Candidose : infections à Candida

dossier

Le Candida est le nom générique d’une famille de levures et de champignons vivant à l’état naturel sur la peau, les muqueuses et dans les intestins. C’est un organisme commensal. Le Candida albicans est l’espèce la plus courante. Presque tout le monde héberge naturellement des levures Candida albicans sur la peau, les muqueuses (du vagin, de la bouche, etc.), les intestins, etc. Et ce, dès la naissance… Mais parfois, ces levures prolifèrent au point de déclencher des infections. Comment est-ce possible ? Quels sont les symptômes d’une candidose ? Est-ce grave ?

Voir aussi l'article : De quelles infections fongiques devez-vous vous méfier ?

Candidose : définition

Getty_candida_schimmel_2024.jpg

© Getty Images

En temps normal, les levures vivent en harmonie avec les bactéries naturellement présentes dans le corps. Celles-ci limitent la prolifération des levures en consommant une partie de leur nourriture. Nous ne remarquons pas leur présence et elles ne provoquent aucun symptôme. Il arrive cependant que les levures Candida se développent considérablement, provoquant une infection à Candida, aussi appelée candidose. 

Ce phénomène se produit généralement lorsque nos défenses naturelles sont réduites ou lorsque l'équilibre entre les bactéries et les levures est perturbé (par exemple, par un traitement antibiotique). La candidose est généralement bénigne et facile à traiter. Dans des cas exceptionnels, cependant, elle peut être dangereuse lorsque le Candida pénètre dans le sang et provoque une infection généralisée ou « candidose systémique ». Ce type d'infection ne survient que chez les personnes gravement malades dont les défenses immunitaires sont fortement réduites. C’est le cas des personnes ayant subi une transplantation d’organe, une chimiothérapie ou des patients atteints du sida.

Voir aussi l'article : Candida auris, l’infection fongique mortelle qui se propage à une vitesse alarmante

Les autres levures Candida

Le Candida albicans n’est pas la seule levure présente dans le corps humain. On recense notamment le Candida tropicalis et le Candida glabrata. Les personnes traitées à plusieurs reprises contre le Candida albicans sont plus exposées à d’autres champignons. Insensibles aux médicaments administrés, ils remplacent alors le Candida albicans. Le phénomène est comparable à la résistance aux antibiotiques. On relève d’ailleurs une augmentation des cas de différentes levures. Les champignons non-albicans déclenchent les mêmes symptômes, sous une forme souvent moins sévère.

Voir aussi l'article : Candida auris, l’infection fongique mortelle qui se propage à une vitesse alarmante

Comment attrape-t-on une candidose ?

Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle dans le déclenchement d’une infection à Candida. 

  • Un environnement humide stimule la prolifération de tous les types de champignons et de levures.
  • Une cure d’antibiotique détruit les bactéries utiles au corps et offre ainsi au Candida la possibilité de se multiplier et d’envahir le corps.
  • Les personnes dont le système immunitaire est affaibli sont particulièrement exposées. Il s’agit entre autres des prématurés et des très jeunes enfants, des patients atteints du VIH, des personnes âgées, des personnes sous chimiothérapie et de celles qui ont subi une greffe d'organe et doivent prendre des médicaments immunosuppresseurs.
  • Le diabète, s’il n’est pas sous contrôle.
  • Les maladies chroniques, par la combinaison de plusieurs facteurs de risque.
  • Des facteurs génétiques peuvent rendre certaines personnes plus sensibles au Candida.
  • Des facteurs hormonaux : une grossesse, la pilule contraceptive ou encore un traitement aux œstrogènes peuvent avoir un impact. Certaines femmes souffrent souvent d’infections fongiques pendant leurs règles, d’autres pendant la grossesse.
  • Des rapports sexuels avec de nombreux partenaires et le sexe oral accroîtraient le risque d’une infection au Candida. 
  • Le muguet (candidose buccale) peut être provoqué par l’inhalation de médicaments, par exemple en cas d’asthme.
  • Une alimentation riche en glucides et en sucre favoriserait la candidose, en théorie, puisque les glucides sont le combustible des levures. On ne connaît toutefois pas exactement le lien de cause à effet entre un régime riche en sucre et une infection au Candida.

La candidose est-elle contagieuse ?

