Incontinence chez l'homme : causes, symptômes, traitements

dossier L’incontinence urinaire, c’est l’incapacité à retenir l’écoulement de l’urine. Les fuites urinaires involontaires et l’incontinence sont souvent perçues comme un trouble typiquement féminin. Pourtant, ces problèmes surviennent aussi chez les hommes, mais dans une proportion il est vrai nettement moins importante. Causes, symptômes et traitements de l'incontinence masculine.

On estime ainsi qu’environ 10% des hommes âgés de plus de 40 ans souffrent d’une forme d’incontinence, contre 20% des femmes. Ces chiffres sont sans doute plus élevés, car beaucoup de personnes ne consultent pas un médecin pour cette raison. Plus l’âge est avancé, plus le pourcentage est élevé, tant chez les hommes que chez les femmes. Chez les hommes âgés de 75 ans et plus, un sur trois souffrirait d’incontinence, pour plus de la moitié des femmes.

Pourquoi l’incontinence est-elle plus fréquente chez les femmes ?

• Les hommes ont un urètre plus long, qui comporte davantage de mécanismes de blocage de l'urine que chez la femme.

• Le soutien des tissus environnants joue également un rôle. Le plancher pelvien est moins ferme chez les femmes que chez les hommes (et il s'affaiblit encore suite à une grossesse, à un prolapsus...).

• Après la ménopause, la muqueuse de l'urètre s’assèche avec pour conséquence que l’urètre peut moins bien se refermer, devient plus sensible et plus réactif aux stimulations.

En soi, l’incontinence urinaire ne présente pas de danger pour la santé, mais elle n’en est pas moins très désagréable. Surtout chez les hommes, elle constitue un sujet tabou. Beaucoup pensent qu’elle s'inscrit dans le cours naturel du vieillissement et ils se refusent à consulter un médecin. Il existe pourtant un éventail de traitements qui permettent d'affronter le problème.

Pourquoi urine-t-on ?

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L’urine constitue la plus grande part des déchets liquides du métabolisme de l'organisme. Elle est sécrétée par les reins après filtration du sang, pour être ensuite véhiculée via les uretères vers la vessie où l’urine est stockée. Si la vessie est pleine, l’urine est alors évacuée via l’urètre.

Le contrôle de la miction est réalisé par un sphincter situé à la sortie de la vessie. Les muscles du plancher pelvien agissent en outre comme un système de fermeture autour de l’urètre. Ces muscles forment une sorte de hamac rigide sur lequel repose la vessie.

Lors du stockage de l’urine, la vessie s’étire. Lorsqu’elle est remplie de 150 à 200 millilitres d’urine, vous ressentez le besoin d’uriner.

Lorsque la vessie a atteint sa contenance maximale, le stimulus envoyé au cerveau devient plus fort et le besoin se fait encore plus pressant. Il est possible de retenir la miction. Mais la vessie continue à se remplir au compte-gouttes : lors du dépassement de sa capacité maximale, le besoin devient douloureux, laissant cependant le temps de se rendre aux toilettes... sauf incontinence.

C’est la tension des muscles de la paroi de la vessie et la relaxation des muscles autour de la sortie de la vessie et de l’urètre qui permettent la miction. Lors d’une absorption normale de liquide, nous devons uriner environ six fois par jour.

Les formes d’incontinence

Tout comme chez les femmes, il existe chez les hommes diverses formes d’incontinence urinaire, qui peuvent d'ailleurs survenir simultanément.

Incontinence par égouttement post-mictionnel

La vessie n’est pas entièrement vidée et la personne continue à perdre de l’urine après la miction. Le terme médical qui caractérise cette affection est Post Micturition Dribbling (PMD) ou égouttement post-mictionnel. Il survient généralement lorsque le pénis est remis dans le sous-vêtement. Bien qu’il ne s’agisse que de quelques gouttes, cela engendre des taches sur les vêtements, une odeur d’urine et un sentiment d'inconfort, voire d'agacement. Il s’agit de la forme la plus fréquente d’incontinence urinaire chez l'homme. Elle touche un homme sur cinq entre 30 et 80 ans.

L’incontinence par débordement survient suite au fait que l’urètre (le canal qui relie la vessie à l’extrémité du pénis) n’a pas été entièrement vidé par le muscle vésical. La cause précise n’est pas connue.

• Il est possible qu’avec l’âge des petits plis se forment dans l’urètre où de l’urine subsiste.

• Il peut s'agit d'une conséquence de l’hypertrophie de la prostate, qui complique le passage de l’urine lors de la miction.

