Infertilité : 5 choses à ne pas dire à ceux qui en souffrent

dossier La plupart des gens n’ont pas l’intention d’être blessants ou insensibles dans leurs conversations avec des personnes souffrant d’infertilité. Souvent, ils ne savent simplement pas quoi dire, et parfois, ils commettent des erreurs. L'infertilité est définie comme étant une absence de grossesse après au moins 12 mois de relations non protégées. Elle est source de stress. Les recherches montrent que le degré de détresse des personnes souffrant d’infertilité est comparable à celui de patients atteints d’un cancer. Les taux de dépression et d’anxiété sont élevés, en particulier chez les femmes, qui portent la plus grosse partie du fardeau physique associé aux traitements de fertilité, avec des échographies fréquentes et des auto-injections d’hormones, entre autres procédures invasives et douloureuses.

En tant que psychologue clinicienne et chercheuse spécialisée dans la santé mentale des femmes, je me suis concentrée sur le soutien dont les femmes qui souffrent d’infertilité ont besoin pour faire face à leur situation.

Il m’est apparu clairement, dans le cadre de mon travail, que l’une des principales sources de stress est le flot de commentaires et de conseils inappropriés qu’entendent les personnes qui luttent contre l’infertilité. Les résultats de notre étude la plus récente vont d’ailleurs dans ce sens et suggèrent que les femmes qui recherchent un soutien social pour faire face à leur problème d’infertilité finissent par ressentir une détresse encore plus grande.

Il est clair qu’une certaine éducation du public est nécessaire. C’est avec l’aide du groupe consultatif de recherche sur l’infertilité de mon équipe (six femmes qui ont une expérience personnelle de l’infertilité) que j’ai identifié les cinq choses à ne pas dire à quelqu’un aux prises avec l’infertilité.

Détends-toi et ça arrivera tout seul

C’est de loin le commentaire que les personnes aux prises avec l’infertilité entendent le plus souvent, même s’il n’existe pas de preuve évidente que le stress contribue à l’infertilité.

Par contre, l’étude conclut très clairement qu’un diagnostic d’infertilité est, en soi, une source de stress. Il ne faut donc pas partir du principe que c’est l’anxiété qui a conduit à l’infertilité – c’est sans doute plutôt le contraire. Il est probable qu’au départ, la personne aux prises avec un problème d’infertilité ait été très positive et pleine d’espoir et que des mois, voire des années, d’échec soient à l’origine du stress qu’elle vit aujourd’hui.

Tu as essayé de te mettre tête en bas pendant l’amour ? De ne plus manger de produits laitiers ? Et ainsi de suite…

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La plupart de ces remèdes de grands-mères ne s’appuient sur aucune recherche crédible. De plus, ces conseils sont souvent prodigués sans que l’on connaisse la situation de la personne concernée.

Imaginez que l’on vous diagnostique une maladie qui rend la conception très difficile, que vous ayez subi trois cycles de FIV qui ont échoué et que vous ayez fait plusieurs fausses couches. Imaginez maintenant combien il serait insultant et frustrant d’entendre que « si seulement vous aviez supprimé les produits laitiers, vous seriez tombée enceinte il y a longtemps ». Mieux vaut, quand on ne connaît pas tout le contexte, s’abstenir de donner des conseils. Et même si on le connaît, mieux vaut laisser le médecin de la personne décider de ce qui va l’aider à tomber enceinte.

Ne t’en fais pas ! J’ai des amis qui n’arrivaient pas à concevoir et la FIV a fonctionné pour eux !

Le pronostic de l’infertilité varie énormément en fonction des circonstances particulières de chaque couple : l’âge, le diagnostic, les antécédents reproductifs et les niveaux d’hormones sont autant de facteurs déterminants dans le succès d’un traitement. Ainsi, malheureusement, le fait qu’une amie d’une amie d’amie soit tombée enceinte par FIV (fécondation in vitro) ne signifie rien pour la personne qui vit un problème de fertilité.

Tu es sûre de vouloir des enfants ? Prends donc les miens !

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Les enfants peuvent être épuisants, et c’est un soulagement de se confier sur les moments difficiles avec des amis, eux aussi parents. Mais en présence d’une personne qui ne parvient pas à concevoir, il faut se rappeler qu’elle donnerait tout pour connaître le même épuisement. Même dit sur le ton de la plaisanterie, ce genre de phrase peut être perçu comme insensible et inapproprié.

Tu n’as qu’à envisager d’adopter. Il y a des tas d’enfants à la recherche d’un foyer aimant

L’adoption n’a rien de simple. Elle peut être incroyablement coûteuse, longue et éreintante sur le plan émotionnel. Les listes d’attente peuvent aller de cinq à dix ans, les frais peuvent dépasser 30 000 dollars et il faut subir de multiples évaluations en aptitudes parentales. Il s’agit donc d’une décision très importante qui nécessite une réflexion approfondie.

Alors, que faut-il dire ?

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L’infertilité implique de faire le deuil d’un enfant que la personne n’aura peut-être jamais. On doit penser à l’attitude qu’on adopterait devant des personnes qui vivent d’autres types de deuils, comme une amie dont le conjoint serait décédé, par exemple. On n’irait jamais lui dire : « Je sais que tu viens de perdre ton mari, mais essaie de te détendre » ou : « Je te laisse le mien ! » On dirait plutôt quelque chose comme : « Ça doit être vraiment difficile, pour toi » ou encore : « Si tu as besoin de parler, je suis là. »

On peut également demander à la personne ce qu’on peut faire pour elle. Certains aiment parler de chacune des étapes de leur lutte contre l’infertilité, alors que d’autres préfèrent éviter le sujet et se laisser distraire. Il n’y a donc pas de mal à demander quelle est la meilleure façon d’apporter son soutien.

Dernier faux pas à éviter : demander aux gens quand ils pensent avoir des enfants. Nombreux sont les gens confrontés à l’infertilité qui choisissent de ne pas en parler. Cette question, innocente en apparence, peut être un véritable crève-cœur pour ceux qui luttent en secret contre l’infertilité… alors, autant ne pas la poser.The Conversation

Jennifer L. Gordon, Assistant professor, Psychology, University of Regina.

► Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.



Dernière mise à jour: juillet 2020
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