Épilepsie : le cerveau en crise

123-txt-epilepsie-05-181.jpg

dossier L’épilepsie touche une personne sur deux cents en Belgique, soit plus de soixante mille individus. Maladie neurologique chronique la plus fréquente après la migraine, elle apparaît souvent durant l’enfance, mais peut surgir à n’importe quel moment de la vie. Contrairement à un idée reçue, la maladie touche aussi les personnes âgées, le pic d’incidence se situant en dessous de 15 ans et après 60 ans.

Spécialiste en la matière, le Dr Tugendhaft a notamment participé à la création de l’ouvrage Comprendre et traiter l’épilepsie. Le neurologue belge explique que la symptomatologie des crises d’épilepsie est loin d’être stéréotypée. Selon lui, il faut parfois être très perspicace pour suspecter ce diagnostic, ajoutant qu’il ne faut pas négliger les crises les plus «discrètes». Pour la plupart des gens, la crise d’épilepsie est un épisode caractérisé par une perte de conscience brutale avec chute et convulsions généralisées, suivi d’un sommeil profond, explique-t-il.

En fait, ce tableau spectaculaire qui est facile à reconnaître ne constitue qu’un des types de crises d’épilepsie, et pas le plus fréquent. C’est la crise généralisée tonico-clonique, qui témoigne d’une épilepsie touchant l’ensemble du cerveau. À côté de cette manifestation à grands fracas, il y a d’autres types de crises, plus discrètes et donc moins suspectes aux yeux des proches, mais nettement plus fréquentes.

Bien différencier les trois types de crises

Patient du Dr Tugendhaft depuis plusieurs années, Regis a connu sa première crise à l’âge de 13 ans. Je suis tombé dans les pommes. Cela a duré une heure. Je ne me souviens de rien. Je dois dire que c’était plus pénible pour mes proches que pour moi, car je ne me rendais pas vraiment compte de ce qui se passait, confie-t-il. Ce type de crise est une épilepsie généralisée primaire d’ordre génétique. Il y a en réalité trois grands types de crises.

Tout d’abord la 'crise partielle simple'. Elle reflète une activité épileptique limitée à une petite partie du cerveau et n’altère pas la conscience du patient. La manifestation visible pour l‘entourage ou ressentie par le patient (qui reste conscient) est limitée à un mode soit sensitif, par exemple, une perception hallucinatoire visuelle, olfactive ou auditive, soit moteur comme des secousses dans un membre, nuance le Dr Tugendhaft. Si, grâce au traitement, Regis n’a plus de crise aujourd’hui, il se souvient avoir eu, certains matins, des petites secousses au réveil. On perd le contrôle de certains de ses membres. Les mains, les bras. Généralement, chez moi, c’était les mains. J’avais un verre en main, et tout à coup, je ne l’avais plus! Ces secousses, qui sont des manifestions d’une épilepsie généralisée, et non de «crises partielles simples», sont appelées les myoclonies, autrement dit des contractions musculaires rapides et involontaires. Sans réel danger, ces secousses n’altèrent pas la conscience du patient. Dans le cadre de «crises partielles complexes» en revanche, la conscience est altérée.

Généralement, le patient ne se souvient absolument pas de la crise et ce sont ses proches qui lui racontent ce qui s’est passé. Les symptômes sont parfois étonnants pour l’entourage quand il s’agit d’un comportement automatique avec des gestes ou des mimiques d’apparence saugrenue. Il n’est pas rare que l’on soupçonne d’abord une perturbation d’ordre psychiatrique et que le diagnostic correct ne soit posé qu’avec un certain retard, précise le Dr Tugendhaft.

Enfin, il y a ce qu’on appelle 'les absences'. Au contraire des deux précédents exemples, les absences touchent l’ensemble du cerveau. Elles reflètent une épilepsie généralisée à tout l’organe, mais sans convulsions. Selon le neurologue, il s’agit d’une brusque suspension de la conscience qui dure de quelques secondes à quelques dizaines de secondes. Elles peuvent être très discrètes et passer longtemps inaperçues ou être prises pour des épisodes de distraction, et ce, d’autant plus qu’à la fin de l’absence, la reprise de conscience est immédiate, sans fatigue ni prostration, le patient semblant simplement sortir d’un moment de rêverie. Des moments de rêverie qui animent souvent certains enfants à l’école. Le tout étant de faire la distinction entre une réelle absence et une simple distraction.

Dans le cas d’une absence chez un enfant, c’est souvent le professeur qui alerte les parents, tant la quasi-absence de signes moteurs fait que parfois, les parents n’y voient que du feu! Si l’on suspecte une épilepsie-absence, il faut tester la personne rapidement durant les quelques secondes de l’épisode en la sollicitant verbalement de façon originale et en lui demandant après l’épisode ce qui lui a été dit (par exemple, un chiffre ou un nom d’animal), explique le neurologue. Si la personne se souvient avoir entendu, par exemple, «hippopotame» ou «rhinocéros», c’est qu’elle était consciente, et il ne s’agit donc pas d’une absence. Dans le cas contraire, le diagnostic d’épilepsie peut déjà être suspecté.

Source: Samuel Idmtal

Dernière mise à jour: mai 2023
Vous voulez recevoir nos articles dans votre boîte e-mail ?

Inscrivez-vous ici à notre newsletter.

vous pourrez vous désinscrire quand vous le souhaiterez
Nous traitons vos données personnelles conformément à la politique de confidentialité de Roularta Media Group NV.
volgopfacebook

volgopinstagram