• Cela peut également se produire en cas de muscles du plancher pelvien affaiblis.

Incontinence par impériosité

Elle se caractérise par un besoin soudain et irrépressible d’uriner, avec un risque de ne pas arriver à temps aux toilettes. Cela s’accompagne généralement d'envies fréquentes d’uriner. On doit ainsi souvent se lever la nuit pour uriner (nycturie) et on perd régulièrement de petites quantités d’urine (pollakiurie).

La cause est une contraction involontaire du muscle vésical (vessie instable) ou une vessie hyperactive, c’est-à-dire que la vessie se contracte au moment où cela ne devrait pas encore être le cas, et l’urine est expulsée. Même si le sphincter fonctionne normalement, il n'est pas en mesure de contrôler la poussée.

Après l’égouttement, il s’agit de la forme la plus fréquente d’incontinence chez l’homme.

Quels sont les facteurs de risques ?

• affection de la vessie, comme une infection des voies urinaires ou une inflammation de la vessie
• hypertrophie de la prostate, suites d'une opération de la prostate
• vieillissement
• affection du système nerveux (AVC, démence, Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques...)
• diabète
• consommation élevée de caféine ou d’alcool, bien que les études se contredisent
• mauvaises habitudes urinaires (comme des visites trop fréquentes aux toilettes même sans en ressentir le besoin)
• médicaments (antidépresseurs, diurétiques...)

Incontinence d’effort ou de stress

Dans le cas d’une incontinence liée à l’effort, la perte d'urine (souvent en petite quantité) est associée à la contraction des abdominaux. Elle peut survenir pendant le sport, mais aussi lors d'un éternuement, d'une toux ou d'un rapport sexuel. La pression dans le bas ventre et sur la vessie augmente brusquement, avec un besoin soudain d'uriner.

La cause est un mauvais fonctionnement du mécanisme de fermeture de la vessie, lié la plupart du temps à un affaiblissement des muscles du plancher pelvien. Lorsqu'ils ne font pas bien leur travail, la vessie se referme insuffisamment en cas d'augmentation de la pression et de l’urine s’écoule alors. Cela peut être une conséquence d’un mauvais fonctionnement du sphincter.

Il s’agit de la forme la plus fréquente d’incontinence chez les femmes, également chez les femmes jeunes, par exemple après un accouchement.

Chez les hommes, ce genre d’incontinence survient quasiment exclusivement en combinaison avec des troubles de la prostate ou à la suite d’une lésion nerveuse lors d’une opération de la prostate ou après une radiothérapie. Elle peut également apparaître lors d’un problème d’ordre neurologique (par exemple suite à une lésion du cerveau ou de la moelle épinière).

Incontinence mixte

On parle d’incontinence mixte lorsque l’incontinence par impériosité et l’incontinence d’effort surviennent ensemble. La plupart du temps, l’un des deux types domine.

Incontinence par regorgement

Il s’agit d’une forme d’incontinence où la vessie ne se vide plus complètement et déborde. Il y a une perte presque continuelle d’urine. Il s’agit en fait d’une variante de l’incontinence par égouttement post-mictionnel.

La cause est soit l’incapacité de la vessie à se contracter, ou une obstruction de l’urètre (le passage n'est plus fluide).

Quels sont les facteurs de risque ?

• affection neurologique
• diabète
• obstruction du col vésical ou de l’urètre suite à une hypertrophie de la prostate ou à une protubérance, ou suite à une lésion avec formation de cicatrice
• mauvais fonctionnement de la vessie
• médicaments (anticholinergiques, antipsychotiques, antidépresseurs...)

Incontinence réflexe

L’incontinence réflexe renvoie à la contraction de la vessie en l’absence d’un besoin normal d’uriner. Cette forme d’incontinence est causée par une lésion du système nerveux central – par exemple suite à un AVC ou en cas de paraplégie – qui fait disparaître l’action inhibitrice du cortex cérébral et du tronc cérébral sur la vessie.

Incontinence fonctionnelle

Ce terme est utilisé quand une personne n’arrive pas aux toilettes ou ne parvient pas à ouvrir son pantalon à temps en raison d’une contrainte physique ou de circonstances externes. Cela peut par exemple être le cas chez quelqu’un qui est en chaise roulante, qui se déplace difficilement en raison d’une affection rhumatologique, ou chez un patient atteint d’Alzheimer qui ne réalise pas à temps qu’il doit uriner.

