Euthanasie en Belgique : le cas de la démence

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Aujourd'hui, 1 personne sur 10 âgée de plus de 65 ans est atteinte de la maladie d'Alzheimer ou d'autres formes de démence. Après 85 ans, la démence concerne 1 personne 5. Plus nous vieillissons, plus nous sommes susceptibles de contracter cette maladie. Or, nous vivons de plus en plus vieux. La question de l’euthanasie dans les démences avancées est donc un sujet qui préoccupe de plus en plus de gens. D’autant plus, que la maladie est dégénérative et que les patients se déconnectent peu à peu de la réalité à mesure que leur état se dégrade. Une personne atteinte de démence peut-elle demander l’euthanasie ? Quelle est la législation en vigueur en Belgique ?

Voir aussi l'article : Euthanasie : comment établir une déclaration anticipée ?

Quelles sont les conditions de l’euthanasie en Belgique ?

Quiconque souhaite se faire euthanasier doit remplir quatre conditions fondamentales :

  • Le patient doit être capable d’exprimer sa volonté. Cela signifie qu'il peut prendre des décisions de manière autonome. 
  • Il doit en faire la demande « volontairement, de manière répétée et permanente » pour convaincre le médecin qu'il est sûr de son choix. Concrètement, le patient doit en faire la demande par écrit.
  • L'euthanasie n'est possible que si le patient souffre d'une affection incurable causée par une maladie physique ou psychiatrique ou par un accident. 
  • Le patient doit souffrir de manière insupportable, constante et inapaisable.

Ce n'est que si le patient remplit toutes ces conditions qu'un médecin peut envisager l'euthanasie.

Voir aussi l'article : Les différentes formes de démence

Une personne atteinte de démence peut-elle demander l'euthanasie ?

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© Getty Images

Comme nous l'avons mentionné, les patients doivent avoir la capacité d’exprimer leur volonté pour pouvoir demander l’euthanasie. Cela signifie que le patient doit être en mesure de prendre des décisions de manière autonome. En principe, tout le monde est doté de cette faculté, à moins qu'un médecin ne prouve le contraire. Ce peut être le cas pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres types de démence.

Aujourd'hui, l'euthanasie n'est possible que dans les premiers stades de la démence, à condition que la personne soit encore suffisamment apte à la demander et à expliquer pourquoi elle souhaite que sa vie s'arrête ici et maintenant. En d'autres termes, il faut demander l'euthanasie à temps, sinon il sera trop tard.

Voir aussi l'article : Les différentes phases d’Alzheimer

Choisir l'euthanasie à l'avance

La loi sur l'euthanasie stipule que vous pouvez rédiger une déclaration anticipée relative pour autoriser l'euthanasie lorsque vous ne serez plus « conscient et que cet état sera irréversible selon l'état de la science ». En d'autres termes, si vous tombez dans un coma irréversible ou si vous êtes dans un état végétatif et que vous ne pouvez plus décider pour vous-même. 

Toutefois, il n'est pas possible de rédiger une telle déclaration anticipée si vous souffrez « seulement » de troubles de la conscience, dus par exemple à une démence, à une hémorragie cérébrale, à une tumeur cérébrale ou à la maladie de Parkinson.

Même s’il existe une déclaration anticipée, l'euthanasie n'est pas un droit. Ce n'est pas parce qu'une personne a fait une demande que l'on est certain que l'euthanasie sera pratiquée. Même si toutes les obligations légales sont remplies, le médecin reste libre d’accepter ou de la refuser. S'il refuse, il doit en informer le patient ou toute personne de confiance dans les meilleurs délais et en indiquer les motifs. Le patient peut alors s'adresser à un autre médecin.

Voir aussi l'article : Fin de vie : qu'est-ce qu'une déclaration anticipée négative ?

Extension de la loi sur l'euthanasie

Certains partis politiques militent pour une extension de la loi sur l'euthanasie. Par exemple, une proposition consiste à dresser à l'avance une liste des situations dans lesquelles on ne veut pas se retrouver. Si ces conditions se présentent, le médecin peut procéder à l'euthanasie. Une autre proposition voudrait que la déclaration anticipée soit suffisante pour « toutes les formes d'incapacité de volonté dues à des troubles cérébraux », de sorte que la demande d'euthanasie serait également possible pour les personnes atteintes de démence ou souffrant soudainement d'une hémorragie cérébrale.

Même s’il existe en Belgique un grand soutien en faveur d’une extension de la loi, des voix critiques se font également entendre. Le professeur Nele Van Den Noortgate, gériatre à l'UZ Gent, fait remarquer : « Que signifie ne pas reconnaître quelqu'un ? Est-ce lorsque votre père ou votre mère ne connaît plus votre nom ? Lorsqu'il ou elle ne sourit plus à votre arrivée ? Qui décidera le moment venu ? Je ne peux pas procéder à l'euthanasie si je ne suis pas convaincu que le patient souffre de manière insupportable. Et si les souffrances actuelles sont supprimées de la loi sur l’euthanasie, en tant que médecin, je ne pourrai pas y faire face ».

Voir aussi l'article : Sédation terminale ou palliative : directive et différence avec l’euthanasie

Sources :
https://leif.be
https://www.health.belgium.be
https://palliatievezorgvlaanderen.be


auteur : Sara Claessens - journaliste santé

Dernière mise à jour: mai 2024

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