Les levures de Candida sont naturellement présentes sur la peau et les muqueuses (bouche et vagin, entre autres). Bien que les levures puissent se transmettre d’une personne à l’autre (par exemple de la mère à l’enfant ou inversement, entre partenaires sexuels), il ne s’agit pas d’une contamination au sens strict du terme. Le Candida n’est pas considéré comme une maladie contagieuse et absolument pas comme une maladie sexuellement transmissible. Le partenaire d’une personne souffrant d’une candidose vaginale ne doit pas être soigné, à moins d’être contaminé et de présenter des symptômes. En revanche, il faut soigner le nourrisson et la mère si le bébé souffre d’un muguet et est nourri au sein ou inversement, si la mère souffre d’une infection aux mamelons : dans ces deux cas de figure, ils peuvent se contaminer. 

Voir aussi l'article : Infections vaginales : causes, symptômes, traitements

A quelle endroit peut-on attraper une infection à Candida ?

Getty_candida_tong_spruw_2024.jpg

© Getty Images / candidiasis op de tong (spruw)

L’infection au Candida peut se manifester dans différentes parties du corps.

  • Sur la peau :  le Candida albicans survit aisément sur une peau humide et ramollie. Il se niche surtout dans les plis cutanés (dans l’aine, sous les seins ou les aisselles). Les bébés peuvent développer une candidose à la suite d’un érythème fessier. Les ongles peuvent aussi être infectés. Ce type de contagion touche surtout les personnes travaillant avec du sucre (boulangers, cuisiniers) ou ayant souvent les mains mouillées. 
  • Sur les mamelons : les femmes qui allaitent peuvent souffrir d’une candidose aux mamelons.
  • Dans la bouche : le Candida commensal serait présent dans la bouche de la moitié de la population, sans que ces personnes n’en souffrent. Parfois, le champignon peut malgré tout provoquer une infection. La candidose orale, aussi appelée muguet, concerne notamment les personnes dont l’immunité est affaiblie (sida, cancer). Un traitement antibiotique ou une chimiothérapie sont d’autres facteurs déclencheurs, comme l’inhalation de corticostéroïdes (en cas d’asthme), l’intubation (pendant une opération ou durant un séjour prolongé aux soins intensifs). Une production trop faible de salive et la sécheresse buccale, par exemple pendant une radiothérapie, peut également favoriser l’apparition d’une candidose. La salive contribue à l’équilibre de la flore buccale. Le muguet buccal peut encore être la conséquence d’une prothèse dentaire mal ajustée. Celle-ci ramollit localement les gencives et les prive d’oxygène. Les bébés peuvent être contaminés pendant l’accouchement ou par les mains du personnel soignant.

  • Perlèche
    La perlèche est une inflammation eczémateuse des commissures des lèvres. Elle est provoquée par une irritation due à la salive, qui s’accompagne souvent d’une infection au Candida albicans. Les commissures sont rouges et pèlent. En cas de candidose, la peau blanchit. Les enfants en bas âge peuvent l’attraper à force de sucer et de mâchouiller divers objets. Les enfants dotés d’une grande langue (syndrome de Down) en sont souvent victimes. Chez les personnes âgées, la perlèche peut être induite par l’affaissement des joues ou par une prothèse dentaire mal ajustée.

Voir aussi l'article : Quelles solutions contre les fissures aux coins des lèvres ?

  • Dans le vagin (candidose vulvovaginale) : le Candida est la principale cause des infections vaginales. La plupart des femmes souffrent au moins une fois dans leur vie d’une infection au Candida, par exemple pendant une grossesse. Certaines subissent des infections à répétition.Une infection vaginale à Candida peut survenir lorsque l'équilibre entre les bactéries et les Candida dans le vagin est perturbé. En particulier, durant la seconde partie du cycle menstruel, la grossesse ou si la femme prend la pilule. Le diabète augmente le taux de sucre du vagin et peut favoriser la prolifération des levures. Le vagin peut également être contaminé de l’extérieur, par exemple par du papier hygiénique ou un gant de toilette préalablement utilisé pour l’anus.La candidose vaginale ou vaginite n’est pas une maladie sexuellement transmissible (MST). Votre partenaire ne doit donc pas être traité, sauf s’il présente des symptômes.

    Selon les estimations, 5% de toutes les femmes souffriraient de candidoses vaginales à répétition. Si l’infection se reproduit plus de quatre fois par an, on parle de candidose vulvovaginale récidiviste. On ne connaît pas encore exactement la cause de ces candidoses à répétition.

Voir aussi l'article : Douche vaginale : une bonne idée ?