Incontinence totale

Une forme très rare qui se manifeste lorsque le mécanisme de fermeture est paralysé ou endommagé.

Les causes possibles

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L’incontinence urinaire survient lorsqu’une partie du système urinaire ne fonctionne plus correctement à la suite de problèmes de vidange de la vessie (par exemple en raison d’une obstruction ou d’un autre problème de sphincter) ou d’une défaillance lors du remplissage de la vessie, notamment lors d’une perturbation des signaux envoyés de la vessie vers le cerveau.

Les fuites urinaires involontaires peuvent être la conséquence de modifications liées à l’âge, comme la déshydratation des muqueuses de l’urètre, un affaiblissement des muscles du plancher pelvien, une hypertrophie de la prostate…, mais elles peuvent également être dues à d’autres facteurs, comme une affection du système nerveux, la dépression, le diabète, une infection des voies urinaires, ou encore certains médicaments (diurétiques, calmants...).

L'âge

L’âge constitue le principal facteur de risque d’incontinence chez l’homme. Il ne s’agit pas d’un phénomène normal de vieillissement, mais les modifications de la vessie et des reins en raison de l’avancement en âge peuvent y contribuer. Une augmentation ou une diminution de l’élasticité de la vessie, une hypertrophie de la prostate et des changements des muscles du plancher pelvien peuvent jouer un rôle.

La prostate

Une miction difficile, non graduelle ou mauvaise (incontinence par égouttement post-mictionnel) est une caractéristique fréquente d’un trouble de la prostate, comme par exemple une hypertrophie, qui complique le passage de l’urine lors de la miction. Une hypertrophie de la prostate peut également compresser l’urètre à un tel point que la vessie sature et qu’une incontinence par regorgement peut survenir.

À la suite d’une opération de la prostate, d’autres formes d’incontinence, comme l’incontinence de stress, peuvent apparaître, souvent de manière temporaire. Lors d’une opération de la prostate à la suite d’un cancer de la prostate, l’incontinence survient chez environ 10% des patients. Cependant, le cancer de la prostate en lui-même est rarement une cause de problèmes de miction.

La vessie

Une activité renforcée de la vessie provoque des contractions involontaires du muscle vésical (« vessie hyperactive »), ce qui peut entraîner des symptômes tels qu’un besoin soudain d’uriner et des fuites involontaires.

Une activité réduite peut provoquer une augmentation du résidu vésical post-mictionnel, avec un risque d'obstruction. Les muscles entourant la sortie de la vessie peuvent moins bien fonctionner. Même lors d’une pression faible, l’urètre va se mettre à fuir, ou la paroi de la vessie peut devenir moins élastique ou au contraire trop élastique.

Lors d’une infection, ou dans le cas de calculs vésicaux, la personne peut souffrir d’incontinence par impériosité, avec une perte d'urine dès la sensation du besoin d’uriner.

Les voies urinaires

Les infections des voies urinaires peuvent provoquer une hypersensibilité de la vessie. Les symptômes sont un fréquent besoin d’uriner, des mictions fréquentes pendant la journée et durant la nuit (ou en petites quantités) et le fait de ne pas arriver à temps aux toilettes. Ces symptômes peuvent aussi survenir en cas de maladie sexuellement transmissible (MST).

Le système nerveux

Des dommages au cerveau ou à la moelle épinière, par exemple à la suite d’un AVC, lors d’une paraplégie, d'une sclérose en plaques ou de la maladie de Parkinson, peuvent faire perdre le contrôle sur la vessie ou des intestins. Cette perte de contrôle peut être temporaire ou permanente, en fonction du degré de gravité de l'atteinte du système nerveux.

L'alcool

Une consommation trop importante d’alcool est une des causes fréquentes de fuites urinaires involontaires.

Les médicaments

L'incontinence est un effet indésirable potentiel de certains médicaments (diurétiques, alpha-bloquants, antipsychotiques, antidépresseurs...).

Le poids

En cas de surcharge pondérale, une pression supplémentaire s'exerce sur les abdominaux ou les muscles pelviens, ce qui peut provoquer des fuites urinaires. Souvent associé au surpoids, le diabète est une cause connue d'incontinence urinaire.

Comment le diagnostic est-il posé ?

Si vous souffrez de fuites urinaires involontaires, n’hésitez pas à consulter votre médecin traitant. Expliquez-lui quand les symptômes sont apparus, à quelle fréquence les fuites surviennent et dans quelles circonstances, et quelle quantité d’urine vous perdez. Dans plus de 80% des cas, il existe une solution à ce problème.

