Séjourner à la maternité sans bébé, la réaction des professionnels

dossier Dans un premier article, nous avons partagé les récits poignants de femmes en convalescence après une chirurgie, une fausse couche, une mortinaissance ou une naissance prématurée. Même si les hôpitaux, les sages-femmes et les soignants font de leur mieux, la confrontation avec de jeunes familles heureuses est souvent inévitable. Nous avons demandé à des experts leurs points de vue et conseils sur ce genre de situation, en tenant compte de la réalité du terrain. Lire les témoignages "Séjourner en maternité... mais sans bébé".

Vanessa Muyldermans, thérapeute relationnelle et coach fertilité

"Les médecins admettent toujours leurs patients dans la ou les mêmes unités. C'est facile et c'est ce qui fonctionne le plus efficacement. L'équipe de soignants est expérimentée dans ce domaine et connaît la méthode de travail et les attentes du médecin concerné, la communication et les visites de service se déroulent plus facilement, etc. Néanmoins, ces circonstances ne sont généralement pas idéales pour les femmes, voire inappropriées. Les parents, dans ces circonstances, se sentent choqués, seuls et blessés. Ils ont besoin de paix, de soutien émotionnel de la part des soignants, de la famille et des amis, et non d'un spectacle quasi constant et très intense du grand bonheur des autres. Non pas qu'ils ne le permettent pas à ces gens, bien sûr qu'ils le font, généralement beaucoup. Et c'est précisément ce double sentiment - être heureux pour les autres combiné avec le sentiment de colère et d'injustice - qui les fait souvent se sentir encore plus mal et plus coupables. Il vaut donc mieux pouvoir les laisser tranquilles dans un premier temps. Et puis pas à pas, chacun à son rythme, se préparer pour s'engager dans certaines confrontations."

Joke Muyldermans, sage-femme et consultante en lactation

"Il existe certainement des hôpitaux avec un service séparé pour les mères qui ont donné naissance à un bébé mort-né ou prématuré. La chambre n'est pas équipée pour laver un bébé, mais il y a de la place pour un lit bébé afin que l'enfant puisse encore être amené près de ses parents si c'est possible. Ici, nous nous concentrons également sur le soutien psychologique, social et religieux quand c'est demandé. En général, ces parents rentrent chez eux rapidement. Bien sûr, cette infrastructure n'est pas présente dans tous les hôpitaux, mais le soutien offert par les psychologues, les sages-femmes et religieux est bien là. Quand un service séparé n'est pas possible, le personnel fait de son mieux pour retirer le lit bébé à l'avance, pour donner aux mères en question une pièce séparée et de préférence dans le coin le plus éloigné du service, là où elles pourront se reposer.
"En tant que soignante, il me semble important de voir ce que les parents souhaitent et y répondre dans la mesure du possible, tant à l'hôpital qu'à domicile."
Pourtant, si tous les stimuli, tels que les bébés qui pleurent, ne peuvent pas être supprimés, tous les parents en deuil périnatal ne les ressentent pas comme quelque chose de négatif. Chaque personne traite cette situation différemment. De retour à la maison aussi. Un parent veut que vous agissiez normalement, et que vous veniez aussi avec vos enfants, quand un autre préfère être coupé de tous ces stimuli. En tant que soignante, il me semble important de voir ce que les parents souhaitent et y répondre dans la mesure du possible, tant à l'hôpital qu'à domicile. Les amis et la famille peuvent également demander au couple qui traverse une épreuve s'ils ont besoin de quelque chose ou s'ils veulent parler de ce qui leur arrive. Nous remarquons souvent que l'entourage ne sait pas comment se comporter ou quoi demander, et c'est précisément ce qui est souvent le bienvenu: quelqu'un qui demande "comment ça va?""

Karolien Raeymaekers, psychologue

"Quand on se projette en parent, on n'est jamais préparé à l'arrivée d'un enfant mort-né ou prématuré, et notre environnement non plus. Des conseils pourtant bien intentionnés peuvent faire mal. Mais un peu de temps et d'attention en cette période difficile peuvent aussi vous être durs à supporter. Pourtant, sortir ce sujet de la sphère taboue et pouvoir en parler ouvertement est important, pour vous et votre partenaire, mais aussi pour l'environnement au sens large, avec lequel vous pouvez former une équipe.
"Un hôpital doit se donner les moyens de pouvoir vous installer dans une pièce calme et séparée, loin de l'autre extrême, à savoir toute la joie d'avoir un bébé."
Cet accompagnement commence déjà avec la convalescence à l'hôpital. Un hôpital doit se donner les moyens de pouvoir vous installer dans une pièce calme et séparée, loin de l'autre extrême, à savoir toute la joie de l'arrivée d'un enfant. Le médecin joue également un rôle important à cet égard. Il est souvent la première personne à fournir des réponses aux questions que vous pourriez vous poser, à vous fournir les informations de référence nécessaires, etc. Ensuite, il s'agit de pouvoir communiquer avec votre entourage. Vous avez besoin d'une période de récupération plus longue? Vous avez envie de parler? De vous distraire? Se remettre d'une telle perte prend de toute façon du temps, avec des hauts et des bas. Le temps de récupération physique est souvent bien moins long que la récupération émotionnelle dont vous avez besoin. En plus de vous donner du temps et du soutien, échanger avec d'autres personnes qui ont traversé une épreuve similaire ou une aide psychologique peuvent également être nécessaires.
Auteure: Sofie Van Rossom
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auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: octobre 2020

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