Les postbiotiques comme arme contre le cancer du côlon et autres maladies de civilisation

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livres Les probiotiques et prébiotiques sont connus depuis longtemps du grand public grâce à leur bonne réputation dans la fonction intestinale. La recherche scientifique s'intéresse de plus en plus aux « postbiotiques ». Kim De Paepe, chercheuse postdoctoral au Centre d'Écologie et de Technologie Microbiennes (CMET) de l'université de Gand, nous explique ce que sont exactement les postbiotiques et comment ils peuvent contribuer à la lutte contre l'obésité, les allergies, le cancer du côlon et d'autres maladies de civilisation.

Que sont les postbiotiques ?

« Il existe diverses définitions dans la littérature scientifique, mais afin de rationaliser la recherche scientifique et de faciliter la commercialisation des postbiotiques, l'Association scientifique internationale des probiotiques et prébiotiques (ISAPP) a fourni la définition consensuelle suivante : « Une préparation de micro-organismes inanimés ou de leurs composants qui confère un avantage pour la santé de l'hôte ». En d'autres termes, les postbiotiques contiennent des micro-organismes non vivants ou des composants de cellules microbiennes avec ou sans métabolites qui contribuent à la santé. Le concept de postbiotique n'est pas nouveau et des recherches sur les effets sur la santé des micro-organismes morts, également appelés paraprobiotiques, métabiotiques, probiotiques syndiqués ou lysats bactériens, sont menées depuis de nombreuses années. »

Pourquoi les postbiotiques sont-ils intéressants ?

« La diversité des micro-organismes vivant dans et sur le corps humain est immense. Le microbiote intestinal, par exemple, la communauté de bactéries qui vit dans nos intestins, se compose d'environ 100.000 milliards de bactéries, ce qui est comparable au nombre de cellules humaines qui composent notre corps. Chaque personne a sa propre composition caractéristique de bactéries intestinales comprenant environ 160 espèces différentes. Selon une estimation prudente, la population humaine totale contiendrait plus de 1500 espèces différentes de bactéries intestinales. Cette grande diversité correspond à une grande diversité de fonctions remplies par les bactéries intestinales. Elles fournissent à l'homme un supplément d'énergie et des nutriments essentiels, entraînent le système immunitaire, renforcent la barrière intestinale, protègent l'homme contre les germes, influencent l'équilibre hormonal et, de cette manière, contrôlent et régulent de nombreux processus biologiques dans notre corps. 

Cependant, les changements récents des facteurs environnementaux ont eu un impact sur le microbiote intestinal et donc sur les fonctions assurées par celui-ci. Les naissances par césarienne, par exemple, mais aussi l'utilisation croissante d'antibiotiques, une alimentation déséquilibrée (riche en graisses et pauvre en fibres) et une hygiène excessive. Ces changements sont associés à des pathologies telles que les allergies, l'obésité, le diabète de type 2, le syndrome métabolique, le cancer du côlon et les maladies inflammatoires de l'intestin comme la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse et le syndrome du côlon irritable. »

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Les postbiotiques dans l'alimentation peuvent-ils combattre ces maladies ?

« Bien que la recherche sur les postbiotiques n'en soit qu'à ses débuts, l'efficacité des postbiotiques a déjà été démontrée dans certains essais cliniques sur de petites populations d'étude. Un exemple est la souche MIMBb75 de Bifidobacterium bifidum inactivée par la chaleur qui soulage les symptômes du syndrome du côlon irritable. Un autre exemple est la recherche menée en Belgique (Pr. Cani, UCLouvain). Une protéine membranaire (Amuc 1100) provenant de la bactérie intestinale Akkermansia muciniphila renforce la barrière intestinale, réduit l'inflammation, diminue la résistance à l'insuline et réduit la masse grasse chez la souris. Les mêmes effets ont également été obtenus avec l'Akkermansia muciniphila pasteurisée (inactivée par la chaleur). En raison de ces dernières propriétés, ces produits sont actuellement testés pour traiter les patients souffrant d'obésité et de diabète de type 2. »

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« Il y a encore beaucoup d'autres recherches en cours. Par exemple, dans notre laboratoire, nous étudions actuellement la manière dont nous pouvons associer les postbiotiques à la fermentation naturelle des aliments.  L'avantage d'une telle combinaison est que nous disposons immédiatement d'un matériau porteur, c'est-à-dire la matrice alimentaire telle qu'un pain, pour protéger les postbiotiques pendant la digestion dans l'estomac et l'intestin grêle et pour les délivrer au gros intestin de manière ciblée.

Pour nos recherches, nous travaillons avec des réacteurs représentatifs, entièrement contrôlés, qui imitent le système digestif humain, y compris le microbiote intestinal. En outre, nous disposons de modèles pour cultiver des cellules humaines. Cela nous permet de découvrir le mécanisme d'action des postbiotiques (mais aussi des pro-, pré-, antibiotiques, médicaments et autres produits alimentaires) et de déterminer leurs effets sur le microbiote intestinal et les cellules humaines.

En résumé, les postbiotiques ouvrent des perspectives dans la lutte contre les maladies de civilisation, mais leur mise sur le marché nécessite un cadre législatif et une étude plus approfondie des résultats prometteurs. Des recherches scientifiques approfondies sont également nécessaires pour exploiter pleinement le potentiel extraordinaire, jusqu'ici inexploré, de nos micro-organismes. »

Sources
nature.com
nature.com

auteur : Sara Claessens - journaliste santé

Dernière mise à jour: décembre 2022

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