Le médecin va procéder à un examen physique et demandera une analyse d’urine afin de déterminer la cause précise et le type d’incontinence. Dans certains cas, des examens supplémentaires sont nécessaires.

• Le patient souffre-t-il d’autres symptômes (comme des douleurs à la miction), prend-il des médicaments, présente-t-il d’autres problèmes de santé (diabète, infections récurrentes des voies urinaires...) ?

• Le médecin peut demander au patient de tenir pendant quelques jours un journal de ses mictions.

• L’examen physique permet de contrôler la force et le fonctionnement des muscles du plancher pelvien, alors qu'un toucher rectal peut être envisagé pour estimer le volume de la prostate.

• L'analyse d’urine permet de déceler une inflammation de la vessie ou une infection des voies urinaires.

• Des examens plus spécifiques sont indiqués en fonction des soupçons du médecin (trouble de la vessie, hypertrophie de la prostate, cancer, maladie du système nerveux...).

Le calendrier de la miction

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Votre médecin peut vous demander de tenir pendant quelques jours un calendrier mictionnel.

Ce journal de bord répertorie le nombre de mictions quotidiennes, le ratio jour / nuit, les quantités de liquide consommées... Il s’agit d’un outil simple et pratique pour se faire une idée précise de la situation. Il existe différents types de calendriers mictionnels : quelles informations y trouve-t-on ?

Sommeil - réveil

• Notez l’heure à laquelle vous allez au lit avec l’intention de dormir.
• Notez l’heure de votre réveil avec l’intention de vous lever.

Prises de liquide

• Notez le moment de chaque prise de liquide.
• Notez le volume de chaque boisson consommée. Le volume d’une tasse est d’environ 15 cl et celui d’un verre d’environ 20 cl.
• Notez le type de boisson (café, thé, soupe ou autre).

Volume de la miction

• Notez l’heure de chaque miction.
• Mesurez le volume (la quantité) de chaque miction. Chaque miction doit être mesurée séparément et notée. N’importe quel type de verre doseur peut être utilisé.
• Mentionnez si vous avez ressenti un besoin et/ou des douleurs avant d’uriner.

Fuites urinaires

• Cochez la colonne si vous avez une fuite.

Que faire par soi-même ?

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Il est possible d'agir sur des facteurs comme la surcharge pondérale, les médicaments (en adaptant le moment des prises) ou une consommation trop importante de café ou d’alcool.

Vous pouvez réduire l’incontinence par quelques mesures simples.

• Rendez-vous aux toilettes toutes les deux à quatre heures. Ne reportez pas la miction trop longtemps. Prenez tranquillement le temps de vider complètement votre vessie.

• Chez certaines personnes, uriner debout fonctionnera mieux, chez d’autres, ce sera le cas assis. Essayez ce qui vous convient le mieux.

• Détendez les muscles du plancher pelvien et laissez l’urine s’écouler sans pousser ou contracter les abdominaux. N’interrompez pas la miction, car cela peut renforcer l’incontinence.

Buvez suffisamment (1 à 1,5 l de liquide par jour). Boire a peu d’influence sur les fuites urinaires involontaires. En revanche, ne pas boire assez peut concentrer l’urine, avec un risque d'infection de la vessie. Évitez les boissons gazeuses, car elles peuvent irriter la vessie.

• L’alcool et le café ne provoquent pas l’incontinence, mais ils peuvent accélérer le remplissage la vessie et faire plus rapidement ressentir le besoin d’uriner.

• Prévenez la constipation : cela peut aggraver l’incontinence.

• Arrêtez de fumer. Fumer peut aggraver le problème, et la toux du fumeur peut engendrer beaucoup de pression sur la vessie.

• Renforcez les muscles du plancher pelvien en les contractant régulièrement durant la journée.

• Une activité physique régulière peut avoir un effet bénéfique contre l’aggravation des symptômes.

• Afin d’éviter l’égouttement post-mictionnel, vous pouvez vider l’urètre avec votre main après la miction. Repassez plusieurs fois avec les doigts le long de l’urètre depuis le scrotum jusqu’au sommet du pénis.

• Un « pipi stop » est parfois envisagé, c’est-à-dire le fait d’interrompre un instant la miction avant de laisser l’urine s’écouler à nouveau. Cet exercice perturbe toutefois le fonctionnement du muscle vésical et il est dès lors déconseillé.

• Si vous êtes en surpoids, l'amaigrissement peut aider. Cela diminuera en effet la pression sur la vessie et les muscles du plancher pelvien. Le sphincter fonctionnera mieux.