  • Sur le pénis (Balanite) : les levures peuvent infecter le pénis.
  • Autour de l’anus : les candidose péri-anales surviennent dans les replis de la peau qui entourent l’anus.
  • Dans les intestins :  le Candida albicans vit dans les intestins où il est inoffensif. La question de savoir s'il peut également provoquer des symptômes tels que la diarrhée après la prise d'antibiotiques et s'il faut alors le traiter est controversée.
  • Interne : une intervention chirurgicale peut déclencher une candidose dans différents organes, par exemple si la paroi intestinale est endommagée par plusieurs opérations ou suite à la pose prolongée d’un cathéter pour alimenter un patient par sonde. Ces infections systémiques touchent surtout les reins, le cœur, le foie, le système nerveux central, les poumons, la rate et les tissus profonds du système digestif. La candidose systémique est grave et doit faire l’objet d’un traitement drastique.

Symptômes

  • La peau touchée est rouge vif. Des petites cloques purulentes peuvent apparaître.
  • Si les ongles sont infectés (panaris à Candida), leur lit peut être rouge et douloureux tandis que les ongles peuvent devenir blancs et se détacher.  
  • Le muguet buccal se caractérise par un dépôt blanchâtre, parfois douloureux, sur la langue et les muqueuses des joues et du palais. Les muqueuses enflammées sont rouges.vLe muguet peut s’étendre à la gorge et à l’œsophage. Il peut y provoquer des ulcères et entraver la digestion.
  • Les bébés agités durant la tétée, qui lâchent fréquemment le sein ou le refusent, sont susceptibles d’avoir le muguet.
  • La perlèche ou chéilite angulaire se caractérise par des fissures aux commissures des lèvres.
  • Des mamelons infectés sont de couleur rose à rouge, parfois avec des points blancs ou des squames. Il peut y avoir formation de crevasses. Cette infection s’accompagne généralement d’une douleur aiguë qui s’étend du mamelon au sein et peut persister longtemps après l’allaitement.
  • La candidose vaginale rougit la peau entourant le vagin. Elle s’accompagne souvent de brûlures et de violentes démangeaisons. La vaginite peut gonfler et faire rougir les lèvres. Elle peut augmenter l’écoulement vaginal, qui est alors épais, blanc et granuleux mais inodore. La miction et les rapports sexuels peuvent être douloureux.
  • En cas de balanite, le pénis peut être rouge, squameux, douloureux au toucher et durant les rapports sexuels.
  • La candidose péri-anale provoque des démangeaisons et des fissures.
  • Les symptômes d’une candidose généralisée

Diagnostic

Un coup d’œil à la peau ou aux muqueuses suffit généralement au médecin pour diagnostiquer une candidose. En cas de doute, il examinera un échantillon au microscope ou l’enverra à un laboratoire pour analyse. S’il soupçonne une candidose systémique, il demandera une analyse de sang spécifique.

Prévenir la (rechute de la) candidose

  • Infection buccale (muguet) : une bonne hygiène buccale des nourrissons est essentielle. Si vous allaitez, mieux vaut vous laver les mains et les mamelons à l’eau tiède avant chaque tétée. Faites bouillir les tétines des biberons une fois par jour et conservez-les à un endroit sec et propre.
  • Infection des mamelons :  utiliser le moins de savon possible ou n'utiliser que du savon acide (savon dont l'acidité Ph est inférieure à 7). Remplacez les coussinets d’allaitement après chaque tétée. Lavez votre soutien-gorge à 60°C et changez-le tous les jours. Laissez vos mamelons sécher à l’air après la tétée. En cas d’infection fongique, évitez de masser votre mamelon avec une goutte de lait.
  • Candidose vaginale : ne vous lavez pas le vagin au savon,  car cela perturbe l'acidité naturelle de votre vagin. Utilisez de préférence de l'eau tiède. N’utilisez pas de désinfectant comme le savon à l'Isobétadine, y compris pendant les infections. Évitez également les douches vaginales. Pour éviter toute lésion des muqueuses du vagin pendant vos rapports sexuels, vous pouvez avoir recours à un lubrifiant. Le sexe oral pourrait accroître le risque d’infection vaginale.
  • Infection cutanée : lavez et séchez soigneusement la peau. Tamponnez-la délicatement au lieu de la frotter énergiquement. Utilisez aussi peu de savon que possible. Vous pouvez éventuellement talquer les plis cutanés des bébés pour absorber l’humidité.

