans leur chambre voire dans leur lit parce qu’ils aiment ça. C’est par exemple souvent le cas d’une mère célibataire qui aime la compagnie de son enfant dans son grand lit. Cela ne posera pas de problème tant que le respect de l’identité de l’enfant et celui de l’adulte sont définis ainsi que la personnalité et les besoins individuels des personnes concernées.
Il ne faut pas que l’enfant devienne un substitut d’un compagnon qui fait défaut ou d’un père décédé par exemple. Il ne faut pas que l’enfant serve – au sein du lit – d’alibi pour éviter toute relation sexuelle avec le compagnon. L’enfant est alors utilisé comme prétexte et sa présence au sein du lit conjugal est justifiée par de mauvais motifs.
Néanmoins, les scènes où toute la famille est réunie le dimanche matin dans le lit conjugal peuvent être plaisantes s’il n’y a pas de rôle de substitution qui est joué par l’enfant. Toute la famille réunie le dimanche matin peut avoir un effet positif sur l’entente familiale.

Des idées reçues


Certains jeunes ont été élevés dans le respect d’un nombre d’heures de sommeil par exemple 8 heures de sommeil. Il y a aussi le précepte selon lequel les heures de sommeil avant minuit comptent double etc. Cela peut donner l’idée aux jeunes qu’ils ne dorment pas suffisamment, qu’ils dorment mal et donc qu’ils ne sont pas assez actifs, compétitifs etc. Ce peut donner naissance à des pertes de confiance.

Que faire en cas de problèmes ?

Il est indispensable de ne pas voir des problèmes là où il n’y en pas !
Ne faites pas un drame si un enfant se réveille la nuit. Les parents sont souvent convaincus que les enfants qui ont des troubles du sommeil, qui éprouvent des difficultés à s’endormir ou qui se réveillent à plusieurs reprises auront un manque de sommeil. Ce n’est pas nécessairement le cas. Les enfants ont certes besoin de beaucoup de sommeil et ils dormiront quand ils seront fatigués. Retenez simplement que comme tous les adultes, les enfants peuvent avoir besoin de sommeil. Certains ont besoin de beaucoup de repos et d’autres de très peu de sommeil ! Un bon test est le réveil matinal. Si l’enfant est frais, gai, spontané, c’est la meilleure preuve qu’il n’est pas fatigué et qu’il aura suffisamment dormi !

De bonnes règles d’hygiène

• Il est indispensable que vous ménagiez du temps pour coucher l’enfant et pour les rituels du coucher,
• Evitez les images ou évocations tristes, violentes avant le coucher ainsi que des jeux violents, des activités physiques intenses,
• Répétez un certain rituel : pyjama ; dents, histoire, câlin etc.
• Evitez néanmoins les rituels du coucher qui n’en finissent pas,
• Plongez la chambre dans le calme, sans bruit, lumière agressive, stimuli lumineux, bruyants ou autres Ne le tentez pas avec des jouets ou autres qui pourraient lui donner envie de jouer et donc de se distraire et d’échapper au sommeil,

Il est rare que l’on administre des calmants voire des somnifères aux enfants. Ne donnez jamais un calmant ou un somnifère de votre propre initiative à votre enfant. Consultez un pédiatre en cas de gros problèmes de sommeil. Aucune automédication et ne tombez pas dans le panneau d’une petite aspirine ® pour bien dormir, d’un lait chaud ou encore d’une infusion quelconque ou d’huiles essentielles, de sprays. Chez les enfants tout ceci peut constituer un réel danger pour leur santé !



Dernière mise à jour: novembre 2022
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