• Si vous rencontrez des difficultés pour vous déplacer aux toilettes, utilisez un urinal ou une panne de lit.

Incontinence par impériosité : traitement

1° - L'entraînement de la vessie

Le but de l’entraînement de la vessie est de corriger le mauvais comportement urinaire, de résister à l’impériosité et d’élargir la vessie.

La vessie peut être entraînée en retardant la miction, en urinant à des moments précis et en augmentant à chaque fois l'intervalle. Lorsque vous ressentez le besoin d’uriner, essayez d’attendre encore cinq à dix minutes.

• Placez une chaise à proximité des toilettes. Lorsque vous ressentez le besoin d’uriner, asseyez-vous d’abord sur la chaise et essayez de vous détendre. Le report sera plus facile si vous êtes assis et que vous n’avez pas peur de ne pas arriver à temps aux toilettes.

• Dès que le besoin devient trop pressant, rendez-vous aux toilettes. Essayez à nouveau de retarder la miction et de vous détendre. Comptez lentement jusqu’à dix. Continuez à respirer calmement : inspirez par le nez, expirez par la bouche.

• Videz ensuite tranquillement l’entièreté de la vessie, sans forcer.

Essayez par la suite de retarder chaque jour la miction de cinq à quinze minutes. Le but est de n'aller aux toilettes qu’une fois toutes les trois ou quatre heures.

Cet entraînement de la vessie peut être combiné à des exercices du plancher pelvien, et le cas échéant à des médicaments. Si l’entraînement de la vessie n’apporte pas d’amélioration après trois mois, poursuivre n’a pas de sens.

2° - Les exercices du plancher pelvien

L'objectif consiste à renforcer les muscles du plancher pelvien et le sphincter de la vessie, pour un meilleur contrôle. Si l’incontinence est la conséquence d’une opération de la prostate, cette technique permet de rependre plus rapidement le contrôle de la vessie.

Il s’agit des muscles utilisés lors de la miction et lorsque vous l’interrompez un instant. Les abdominaux, les fessiers et les quadriceps doivent rester détendus.

Pour savoir où se situent exactement les muscles du plancher pelvien, vous devez vous asseoir sur une chaise avec les genoux et les pieds largement écartés. Posez ensuite les coudes sur les genoux. Vous ressentez alors comment les muscles (détendus) du plancher pelvien exercent une légère pression sur l’assise de la chaise. Si vous les contractez (comme pour interrompre la miction ou retenir les flatulences), vous les sentirez se relâcher quelque peu de l’assise.

Cela peut paraître facile, mais en règle générale, une personne qui souhaite contracter les muscles du plancher pelvien va aussi involontairement serrer les fesses, rentrer le ventre, pousser les jambes l’une contre l’autre et retenir sa respiration. Ce n’est pas le but, car dans ce cas, vous n’utilisez pas les muscles du plancher pelvien. Vous devez essayer de redresser et de verrouiller l’urètre et l’anus : ce n’est qu’à ce moment-là que ces muscles entrent en action.

Apprendre à bien réaliser ces exercices demande du temps. Vous devez essayer de les répéter régulièrement, tant assis que debout. Mieux vaut ici vous faire accompagner par votre médecin traitant ou par un kinésithérapeute spécialisé dans la rééducation du plancher pelvien. La kinésithérapie contre l’incontinence urinaire est d’ailleurs remboursée par la mutuelle.

• Contractez les muscles du plancher pelvien durant 6 à 8 secondes et détendez-les ensuite pendant 6 à 8 secondes. Lors de la compression, essayez encore quelques fois de les serrer plus fort.

• Effectuez cela 10 fois de suite, à raison de 5 à 10 fois par jour et au minimum chaque matin, midi et soir. Vous pouvez vous exercer à n’importe quel moment de la journée, également pendant vos tâches quotidiennes. Vous pouvez attendre des résultats après 6 à 8 semaines. Plus le programme est intensif, plus l’effet est important.

Si ces exercices n’apportent pas d’amélioration après trois mois, même si vous les avez réalisés correctement, poursuivre n’a pas de sens.

Plus vous commencerez à travailler vos muscles tôt, plus la probabilité de succès sera grande. Si vous avez laissé entièrement s’affaiblir vos muscles du plancher pelvien, vous devrez recommencer de beaucoup plus loin.

