"Pas simple de raconter ce qu'on vit à sa meilleure amie": Adva, consultante en fertilité et PMA

dossier Adva Grundman est consultante en fertilité et PMA. Elle a elle-même connu un parcours FIV (fécondation in vitro) pour avoir son deuxième enfant. Au cœur du sujet, si on peut dire, elle a choisi d'aider des couples à devenir parents. Et si c'était la solution pour mettre toutes les chances de son côté? "Quand un désir de bébé n'est pas assouvi, le premier interlocuteur auquel on a affaire est bien souvent le médecin. On fait un bilan hormonal, on passe des examens... S'il faut évidemment commencer par là, le médecin n'envisage, lui, que l'aspect purement médical de la reproduction et de l'appareil reproducteur. Mais un médecin, souvent par manque de temps, n'envisage pas le couple de patients dans son ensemble, ou en tout cas très rarement."

Pourquoi faire appel à une consultante en fertilité?

"Les troubles de la fertilité sont quelque chose de tabou. Il n'est pas toujours simple de raconter ce qu'on vit à sa meilleure amie. Échanger avec une personne qui est passée par-là, qui sait quels obstacles on peut traverser, qui traduit ce que dit le médecin et qui place les priorités en matière de logistique, peut être d'un grand soutien. Je suis en Suisse où la FIV n'est pas remboursée, contrairement à la Belgique ou la France. Les couples paient et donc la FIV devient un produit - avec des statistiques de réussite - et c'est alors crucial d'être bien informé quand vous ne pouvez pas vous permettre de faire de trop nombreuses tentatives. Or, il y a des possibilités à l'étranger parfois moins chères. Par ailleurs, le don d'ovocytes est interdit en Suisse, certains couples doivent se rendre à l'étranger. Je les aide alors dans le choix de la clinique. En Belgique ou en France, les gens aussi se tournent vers l'étranger, parfois pour les mêmes raisons. Ils se trouvent donc face à des centaines de cliniques, et se sentent un peu perdus: quelles sont les bonnes questions à poser? Comment comprendre ce que disent les cliniques? Comment distinguer le vrai du faux et s'y retrouver derrière le marketing? Certaines cliniques mettent en avant des options, mais d'autres cliniques peuvent les proposer aussi, ça n'est tout simplement pas mis en avant dans leur communication. J'aide les couples à décrypter toutes ces données. Mon apport se situe donc dans:
  • Un soutien logistique: choix de la clinique (dans votre pays ou à l'étranger) anticipation des coûts (que vous garantit un devis?), amortissement des coûts.
  • Une appropriation de son parcours: vous faire devenir ou redevenir acteur de votre fertilité et PMA.
  • Une action en prévention pour améliorer son état de santé, en envisageant le terrain: c'est à dire vous.

Comment travaillez-vous pour améliorer "le terrain"?

"La clinique ne fait pas tout. Vous pouvez rencontrer des échecs même en étant suivi au meilleur endroit. Qu'est-ce qui fait que ça ne réussit pas? Vous, le terrain. Je travaille avec une nutritionniste qui a plusieurs cordes à son arc. Notre but est alors d'analyser le terrain, pour voir comment on peut l'améliorer. Cela peut permettre d'économiser des coûts : un coût psychologique, quand on rencontre un ou plusieurs échecs dont il faut se relever, et un coût réel. L'idée c'est donc d'investir en amont, sur vous, sur votre potentiel. On peut être acteur de son traitement. Si, par exemple, vous avez un trouble de l'immunité, votre organisme peut rejeter un embryon, et ça peut se reproduire une fois, deux fois... dix fois. Attention, je travaille en complémentarité avec les médecins, surtout pas en substitution. On ne remplace pas le gynécologue ou le spécialiste de la reproduction. Mais il y a plein de paramètres à prendre en compte (le manque de sommeil, le stress, les maladies chroniques éventuelles, l'alimentation, l'hygiène de vie...), et ça n'est pas toujours simple de prendre conscience de certaines choses. Mon but est réellement de donner le sentiment à la personne, au couple qui rencontre des difficultés qu'il peut être acteur de son traitement."

Et d'un point de vue psychologique?

"Je n'interviens pas sur ce champ à proprement parler. D'un côté oui, car le fait d'être acteur jouera certainement sur cet aspect, de manière indirecte. D'autres coachs sont davantage dans un accompagnement psychologique, avec tout un travail sur l'état d'esprit et l'émotionnel. Je me situe, avec ma partenaire, davantage sous l'angle "psycho-biologique", en me basant sur la recherche scientifique autour des effets du stress par exemple. On se base sur des études qui observent, par exemple, la cohérence cardiaque, le cortisol (aspect bio-chimique), l'influence de magnésium, etc. L'idée, c'est d'intervenir dans d'autres champs qui ne sont pas toujours abordés en PMA. L'univers de la PMA est très jeune, il n'a que 40 ans. Autant dire qu'on en est encore qu'aux débuts et qu'on fait encore des erreurs. Hélas, on ne peut pas faire tous les tests à tout le monde, ça serait trop coûteux et ça prendrait un temps fou. Alors dans la PMA, les praticiens avancent à tâtons, on teste, et si ça ne marche pas, on teste autre chose. C'est très frustrant pour les patients en attente qui subissent des examens sans réponses à leurs questions, bien souvent. Et là, on ne prend en compte que le côté purement médical! Rien ne nous prépare à d'éventuelles difficultés. On a des cours d'éducation sexuelle: on apprend à éviter les maladies sexuellement transmissibles et comment ne pas tomber enceinte. Mais jamais on ne nous apprend pas à tomber enceinte. On ne nous apprend rien sur l'évolution de la fertilité d'une femme au cours de sa vie. On pense que c'est quelque chose d'acquis et qu'on ne peut rien faire. La question de la fertilité et par là-même de l'infertilité est complexe car elle touche à des sujets de société. On peut la subir, ou choisir d'en être acteur. C'est là tout mon travail." Adva Grundman est consultante en fertilité et PMA depuis 5 ans, fondatrice de ART Fertilité by maFIV, aboutissement de son propre parcours d’infertilité. Avec sa partenaire Virginie Terrier, nutritionniste, elle a créé Fertil-In, un programme d'accompagnement des personnes en désir d'enfant. Vous pouvez les suivre sur leur compte Instagram et via leur page Facebook.
Suivez Minimi sur Instagram Lire aussi: Comment soutenir une personne ayant des problèmes de fertilité? 5 choses qui peuvent vous aider en cas d'infertilité secondaire Témoignage | « Quand on est africaine, c'est très difficile d'avoir recours au don d'ovocytes en France »  
 

auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: juillet 2022

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