Le syndrome du bébé secoué

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Chaque année, des milliers d'enfants meurent ou gardent des séquelles d'un geste aussi bref que terrible: le secouement. Le syndrome du bébé secoué peut toucher toutes les familles, et seule la prévention peut permettre de sauver des (fragiles) petites vies.

Ils s'appellent ou s'appelaient Rose, Maël, Erwan, Lylia, Younes, Axel... Sur le site et le compte Instagram de l'association française Stop Bébé Secoué, leurs petits visages - ou ceux de leurs parents - apparaissent tristement, pour témoigner de ce qui a bouleversé leur vie à tout jamais: le syndrome du bébé secoué (SBS).

Le syndrome du bébé secoué, c'est quoi?

Le SBS est un traumatisme crânien non accidentel provoqué par une personne en charge d'un nourrisson. L'adulte, souvent excédé par les pleurs du bébé, l'empoigne sous les aisselles et le secoue très violemment. La tête de l'enfant est alors projetée d'avant en arrière, et son cerveau "cogne" la boite crânienne, provoquant des lésions cérébrales parfois suivies du décès de l'enfant.

C'est donc un geste d'une extrême violence, considéré comme une maltraitrance. Dans la majorité des cas, le SBS a lieu chez le bébé de moins d'un an. Dans deux tiers des cas, il a moins de 6 mois. Une minorité concerne des enfants plus grands, au-delà d'un an, et, dans de rares cas, le SBS peut toucher des enfants de 2 ans et plus.

syndrome bébé secoué

Si on retrouve des facteurs à risque comme des grossesses rapprochées, une grossesse non désirée ou des complications médicales périnatales, il est important de savoir et faire savoir que le SBS touche toutes les catégories sociales. Il n'y a pas un profil type de "secoueur". Les parents, la nounou, la baby-sitter, les grand-parents... Un risque existe chez toutes les personnes en charge, même pour quelques minutes, d'un bébé.

Quels sont les symptômes d'un SBS?

Voici les signes qui doivent alerter et vous amener à consulter en urgence:

  • Léthargie, apathie, bébé qui n'interagit plus, diminution du tonus général
  • Regard figé ou errant, strabisme, ne suit plus du regard
  • Convulsions, arrêt cardio-respiratoire, apnée, perte de connaissance
  • Vomissements en jets sans fièvre ni diarrhée
  • Pâleur
  • Irritabilité importante
  • Troubles de la coordination ou diminution des compétences (par exemple ne tient plus assis)
  • Fontanelle (la zone souple en haut du crâne) bombée et/ou augmentation rapide du périmètre crânien

Attention, un bébé peut avoir été secoué sans que tous ces symptômes n'apparaissent. Un nourrisson qui a été secoué une fois a 50 % de risques d'être secoué par la même personne une nouvelle fois, d'où l'importance du dépistage, même si le ou les signes d'un malaise sont légers. Un enfant peut aussi présenter de tels symptômes sans avoir été secoué. Dans tous les cas, il faut toujours consulter si un ou plusieurs de ces symptômes apparaissent.

Des conséquences dramatiques

Un enfant sur cinq qui a été secoué décèdera des suites de ses blessures. Parmi les bébés survivants, 75 % garderont des séquelles lourdes et définitives. Troubles de la vue, cécité, troubles moteurs, intellectuels, comportementaux, paralysie, épilepsie... Autant de séquelles graves qui auront un impact direct sur l'enfant évidemment, mais aussi sur tout son entourage. Lorsqu'un cas de SBS est suspecté, l'enfant est souvent retiré à sa famille, le temps de l'enquête judiciaire.

Syndrome du bébé secoué: l'importance vitale de la prévention

Le meilleur moyen de lutter contre cette maltraitance, c'est de dire qu'elle existe. Sensibiliser la population au SBS permet une prévention efficace.

En France, on estime que 200 bébés sont touchés chaque année, pour une trentaine en Belgique. Et il ne s'agit là que des cas avérés, il est probable que le SBS soit encore sous-diagnostiqué. Dans certains pays comme le Canada, il existe depuis quelques années une forte prévention contre le SBS et cela dès la maternité. En France, une sensibilisation est faite dans certaines structures hospitalières, lors des cours de préparation à la naissance.

Mais c'est encore trop loin d'être systématique, et de nombreux professionnels de la petite enfance, comme les accueillantes, nounous, ou puéricultrices ne sont pas informées de l'existence de ce syndrome. Si une personne sait qu'elle peut irrémédiablement blesser voire tuer un enfant avec ce geste, il est presque certain qu'elle s'abstiendrait si, à bout de nerfs, elle était tentée de secouer un bébé.

Comment prévenir le SBS?

  • Se rappeler qu'un bébé pleure et que c'est normal. Si des pleurs vous semblaient anormaux, n'hésitez pas à consultez un médecin.
  • Essayer certains gestes pour calmer bébé (le nourrir, changer sa couche, lui donner un bain, le prendre dans ses bras, en portage...)
  • S'éloigner de l'enfant si vous vous sentez à bout. Si bébé continue de pleurer et que vous vous sentez desespéré(e), laissez-le dans son lit, quittez la pièce, allez prendre un verre d'eau ou tout ce qui peut vous permettre de souffler un grand coup. Mieux vaut un bébé qui pleure qu'un bébé secoué.
  • Demander de l'aide. Il est normal de ne plus en pouvoir, normal d'être envahi d'idées noires comme jeter son bébé par la fenêtre. Ce qui n'est pas normal, c'est le passage à l'acte. Secouer un bébé est une maltraitance, pas un accident.
  • Informer les personnes de votre entourage, et plus spécifiquement celles à qui vous confiez la garde de votre enfant, même pour quelques minutes. Vous ne vous sentez pas à l'aise face aux professionnels? Imprimez et distribuez brochure ou affichette de l'association Stop Bébé secoué, que vous trouverez en bas de cette page ou la chouette brochure "Il ne faut jamais secouer un bébé" de l'ONE.

Personne au bout du fil, et vous au bout du rouleau?

Vous êtes seul(e) à la maison, bébé pleure sans s'arrêter depuis deux heures et personne n'est disponible, là tout de suite, pour vous aider? Pensez à appeler votre médecin de famille, pédiatre, l'ONE (ou la PMI en France), n'importe quelle structure sociale (planning familial, Ligue des familles...) ou encore les numéros d'écoute anonymes et gratuits:

  • En Belgique: Le 107
  • En France: Le 109. Ou Allo Parents bébés 0 800 00 34 56 ou encore SOS Parentalité 0974 763 963

Liens utiles:
L'association Stop Bébé Secoué: stopbebesecoue.fr
Le compte Instagram de l'association: @stop_bebe_secoue
Le webdoc de l'ONE Santé: Secouer bébé ?

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auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: juillet 2022

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