Un kinésithérapeute peut ici faire appel au biofeedback, éventuellement en combinaison avec de l’électrostimulation. Lors du biofeedback, des signaux sont envoyés pour permettre l’apprentissage d’un comportement voulu et maximiser certaines fonctions du corps. Il existe différents types de biofeedback, l’un des plus courants étant la pose d’une sonde dans l’anus. La pression qui est exercée sur la sonde, lorsque les muscles sont comprimés (comme si vous tâchiez de retenir un écoulement), est affichée sur un écran d’ordinateur.

Les exercices du plancher pelvien, combinés au biofeedback, semblent contribuer à l’amélioration de l’incontinence. Il n’existe toutefois pas de preuve que l’apport de l’électrostimulation améliore l’effet des exercices.

3° -Les médicaments

Si l’entraînement de la vessie ne donne pas de résultat satisfaisant, le médecin peut prescrire un médicament agissant sur la contraction du muscle vésical ainsi que la transmission des signaux depuis la paroi de la vessie jusqu’au cerveau. La conséquence est que vous ressentirez le besoin d’uriner plus tôt, ce qui vous laissera le temps d’arriver aux toilettes.

Ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires désagréables (bouche sèche, constipation, baisse de la pression artérielle, troubles de la mémoire et confusion) et leur effet est incertain.

Anticholinergiques (darifénacine, fésotérodine, oxybutynine, propivérine, solifénacine, toltérodine). La vessie va moins se contracter spontanément, et vous pourrez retenir plus longtemps l'envie d'uriner.

Les effets secondaires (assez) fréquents sont la bouche sèche et, chez les personnes âgées, un fonctionnement cognitif réduit et de la confusion. C’est la raison pour laquelle ils sont déconseillés aux aînés. Si la confusion apparaît, la prise d’anticholinergique doit être arrêtée.

Si après six semaines, aucune amélioration n’est constatée, mieux vaut arrêter le traitement.

Mirabégron. L’action est comparable à celles des anticholinergiques. Certains des effets secondaires sont une sensibilité à l'infection des voies urinaires et de l’hypertension.

Alpha-bloquants (alfuzosine, silodosine, tamsulosine, térazosine). Ces médicaments sont utilisés lors d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Les directives internationales recommandent aussi un traitement aux alpha-bloquants chez les personnes souffrant d’une vessie hyperactive. Ces médicaments ne sont toutefois pas enregistrés en Belgique pour être utilisés en cas d’incontinence.

Flavoxate et imipramine, antidépresseurs tricycliques, sont déconseillés.

Toxine botulique. L'injection de toxine botulique réduit ou bloque temporairement l’action du nerf pudental. Cela fonctionne bien, mais est assez onéreux. Après six à neuf mois, une nouvelle injection sera nécessaire. En outre, un certain nombre de complications sévères peuvent apparaître, comme un affaiblissement musculaire généralisé.

4° - Nerfs sacraux. Un stimulation des nerfs sacraux (internes ou externes) peut réprimer les contractions de la vessie. Cela réduit les fuites urinaires et les symptômes de besoin pressant et/ou fréquent d’uriner.

Un appareil, une sorte de pacemaker, est implanté sous la peau le long de la symphyse pubienne, et il diffuse des impulsions électriques. Cette stimulation atténue les signaux trop puissants envoyés par la vessie au cerveau. Ce traitement est dans certains cas remboursé par la mutuelle.

5° - Nerf tibial. La stimulation du nerf tibial peut être employée pour traiter certains cas de vessie hyperactive. Une petite aiguille, reliée à un appareil de stimulation, est introduite à proximité du nerf tibial (juste au-dessus de la cheville). Les impulsions générées sont transmises à la partie inférieure de la moelle épinière, et suivent le réseau neuronal qui contrôle le fonctionnement du plancher pelvien. Un traitement dure une demi-heure et plusieurs semaines sont nécessaires avant qu’une amélioration puisse être perçue. Si vous arrêtez le traitement, les symptômes réapparaîtront.

De nouvelles techniques expérimentales ont entre-temps également été développées, avec des électrodes sous-cutanées placées à hauteur de la cheville et activés via une chaussette spéciale.

6° - Cystoplastie d’augmentation. Ici, la vessie est agrandie en y rattachant un morceau de l’intestin. Par la suite, vous ne pourrez plus uriner normalement, mais vous devrez utiliser une sonde (un cathéter) pour vider la vessie. Cette intervention chirurgicale n’est quasiment plus pratiquée, notamment en raison du risque de complications.