Voir aussi l'article : Hygiène intime des femmes : les sept règles d'or

Traitement

Une infection à Candida est généralement assez anodine et constitue un désagrément plutôt qu'un réel danger. La candidose disparaît souvent spontanément au bout de quelques semaines. Dans certains cas, elle peut être tenace ou récidiver. Un traitement n’est nécessaire que quand les symptômes persistent ou sont handicapants. En cas de candidose sévère ou répétitive, le médecin recherchera le type exact de Candida et tiendra compte d’éventuels traitements antérieurs pour prescrire la médication adéquate. Respectez scrupuleusement la posologie prescrite, le mode d’administration et n’interrompez pas la cure avant son terme.

  • Infection cutanée : un produit asséchant à application locale suffit généralement à guérir une infection cutanée superficielle. Le talc peut être utile également. Il n’agit pas directement contre le champignon mais celui-ci ne peut pas s’étendre sur une peau sèche. En cas de symptômes plus tenaces, le médecin peut prescrire une crème ou une pommade cutanée antifongique comme la nystatine (en préparation magistrale), le miconazol (marque Daktarin) ou le clotrimazol (marque Canestene). Pour combattre une infection sérieuse ou une atteinte des ongles, un médicament à prise orale peut s’avérer nécessaire. Le médecin prescrira un produit associant le miconazol à l’oxyde de zinc (Daktozin) pour soigner la dermatite des langes.
  • Infection buccale : les médicaments contre la candidose buccale sont efficaces. Un traitement local, par bains de bouche ou gel oral à base de miconazol (gel Dactarin) ou de nystatine, peut suffire. Il faut également traiter l’origine du problème : ajustage du dentier, bonne hygiène buccale, nécessité d'enlever la prothèse dentaire la nuit, etc.
  • Infection mammaire : ici encore, on prescrit un traitement antifongique local, à base de miconazol (Dactarin) ou de nystatine. Ces produits peuvent être utilisés pendant l’allaitement.
  • Vaginite : le traitement dépend de la gravité de l’infection et de sa récidive. En cas d’infection aiguë, on préfère un antifongique, par prudence. Les infections récurrentes (quatre fois ou plus par an) sont plus difficiles à soigner. Elles nécessitent généralement un traitement par voie orale de longue durée, de dix à quatorze jours, voire plus. Il est important de poursuivre le traitement jusqu’à la disparition de tous les symptômes.
  • Infection du pénis : le médecin prescrira un traitement similaire à celui de la vaginite, soit une crème ou une pommade antifongique (imidazol) à appliquer sur le pénis, deux fois par jour, pendant une à deux semaines. Certains composants (gras) des crèmes pouvant détériorer le latex des préservatifs et des diaphragmes, ces moyens de contraception ne sont pas efficaces durant le traitement. Il faut attendre trois jours après la fin de celui-ci.
  • Infection péri-anale : il faut éviter les savons à pH acide. La crème s’adapte aux formes peu suintantes et les poudres aux zones très humides.


Régimes

On vante à tort l’efficacité de certains régimes sur la prévention ou le traitement d’une infection au Candida. Selon la littérature scientifique, aucun régime n’a d’influence sur le Candida albicans. Les régimes soi-disant « anti-candida » risquent même de provoquer ou d’aggraver les symptômes, par exemple parce qu’ils ne contiennent que peu ou pas de fruits et de produits laitiers. A terme, ces régimes peuvent entraîner des carences en fibres, en vitamines et en minéraux.

Probiotiques

Les probiotiques peuvent être utiles pendant une cure antibiotique, afin de protéger les bonnes bactéries présentes dans les intestins. Toutefois, aucune étude scientifique n’a démontré leur efficacité pour combattre le Candida. Les probiotiques pourraient accroître l’efficacité des antifongiques oraux (comme le fluconazole) en cas de vaginite, entre autres. 


Voir aussi l'article : Quelle est la différence entre probiotiques et postbiotiques ?

Sources :
www.bcfi.be
www.domusmedica.be
www.huidinfo.nl
www.huidziekten.nl



Dernière mise à jour: avril 2024

Vous voulez recevoir nos articles dans votre boîte e-mail ?

Inscrivez-vous ici à notre newsletter.

vous pourrez vous désinscrire quand vous le souhaiterez
Nous traitons vos données personnelles conformément à la politique de confidentialité de Roularta Media Group NV.
volgopfacebook

volgopinstagram