7° - Dérivation continente. Elle permet de contrôler l’évacuation de l’urine en rattachant l’urètre à la peau entre les reins et la vessie. L’urine est ainsi directement évacuée vers l’extérieur et collectée dans une poche. Cette opération n’est envisagée que lorsque toutes les autres options ont échoué ou ont été écartées.

Incontinence d’effort : traitement

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1° - Les exercices du plancher pelvien

Les exercices pour le plancher pelvien constituent la méthode la plus importante et la plus efficace pour traiter l’incontinence d’effort. Une incontinence de stress sévère ne peut pas être résolue (uniquement) par une intervention sur le plancher pelvien. Faites-vous aider par un kinésithérapeute spécialisé. La kinésithérapie pour l’incontinence urinaire est remboursée par la sécurité sociale. Vous devrez poursuivre ces exercices à vie, sans quoi l’incontinence peut réapparaître.

2° - Les médicaments

Dans le cas d’une incontinence d’effort, des médicaments ne sont généralement pas prescrits.

• La duloxetine, un antidépresseur, peut être prescrite pour le traitement d’une incontinence de stress moyenne à sévère dans le cas où d’autres mesures n’ont pas eu d’effet. Elle n’est toutefois pas conseillée en raison de son action limitée et des nombreux effets secondaires (malaise, bouche sèche, fatigue, somnolence, constipation, céphalées, diarrhée…).

• Les adrénergiques (pseudo-éphédrine, phénylpropanolamine, midodrine, norépinéphrine, clenbutérol, terbutaline) ne sont pas recommandés en raison de preuves insuffisantes de leur effet.

3° - La chirurgie

Toutes les techniques ont pour objectif de renforcer le mécanisme de fermeture de l’urètre.

• Chez les hommes souffrant d’incontinence d’effort, une injection de bulkamide peut être réalisée. Un gel est injecté dans la paroi de l’urètre. Il s’agit d’une intervention bénigne qui n’a pas d’effet lors d’une incontinence sévère. Son action diminue également souvent après un certain temps. À ce moment-là, les injections peuvent toutefois être répétées.

• Dans les cas sévères, un sphincter artificiel (prothèse de sphincter ou sphincter urinaire artificiel) peut être posé. Un anneau en silicone est placé autour de l’urètre. Le patient peut l’ouvrir et le fermer à l’aide d’une petite pompe implantée dans le scrotum. En appuyant sur le bouton, le liquide qui se trouve dans l’anneau se déplace vers un réservoir placé dans la cavité abdominale.

Cette intervention rencontre du succès chez 80 à 90% des patients. Les problèmes potentiels sont une infection de la prothèse, l’érosion de l’anneau dans l’urètre ou sa rupture au fil des ans.

• La male sling est une bandelette en matériau synthétique finement tissé posée sous l’urètre et qui agit comme une sangle. De cette manière, la première partie de l’urètre se trouve surélevée d’environ trois centimètres, ce qui améliore la continence urinaire.

L’urologue implante cette bandelette via une incision réalisée derrière le scrotum. Pour y parvenir, deux petites incisions doivent également être réalisées, à droite et à gauche, à la hauteur de la surface interne du fémur. La bandelette n’est pas fixée, mais grandit rapidement avec les tissus alentours. L’opération est effectuée sous anesthésie totale ou locale (péridurale).

Cette intervention a pour avantage que le patient ne devra pas chaque fois appuyer sur un bouton pour uriner : 65 à 80% des patients sont ainsi soulagés. Il se peut parfois qu’ils ne parviennent pas uriner : un cathéter vésical temporaire est dès lors requis. La plupart du temps, ce ne sera que temporaire, quelques fois pas. C’est une complication qui survient aussi lors d’autres opérations du genre.

L’intervention n’apporte pas de soulagement dans les cas d’incontinence les plus sévères et elle n’est pas remboursée en Belgique.

Adjustable Continence Therapy (Pro-ACT). L’urologue place à la sortie de la vessie un petit ballon des deux côtés de l’urètre. À chaque ballon est relié un petit tube qui se dirige vers le scrotum. L’opération se déroule sous anesthésie générale ou péridurale.

Les ballons sont remplis de liquide jusqu’à ce qu’ils compriment l’urètre. Si besoin, ils seront à nouveau remplis après six semaines. Cela se produit à quelques reprises, généralement deux ou trois fois, jusqu’à ce qu'il n'y ait plus de perte d’urine.

4° - Les autres traitements

• L’utilisation d’une pince pénienne, où l’urètre se trouve comprimé par une pince en métal posée autour du pénis, n’est pas recommandée.

• L’utilisation d’étuis péniens et de cathéters vésicaux n’est pas conseillée non plus en raison du risque d’infection. Un étui pénien se met en place de la même manière qu’un préservatif classique, avec au bout une sorte de joint permettant d’y rattacher une poche d’urine. Cette poche est alors fixée à la jambe.

Incontinence par regorgement et égouttement post-mictionnel : traitement

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On examine d’abord s’il y a moyen d’y remédier soit par l’élimination d’une obstruction prostatique, soit par une correction d’anomalies de l’urètre.

Un conseil pour limiter l’égouttement post-mictionnel est de vider l’urètre après la miction en appuyant avec la main depuis le périnée (la zone entre les organes génitaux externes et l’anus) jusqu’au pénis. Passez plusieurs fois avec les doigts le long de l’urètre depuis le scrotum jusqu’au sommet du pénis.

1° - L'entraînement de la vessie et les exercices du plancher pelvien

L’entraînement de la vessie et les exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien sont également recommandés lors de cette forme d’incontinence.

2° - Les médicaments

Les alpha-bloquants (alfuzosine, silodosine, tamsulosine, térazosine) sont utilisés lors d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Les lignes directrices internationales conseillent un traitement aux alpha-bloquants chez les hommes présentant un syndrome d’incontinence. Ils permettent de détendre l’ouverture de la vessie vers l’urètre. Le patient peut ainsi plus facilement uriner. Dans notre pays, ces médicaments ne sont toutefois pas enregistrés pour une utilisation en cas d’incontinence.

3° - La chirurgie

• Si l’urètre est (partiellement) obstrué, par exemple lors d’une hypertrophie bénigne de la prostate, une opération de réduction de la prostate peut se révéler nécessaire.

• Dans les cas graves, il peut être nécessaire de poser (temporairement ou non) une sonde, reliée à une poche d’urine ou avec un système de fermeture.

• Une stimulation des nerfs sacraux peut parfois aussi apporter un soulagement (voir plus haut).

Les dispositifs

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Un bon matériel d’incontinence est souvent (temporairement) indispensable. Il doit être sûr et confortable, mais également discret.

Vous bénéficierez d’une indemnité de l’assurance maladie. Elle diffère en fonction du matériel utilisé. Informez-vous auprès de votre mutualité ou du médecin.

1° - Le matériel de collecte

Pour recueillir l’urine, un fin tube peut être inséré dans la vessie. Via ce cathéter, l’urine s’écoule vers un sac plastique. Pour les hommes, il existe un deuxième système, où une gaine adaptée est glissée autour du pénis.

2° - Les produits absorbants

Il existe un large assortiment de langes et d’alèses. Lors de l’achat de langes, il faut tenir compte de différents facteurs, comme le poids, le confort et le degré de l’incontinence. Divers modèles sont disponibles pour rencontrer les préférences et les exigences du mode de vie de chacun. Des bandes spécifiques neutralisent les odeurs.

Dans le cas d’une incontinence légère, les serviettes hygiéniques sont utiles. Pour les hommes, il existe des recueils à gouttes spéciaux portés autour du pénis.

Dans le cas d’une incontinence sévère, les langes sont recommandés. Souvent, des codes de couleur sont utilisés pour classer les capacités d’absorption. Nombre de ces slips sont munis d’un indicateur de liquide qui signale la saturation par un changement de couleur ou la disparition d’une ligne. Les slips contiennent la plupart du temps 2 à 4 bandelettes autocollantes réutilisables, afin que la protection puisse être ouverte à plusieurs reprises. Les langes sont munis de bords élastiques anti-fuites qui garantissent une bonne adhésion à l’aine et préviennent les fuites.

Les conseils

Au moment du choix du dispositif, il faut se faire conseiller par un médecin ou une infirmière.

• Portez votre protection dans des sous-vêtements bien ajustés ou dans un caleçon ou un slip spécial. Elles doivent être portées le plus près du corps.

• Changez régulièrement votre protection. En fonction du degré de l’incontinence et de la fréquence des fuites urinaires, la ligne directrice générale est d'en changer deux à cinq fois par jour.

• Il est important de garder les zones bien propres en utilisant de l'eau ou une lingette nettoyante humide.

• Utilisez si nécessaire une pommade protectrice (crème siliconée ou pommade à base de zinc) sur les zones où l’urine peut entrer en contact avec la peau.

• Les langes sont souvent combinés avec des alèses pour protéger le lit ou la chaise. Elles sont souvent lavables et donc réutilisables.



Dernière mise à jour: mai 2018

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